2- Les pouvoirs en pays tem au temps
précolonial
La migration des Mola de Tabalo vers leurs sites actuels avait
donné naissance à deux types de pouvoirs qu'on rencontre en pays
tem avec bien évidemment à la tête le pouvoir
suprême du Tchaoudjo.
En effet, Le royaume tem du Tchaoudjo est un royaume
bien organisé sur le plan politique.
Ainsi, pour postuler au pouvoir en pays tem, il faut
avoir rempli un certain nombre de conditions. Mais, ces conditions varient
selon les pouvoirs.
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2-1. Le pouvoir suprême du Tchaoudjo
Rappelons que le pouvoir suprême du Tchaoudjo avait
été instauré par les sept villages du clan mola. Il s'agit
de Kpangalam, Tchavadi, Kadambara, Birini, Komah, Yélivo et Kparatao.
Cette forme d'organisation existait chez les Tem bien
avant la pénétration allemande. Ce qui n'était pas le cas
chez leurs voisins kabiyè.
En effet, tout postulant au poste de ouro-esso doit
être du clan mola appartenant à l'un ou à l'autre des sept
villages constitutifs du royaume. Le postulant doit être apte sur le plan
physique. Il doit avoir une bonne moralité, doit être un enfant
légitime1. De plus, il doit jouir d'une certaine
popularité. Ainsi, tout postulant qui remplit toutes ces conditions
peut-être considéré comme porteur de bonheur et de
prospérité pour le royaume.
De plus le pouvoir est rotatif sans qu'on puisse
désigner deux souverains successifs dans le même village
ou lignage. Ceci sous l'arbitrage du clan daro2 de Tchalo.
Cependant, il n'existe pas de procédure de
détrônement3 comme c'était le cas dans les
autres contrées d'Afrique notamment chez les Tchagga en
Tanzanie4 où le chef peut-être déposé par
l'assemblée des guerriers, c'est-à-dire par des hommes
âgés de trente à quarante-cinq ans s'il violait la
coutume.
Autrement dit, si le chef pose un acte qui est contraire
à la loi coutumière, la pénalité qu'il en court,
c'est celle de perdre son pouvoir.
1 - C'est-à- dire un enfant né d'un
père et d'une mère connus ou qui ne soit pas un enfant
bâtard.
2 - Autrefois c'était le clan Nawo qui
élisait les souverains du Tchaoudjo. Mais suite au
problème qui avait existé entre les Nawo et les Mola concernant
la cour qu'un Nawo aurait faite à la femme de Ouro Koura, ce pouvoir
était revenu au clan daro. Ceux aussi se verront ravir le même
pouvoir suite à leur mauvaise conduite à l'endroit des Mola.
Actuellement, c'est le clan nawo qui joue ce rôle.
3 - C'est le même rôle que joue dans
les démocraties modernes à l'instar de la Cour Constitutionnelle
au Togo ou le Conseil d'Etat en France etc.
4 - Encyclopoedia Universalis, 1975, vol 13, p237.
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Ce pouvoir relève de cette assemblée qui est
composée des hommes sages, supposés capables d'assumer cette
lourde responsabilité.
Par ailleurs, il en est de même chez les Bemba en Zambie
où le Citimukulu (chef) devait tenir compte de l'avis de quarante
conseillers héréditaires les plus anciens et chargés de
certains rites indispensables à l'exercice du pouvoir, avant de prendre
une décision sous peine d'être déposé par ces
derniers1.
Le chef du Tchaoudjo prenait le titre de ouro-esso ou
souverain et il a droit de vie et de mort sur son peuple. De l'avis de
notre informateur Ouro-Touh Adam2, le chef prend le titre de
ouro-esso car il est considéré comme le
représentant de Dieu sur la terre et de ce fait, il doit être
loué par son peuple comme les fidèles le font à
l'égard de Dieu. Le nouveau souverain recevait son investiture
des mains du chef de Tabalo qui est considéré comme son
père.
Le choix du chef de villages obéit aussi à des
règles plus particulières aux villages.
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