CONCLUSION
En définitive, Gadaou était l'ancêtre du
clan mola, originaire du pays gourma. Il s'était installé dans la
zone montagneuse à Tabalo. Par la suite pour des raisons d'ordre
naturel, économique et sociodémographique, les populations
émigrèrent vers les plaines de la Kara et du Mô.
Cependant, les incursions des esclavagistes
évoquées par certains auteurs nous paraissent injustifiables car
la plaine n'offrait aucune garantie sur le plan de la sécurité.
Cette migration s'était faite par étape donnant naissance
à des villages, qui à leur tour allaient constituer le royaume
tem du Tchaoudjo.
D'une manière générale, le pays tem
comportait deux types de pouvoirs. Des règles bien définies,
régissaient la désignation de tout nouveau souverain.
Mais, ces règles furent violées à deux
reprises en ce qui concerne le pouvoir suprême du Tchaoudjo : d'une part,
par Ouro-Djobo Boukari1 de Kparatao et d'autre part, par
Komah2.
Le royaume tem du Tchaoudjo a su garder son
intégrité et son influence sur les autres peuples de la
région grâce à son organisation politique et
économique.
1 - Dit « Sémôh »
qui a voulu rendre héréditaire la chefferie suprême du
Tchaoudjo à Paratao. Cinq chefs se sont succédé de 1880
à 1948 dans le compte du seul village Kparatao. Tout ceci grâce au
soutien incontestable des Allemands.
2 - Deux chefs se sont succédé de
1949 à 1994 dans le compte de Komah. Après le départ en
exil de Ouro Issifou Ayéva en 1960, la régence fut assurée
par ses fils. D'abord, par Ayéva Fousséni, puis par Koura Foudou
Ayéva qui devint plus tard douzième et dernier Souverain du
Tchaoudjo.
35
Chapitre 3 : L'ORGANISATION POLITIQUE ET ECONOMIQUE DU
ROYAUME
Introduction
Rappelons que les villages constitutifs du royaume furent
fondés par les Mola avec l'appui des populations
autochtones1. Comme toute organisation étatique, le royaume
tem du Tchaoudjo était bien organisé sur les plans
social, politique et économique. La plupart des communautés
qu'elles soient autochtones ou allogènes occupèrent des fonctions
spécifiques dans le royaume.
1- Structure socio-politique du royaume
A l'instar de la Confédération de Délos
dans l'antiquité grecque où Athènes avait joué un
rôle pilote, Kparatao aussi va jouer le même rôle dans le
royaume tem du Tchaoudjo. Ceci n'a pu être possible que grâce au
charisme et à la forte personnalité de Ouro-Djobo Boukari qui fut
le sixième ouro-esso du royaume.
1-1. L'organisation sociale du royaume
Pour ce qui est de l'organisation sociale, notons que le
royaume était composé d'une population
hétérogène2 où il y a le brassage entre
les clans. Chaque clan avait son rôle spécifique qu'il joue dans
la société. Ainsi, seuls les Mola pouvaient-ils accéder au
poste de ouro-esso.
Les Nawo d'abord et ensuite les Daro jouèrent un
rôle essentiel d'arbitrage. Depuis l'origine du royaume, le droit du
choix du souverain fut détenu par le clan nawo. Mais au cours
du règne de Ouro-Koura de Birini, un Nawo aurait fait la cour à
une des femmes du souverain. Cet acte leur fit perdre leur rôle
d'arbitrage au profit du clan daro3.
1 - Gayibor NL (ss la dir), 1997, p351
2 - C'est-à-dire une population composée
de plusieurs clans.
3 - Entretien avec Ouro-Doni Fousséni, notable
du chef de Birini, du 16-08-06.
36
Les Touré Safara1 de leur côté
furent à l'origine de l'introduction de l'Islam dans le
royaume2. Ces Touré Safara avec les Traoré et les
Fofana ont seuls droit à l'imamat.
Par ailleurs les Issa Touré originaires de Sokoto
s'occupent seulement de la fonction de Malwa-ouro3.
Celui-ci intervient conjointement avec les Tchakpindé4 pour
nommer l'imam5 grâce à son rôle social car d'une
part, il est le chef des musulmans et d'autre part, il est
considéré comme la première autorité religieuse. En
cela, Malwa-ouro est supposé maîtriser les prescriptions
divines qui régissent la religion et en cela constitue une personne
ressource pour la nomination de l'imam.
De la même manière, les Tchakpindé furent
les plus anciens et de ce fait, sont censés trancher entre les trois
clans (Touré, Fofana et Traoré) dans le choix de l'Imam.
Les Tchakpindé en tant que doyens de Didaouré
restent très puissants grâce à leurs connaissances des
rites traditionnels de protection.
En ce qui concerne la religion, les mola étaient
animistes à leur arrivée dans le royaume. L'Islam ne gagne le
royaume qu'avec l'arrivée des étrangers notamment les
Touré au cours du XIXè siècle.
En effet avec l'arrivée au pouvoir de Ouro-Djobo
Boukari et surtout après sa conversion à l'Islam, il voulut
l'imposer comme religion d'état6.
La conversion de Ouro-Djobo Boukari à l'Islam peut
s'expliquer d'une part, par l'afflux des étrangers musulmans dans le
royaume. A cette époque, le Tchaoudjo connut pour la première
fois une religion monothéiste.
1 - Ils sont actuellement détenteurs du premier Livre
Saint (le Coran) qu'ils héritent de leurs ancêtres et ont
actuellement dans leur concession, la première mosquée de
Didaouré.
2 - Ils possèdent jusqu'à nos jours le
premier Coran de leurs ancêtres et ont dans leur concession la
première mosquée de Didaouré.
3 - Signifie le chef des musulmans.
4 -Ancêtre venu de Dosso (Niger) et fondateur de
Didaouré.
5 - Barbier JC et Klein B, 1995, p30.
6 - Gayibor NL (ss la dir), 1997, p347.
37
D'autre part, après la guerre Kparatao-Yélivo,
le souverain sollicita auprès de Adam Méatchi un expert
en Islam (Alpha) pour prêcher à son peuple la nouvelle
religion.
Par ailleurs, on note aussi l'influence de son frère
Abdulai Apu Traoré1. Ces évènements auraient
contribué énormément à la conversion Ouro
Djobo.
Cette époque marqua le rayonnement de l'Islam ainsi que
l'apogée du royaume.
La vie politique du royaume est d'une importance capitale.
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