5.2. Structure en diamètre et en hauteur
La forme classique de la structure d'un peuplement
inéquienne ou multispécifique est caractérisée par
une fréquence élevée de jeunes individus dans les petites
classes de diamètre et une diminution progressive des individus au fur
et à mesure que le diamètre devient grand (Glèlè
Kakaï, 2010). L'analyse de la structure en diamètre du peuplement
arborescent des forêts classées de Bonou et
d'Itchèdè révèle une distribution exponentielle
négative caractérisée par plus d'individus de petits
diamètres et moins d'individus de gros diamètre. Cette structure
est régressive. Cette forme de distribution de diamètre rejoint
celle des forêts denses tropicales humides (Rollet, 1974). Dans les
peuplements inéquiennes, les arbres présentent souvent des
canopées différentes constituant des strates (Olivier &
Larson, 1996). La distribution en hauteur devrait être similaire à
la distribution en diamètre dans ce type de peuplement, mais moins
variable que cette dernière. Les forêts classées de Bonou
et d'Itchèdè présentent une distribution en hauteur
exponentielle négative, avec plus d'arbre de petites tailles que de
grandes tailles. Mais, la distribution en hauteur des arbres d'une formation
naturelle présente globalement une forme gaussienne qui peut être
asymétrique selon les conditions de vie du peuplement (Glele Kakaï,
2010), ce qui n'est pas le cas dans les forêts classées de Bonou
et d'Itchèdè. Les forêts de Bonou et
d'Itchèdè possèdent donc une bonne capacité de
régénération.
Cola millenii dans les forêts de Bonou et
d'Itchèdè présente une distribution en diamètre
comme en hauteur de forme exponentielle décroissante ou en diminution
régulière des effectifs avec les classes de diamètre et de
hauteur. Selon Pascal (2003), ce type de distributions
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est caractéristique des espèces sciaphiles,
tolérant l'ombre. On la retrouve aussi bien chez les espèces qui
passent tout leur cycle en sous-bois (les diamètres maximaux sont alors
peu importants) que chez celles qui commencent leur développement en
sous-bois et le terminent au niveau de la canopée, atteignant ainsi de
forts diamètres (Pascal, 2003). Dialium guineense a
également une distribution en diamètre de forme exponentielle
décroissante dans les deux forêts. Cela se justifie par le fait
que l'espèce tolère l'ombrage. Par contre Dialium guineense
dans les deux forêts étudiées présente une
distribution en hauteur en forme de cloche et on note une décroissance
des effectifs quand la hauteur augmente même si cette décroissance
est faible dans la forêt d'Itchèdè. La structure en forme
de « J renversé » est la juxtaposition d'un certain nombre de
courbes en cloche formée à partir des événements de
régénération individuels et réguliers pour les
espèces adaptées à leurs conditions stationnelles. En
forêts naturelles, la structure en forme de cloche typique est due
à une régénération sporadique, du fait de la
non-adaptation des espèces aux conditions stationnelles (Geldenhuys,
2010).
La structure en diamètre et en hauteur de Afzelia
africana dans la forêt de Bonou présente une structure en
« J renversé », caractérisée par un plus grand
nombre de petits arbres que de grands arbres, et une réduction
progressive du nombre d'arbres d'une classe à la suivante. En
s'intéressant à la structure en diamètre et en hauteur de
Afzelia africana dans la forêt d'Itchèdè, on
remarque qu'elle est caractérisée par une distribution en cloche
et par un effectif plus important des individus de classes de diamètres
intermédiaires. Ces différences entre classes de diamètre
pourraient être dues à des irrégularités de
fructification de l'espèce. Ceci peut aussi s'expliquer par la
croissance différentielle de certains pieds d'arbres et à la
concurrence dans les groupes du fait des mauvaises conditions du milieu pour la
régénération (Geldenhuys, 2010). Cela entraîne donc,
une irrégularité de la succession des vagues de
régénération (Geldenhuys, 2010). Ce qui peut s'expliquer
par une interruption temporaire de la régénération
(conditions du milieu devenant défavorables) du fait d'une
récolte excessive, de dommages directs aux semis ou de l'absence
d'agents de pollinisation ou de dissémination (Peters, 1994). De telles
distributions ont été observées par Sokpon & Biaou
(2002) dans la forêt classée de Bassila, Sinsin et al. (2004) dans
les différentes zones climatiques du Bénin, notamment chez
Afzelia africana. Les espèces fidèles à ce type
de distribution sont dites déstructurantes car menacées de
disparition dans les peuplements (Sokpon & Biaou, 2002). Geldenhuys (2010)
fait des observations similaires en parlant de croissance différentielle
et de mortalité des jeunes tiges due à la concurrence entre les
individus et aux mauvaises conditions du milieu. Ces constats sont identiques
à ceux effectuées par Sinasson (2010) dans
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les forêts naturelles d'Itchèdè-Toffo
(Sud-Bénin) et Hounkpèvi (2010) dans les groupements
végétaux des secteurs forestiers de Massi et Koto de la
forêt classée de la Lama (Sud et centre-Bénin).
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