2- L'économie du royaume
L'économie traditionnelle du royaume était
basée à la fois sur l'agriculture et le commerce. Le commerce
était fondé sur le transit des esclaves destinés à
l'exportation. Mais le secteur artisanal n'était pas à
négliger.
La population tem était une population de travailleurs.
Le royaume regorgeait de talents en ce qui concerne les travaux manuels.
On y trouvait les agriculteurs, des éleveurs, des
forgerons de même que des artisans.
2-1. L'agriculture.
En milieu foncièrement traditionnel, l'agriculture
était la principale activité des Kotokoli. C'est d'elle qu'ils
tiraient l'essentiel de leurs moyens de subsistance. Les cultures
vivrières de premier plan sont le mil et l'igname. Les techniques
agricoles restent toujours rudimentaires. L'agriculture ne connaît pas la
mécanisation. La houe, le coupe-coupe, la daba, restent toujours les
outils les plus utilisés.
Les 80% environ des produits agricoles sont consommés
en milieu traditionnel par la population elle-même. Cette agriculture
n'était pas aussi développée qu'en pays Bassar et
n'utilisait pas l'engrais comme en pays kabiyè. Ainsi, Léo
Frobénius1 l'a si bien remarqué lorsqu'il écrit
en ces termes : « L'agriculture prospère, mais je ne crois pas
avoir remarqué les récoltes aussi importantes qu'en pays
bassar...Je n'ai jamais vu au pays tem une fosse d'engrais comme en
possède chaque ferme kabiyè.»
1 -Frobénius Léo, 2002, p442.
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L'élevage joue un rôle non négligeable dans
l'économie du royaume.
2-2. L'élevage
Il concerne surtout la volaille tels les poulets, les pintades
et le petit bétail tels les moutons et les chèvres. Quant au gros
bétail, celui-ci était entièrement confié au Peul
qu'on retrouve dans presque toutes les localités de la région.
Pour ce faire, il n'existe aucun contrat entre le
propriétaire et le Peul. Il existe cependant une sorte de «
convention » entre eux. Celle-ci consiste à faire
bénéficier le gardien peul d'un veau sur trois ou quatre que la
vache donnera. En outre, le lait qu'on extrait tous les jours revient de plein
droit au peul. Les femmes peulh commercialisent ce lait en vue de trouver des
fonds pour quelques dépenses du ménage. Les tem étaient
aussi de braves guerriers grâce à leurs équipements qui
sont pour la plupart fabriqués sur place.
2-3. La forge.
C'est une activité pratiquée par certains clans
dont les plus connus sont les Koli et les Dikéni. Ces
forgerons1 jouèrent un rôle de second plan dans la
militarisation du Tchaoudjo. Ils fabriquaient des fusils traditionnels que les
guerriers du royaume utilisaient dans leurs divers combats.
C'est une profession héréditaire en quelque
sorte puisque les enfants issus des parents forgerons ont la forte chance de
devenir à leur tour forgerons. Ces forgerons tem s'approvisionnaient en
fer de Bangeli en pays Bassar.
Hormis leur rôle de forgerons, les Koli sont aussi de
véritables guerriers d'où leur slogan: « Quand il y a la
guerre, nous prenions toujours le devant »2.
1 -le forgeron se dit en tem « Kolou »,
pluriel « Kolinaa ». Les Dikéni ont leur fief à Kolina.
Koloundè (Pluriel Kolinaadè) signifie « Chez le ou les
forgeron (s)».
2 - Ouro-Djéri, 1989, p29.
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Ceci suppose que la forge était aussi bien l'apanage
des Koli que des Dikéni.
Le royaume était réputé aussi pour ses
produits artisanaux convoités tant par les autochtones que par les
étrangers.
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