1-2. L'organisation politique du royaume
A la tête du royaume du royaume se trouve ouro-esso
(Chef-dieu). Celui-ci est assisté dans ses tâches par un
nombre important de notables. Ceux-ci sont pour la plupart chefs des autres
villages constitutifs du royaume et des personnages sages proches du
souverain. Il existait selon le terme moderne une forme de gestion
« déconcentrée » du pouvoir royal. Ce qui signifie que
certains pouvoirs étaient légués aux chefs locaux sous
l'oeil attentif du souverain. Ces chefs locaux doivent rendre compte
de leur gestion à celui-ci. Ceci étant, le pouvoir du
souverain était absolu. Il sillonnait de temps en temps les
villages, réglait les conflits mineurs sur place et recensait les
problèmes complexes qui seront traités plus tard au palais royal.
Le souverain ne marche pas2. Il est transporté
chaque fois par les populations du village de départ pour une autre
destination et ceci à tour de rôle3.
1 - Il fut l'un des musulmans prosélytes qui
prêchèrent la nouvelle religion dans la région.
2 - A l'origine, on transportait le souverain pour
ses voyages. Avec l'arrivée des chevaux, il n'est plus
transporté, mais il va à cheval et toute son escorte l'accompagne
à pied.
3 - C'est-à-dire que le souverain est
transporté par les habitants du village de départ pour un autre
village. De la même manière, les habitants du village suivant
prennent la relève ainsi de suite jusqu'à son retour au palais
royal.
Douze souverains1 connus et nommés
ont dominé la vie politique du royaume des origines à 1914. Les
règnes qui ont plus marqué le royaume sont entre autres celui de
Ouro- Koura qui accéda au trône après la mort de Ouro
Akoriko de Komah. En effet, celui-ci permit la victoire du Tchaoudjo dans le
second conflit Komah-Agoulou que nous verrons plus tard, grâce au
rôle militaire qu'il avait joué. Sous son règne, le village
Birini était entouré d'une muraille comme c'était le cas
d'Agokoli à Notsè. Ceci à cause des conflits qui les
opposaient aux
populations d'Alibi sur les problèmes fonciers. Ainsi
le village s'appelait Tchoboto qui signifie « village
fortifié ».
Ce souverain a régné sur le royaume
durant quatre vingts ans. C'est le règne qui a le plus duré dans
l'histoire du royaume tem du Tchaoudjo. A l'époque, les
commerçants haoussa sillonnaient la région et étant
donné que Tchoboto signifiait en langue haoussa «
Birini », cette appellation haoussa supplanta celle des tem
et le village garda jusqu'à aujourd'hui le nom Birini.
Celui qui a aussi marqué l'histoire du royaume
était Ouro-Djobo Boukari de Kparatao. En effet, celui-ci en cooptant les
mercenaires djerma et en ayant la faveur des Allemands, avait dominé
toute la région. Son règne ne dura que neuf ans. Il est à
l'origine de la sédentarisation du pouvoir royal du Tchaoudjo à
Kparatao2. Rappelons que le royaume a connu justement son
apogée sous son règne.
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1 - Pour toute la liste des souverains du
Tchaoudjo voir Annexe I, p III.
2 - Alexandre P., 1963, p263.
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Liste des souverains du Tchaoudjo des
origines à 1914 (Barbier, 1995 : 126)
1- Ouro-Agoro Dam de Kpangalam (1785-1805)
2- Ouro-Bangna Tcha-Ali de Tchavadi (1805-1825)
3- Ouro Takpara de Kadambara (1825-1845)
4- Ouro Akoriko de Komah (1845-1865)
5- Ouro Koura de Birini (1865-1880)
6- Ouro -Djobo Boukari dit sémôh de
Kparatao (1880-1889)
7- Ouro - Djobo Tchadjobo de Kparatao (1897-1901)
8- Ouro - Djobo Tchagodomou de Kparatao (1901-1906)
9- Ouro - Djobo Bouraïma de kparatao (1906-1924)
Les auteurs comme Gayibor1, Ouro-Djéri
estiment que le septième et le huitième ouro-esso
étaient destitués par les Allemands sans toutefois
préciser les raisons de leur destitution.
Cependant, d'après nos enquêtes, il ressort que
les règnes des quatre souverains qui se sont
succédé à Kparatao ont été
éphémères à cause de la violation de la loi
coutumière de désignation du souverain du Tchaoudjo par
ce village royal. Ceci s'explique par le fait que d'une part, Kparatao avait
usurpé le pouvoir qui normalement devait revenir à Yélivo
et d'autre part, par la sédentarisation du pouvoir royal du Tchaoudjo
dans ledit village.
Ces deux évènements sont contraires à la
loi coutumière qui stipule que le pouvoir doit être rotatif sans
qu'on puisse désigner deux souverains dans le même
village ou lignage.
Si nous analysons la durée par règne, nous
constatons évidemment qu'elle devînt plus ou moins courte avec
l'accession au pouvoir de Ouro-Djobo Boukari. Ceci étant, les
informations recueillies de la tradition orale nous expliquent mieux la
situation.
1 - Gayibor NL (ss la dir), 1997, p352
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La prospérité du royaume s'explique aussi par
ses activités économiques.
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