5. Discussion
5.1. Caractéristiques dendrométriques des
forêts étudiées
La densité moyenne globale présente une
différence significative entre les forêts de Bonou et
d'Itchèdè. La densité moyenne globale de la forêt
classée de Bonou (316 tiges/ha) est relativement plus
élevée que celle de la forêt classée
d'Itchèdè (171 tiges/ha). Comita et al. (2007) trouvent
que plus le nombre d'individus reproducteurs est élevé, plus la
densité globale est élevé. La valeur de densité
relativement faible observée dans la forêt classée
d'itchèdè pourrait s'expliquer par une faible présence
d'individus reproducteurs due aux exploitations illicites organisées par
les populations riveraines de cette forêt.
La densité moyenne des populations de Cola
millenii, de Dialium guineense et de Afzelia africana,
présente une différence non significative entre les forêts
classées de Bonou et d'Itchèdè. La densité moyenne
de Cola millenii dans la forêt classée de Bonou (4,18
tiges/ha) est très faible par rapport celle dans la forêt
d'Itchèdè (11 tiges/ha). Etant donné que la densité
globale de régénération de la forêt de Bonou (254
tiges/ha) est relativement plus élevée que celle de la
forêt d'Itchèdè (153 tiges/ha), la différence de
densité ainsi constatée entre les deux forêts serait
liée à l'insuffisance de la lumière qui entraverait la
survie de l'espèce dans le sous-bois (Gourlet-Fleury, 1998).
Contrairement au Cola millenii, la densité moyenne de
Dialium guineense dans la forêt de Bonou (8 tiges/ha) est
relativement supérieure à celle dans la forêt
d'Itchèdè (6 tiges/ha). Ceci est d'autant plus normal que la
forêt de Bonou est moins dégradée que la forêt
d'Itchèdè. La densité moyenne de Afzelia africana
est relativement plus élevée dans la forêt
classée de Bonou (2,54 tiges/ha) que dans celle d'Itchèdè
(1,8 tiges/ha), ce qui est comparable à la densité moyenne (2,8
tiges/ha) trouvée par Bonou (2007) dans la forêt de Lama. La
différence de densité entre les deux forêts est due au
faite que la forêt de Bonou est moins dégradée que la
forêt d'Itchèdè. Mais, il est à remarquer que la
densité moyenne de Afzelia africana est relativement faible
dans les deux forêts. Cela se justifie par le fait que le recrutement des
populations de l'espèce est difficile (Sokpon et Biaou, 2002). De plus,
l'espèce a un faible pouvoir de rejet, de sorte que la destruction de la
partie aérienne (par les feux ou par les animaux) entraîne la mort
chez la plupart des individus de l'espèce (Bationo et al., 2001). Selon
Hubbell et Foster (1986) cités par Herrero-Jáuregui (2012), une
espèce peut être considérée comme rare en
forêt lorsque sa densité est inférieure à un
individu par ha. Plusieurs espèces commerciales répondent
à ce critère (Schulze et al., 2008, cité par
Herrero-Jáuregui, 2012). D'après nos résultats, aucune des
espèces de valeur étudiées ne peut être
considérée comme rare dans notre zone d'étude.
![](Caracteristiques-structurales-et-ecologiques-des-forts-de-Bonou-et-d-Itchede-au-sud-est-du-B71.png)
33
La structure d'un peuplement est le reflet d'un
dépassement en hauteur, d'une suppression et d'un encombrement des
individus les plus faibles par les individus les plus vigoureux (Rondeux,
1999). Etant donné que le couvert est beaucoup plus dense dans la
forêt de Bonou, les individus de Cola millenii ne
possédant pas une grande capacité de dominance se trouvent
ralentis dans leur croissance (Brower et al., 1990). Ce qui fait qu'on note un
diamètre moyen et une hauteur moyenne de Lorey relativement plus faible
dans la forêt de Bonou que dans la forêt d'Itchèdè.
Aussi, cette relative densité de la forêt de Bonou limite la
croissance en diamètre et en hauteur de Afzelia africana.
Salomon (1998) décrit ce phénomène dans son étude
sur la structure spatiale d'une population de Spirotropis longifolia
en forêt guyanaise et conclut que ces espèces ont des
diamètres quadratiques significativement petits, tandis que les autres
espèces voisines ont des diamètres importants. Ces derniers
semblent se maintenir en canopée. Ils sont alors autant de «
voisins gênants » compétitifs, en termes d'accès
à la lumière (Gourlet-Fleury 1998).
|