1-2. Les causes de migration de Tabalo
D'après certains chercheurs et la tradition orale,
plusieurs causes ont contribué à déclencher le
départ des Mola vers les plaines fertiles de la Kara et du Mô. Les
premiers qui auraient quitté Tabalo furent les Mola suivis par les Koli,
les Nawo et les Louwo2 .
On retient les causes naturelles, économiques et
démographiques.
1-2-1. Les causes naturelles
Tabalo était un village situé sur le mont
Malfakassa. A cet effet, avec ses fréquents éboulis de roches, il
constituait un danger pour la population. De plus d'après notre
informatrice3, le site était infesté d'animaux
féroces tels que les lions, panthères, chacals et des serpents
venimeux.
Pour éviter tout danger, les populations ont dû
émigrer vers la plaine. En dehors des causes naturelles, il y a les
causes économiques qui ont affecté les populations.
1 -Entretien avec Agodomou Adam, chef du canton de
Wassarabou, du 14-08-06.
2 Voir Banna (Isso-Mollah), 1989, p21
3 Entretien avec Ouro-Gbélé
Filératou du 31-12-05
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1-2-2. Les causes économiques
Les surexploitations des petites parcelles de terres
cultivables, disponibles autour du village, avaient entraîné
l'épuisement rapide des surfaces cultivables. Les habitants
étaient obligés de parcourir journellement de très longues
distances afin de trouver de nouvelles terres vierges. Evoquant les mêmes
causes, Gayibor1 écrit : « Très tôt,
sans doute pour des raisons économiques et stratégiques les Mola,
suivis de certains clans, ont essaimé à travers la plaine, vers
l'est et le nord »
Pour raison de proximité, ils durent quitter le lieu et
se rapprocher davantage de leurs champs.
La croissance rapide de la population n'était pas sans
conséquence.
1-2-3. Les causes démographiques
La population en croissance rapide, l'afflux incessant au fil
des années des clans étrangers, en particulier les artisans
Louwo, eurent pour conséquence, le surpeuplement du site qui
s'avéra bientôt exigu. Les places pour construire de nouvelles
habitations devenaient rares. Les habitants abandonnèrent le site en
quête des espaces plus vastes où ils se sentiront bien
aisés en ayant de vastes portions pour se bâtir de nouvelles
habitations.
Il n'est pas donc possible d'affirmer avec P. Alexandre et
J.C. Froelich2 que : « les razzias d'esclaves
étaient la cause certaine de ce départ », ni avec
Léo Frobenius3 qui soutint la même thèse en ces
termes : « Un jour, venus de l'ouest, les Tchokossi, avec les Wangara
à leurs trousses, pénétrèrent dans le pays et le
peuple Tabalo fut ainsi dispersé », étant donné
qu'on sait que Tabalo était un site de montagnes inaccessibles aux
cavaliers esclavagistes.
1 -Gayibor NL (ss la dir), 1997, p116.
2 -Cités par Banna (Isso-Mollah), 1989, p22
3 -Frobénuis (Léo), 2002, p431
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De plus, les Mola ne se seraient pas installés dans les
plaines de la Kara et du Mô s'ils avaient été
chassés de Tabalo par des raids esclavagistes, car la plaine n'offrait
aucune garantie sur le plan de la sécurité.
On ne peut pas admettre non plus avec le capitaine
Sicre1 qui soutient que : «les populations étaient
descendues dans la plaine que du jour où la présence
européenne avait garanti la paix dans le milieu », car cette
migration s'était produite bien avant la pénétration
européenne dans l'hinterland plus précisément dans le
royaume sous le règne de Ouro-Djobo Boukari de Paratao en mai
18892.
Cependant, toutes les causes défendues par la tradition
orale nous semblent crédibles d'autant plus que la plupart des Tem sont
des agriculteurs et de ce fait, ils ont plus besoin des terres fertiles pour
leurs diverses cultures.
L'occupation de nouveaux sites s'est faite de façon
progressive et aboutit finalement à la naissance du royaume.
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