4.1.2. Après 1990 (date de mise en place de la
monnaie élèctronique)
A partir des années 1986-1987 et suite au processus de
la libéralisation financière qui a été
initiée dans le cadre d'un Plan d'Ajustement Structurel
(PAS)8 élaboré par le Fonds
Monétaire
8 Le P.A.S.: Plan d'ajustement structurel est un
programme de réformes économiques que le Fonds
monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale mettent
en place pour permettre aux pays touchés par de grandes
difficultés économiques de sortir de leur crise
économique. Il s'agit d'un ensemble de dispositions dont certaines
agissent sur la conjoncture et d'autres sur les structures et qui
résultent d'une négociation entre un pays endetté et le
Fonds monétaire international (FMI) pour modifier le
fonctionnement économique du pays (le FMI conditionnant son aide
à la mise en place de réformes qu'il considère
pérennes).
International (FMI), le système financier tunisien
semble régénérer une période nouvelle empreinte de
dynamique, de propension à l'innovation financière et à
l'amélioration du produit financier.
C'est-à-dire il a subi des profondes mutations qui ont
touchés toutes ses institutions. Ces mutations ont été
basées sur plusieurs processus. Parmi ces processus on trouve
l'innovation financière qui, avec l'exigence de la clientèle
d'aujourd'hui et l'apparition des nouveaux produits, est devenue une
matière première pour la réalisation des objectifs.
Depuis lors, ces mesures de libéralisation
financière entreprises par le gouvernement tunisien incitent les
différents établissements financiers à s'intégrer
dans un contexte de mondialisation. Ceci permet aux banques tunisiennes de
prendre l'initiative de mettre en place les innovations financières (des
produits bancaires et des nouveaux canaux de distribution) par le biais de la
technologie. En 1990, la Tunisie a mis en place un programme global qui vise la
modernisation du secteur bancaire et ceci à travers la création
de la Société Monétique Tunisie (SMT). Cette
dernière à promu le développement de l'utilisation de la
carte de paiement.
De plus, le système bancaire tunisien a connu une
croissance remarquable durant les dernières années suite à
la mise en place d'un système de télé compensation
bancaire afin d'améliorer la qualité des services bancaires et
surtout l'attraction de nouvelle clientèle.
De ce fait, l'intermédiation bancaire dans les pays
émergents occupe une place importante au sein du système
financier et les banques jouent un rôle central dans l'allocation des
ressources disponibles. En d'autre terme, les performances économiques
des pays émergents sont de plus en plus conditionnées par
l'efficacité de leurs systèmes bancaires.
Alors que, le système bancaire tunisien
n'échappe pas à ce constat. Ainsi, le système financier
tunisien dont, les défaillances ont été observées
au milieu des années quatre-vingt a subi de nombreuses mutations
traduites par une émergence de nouveaux établissements
financiers, un essor remarquable de la micro-finance, un passage de
l'illiquidité à la surliquidité des banques et l'adoption
des réformes financières. Les mutations du système
financier tunisien ont été initiées par le pouvoir public
avec l'appui des institutions financières internationales, le FMI (Fonds
monétaire international), la Banque Mondiale qui ont mis en place un
ensemble de
mesures sur le plan financier, monétaire et juridico
institutionnel en vue de rétablir l'équilibre financier des
banques et permettre une meilleure allocation des ressources à
l'économie.
Dans un contexte caractérisé par
l'internationalisation des économies et par une
intensification de la concurrence, il devient nécessaire au
système bancaire tunisien de renforcer sa compétitivité et
ce à travers deux phénomène : le phénomène
de la globalisation et le phénomène de 3D
(déréglementation/ désintermédiation/
décloisonnement).
La globalisation financière
Durant les dernières années, l'économie
mondiale a connu un ensemble d'évolution dans tous les domaines plus
particulièrement dans le domaine financier. C'est le processus de la
globalisation. Ce dernier est un concept associé à la mutation
financière, Romey (2006) souligne : « la globalisation
apparaît comme le facteur commun à l'ensemble des transformations
qui ont affecté le fonctionnement des systèmes financiers
».
Le contexte de la globalisation est caractérisée
par :
- La concurrence s'exerce de main en main sur le territoire
national.
- L'intensité de la concurrence étrangère
qui porte sur la qualité et la nouveauté de produit. En fait, une
grande vague de concurrents est toujours en état de veille
menaçant ainsi la survie de l'entreprise.
- La forte croissance de la demande : si la croissance
s'intensifie, c'est que le client fait retour en force sous l'influence et
l'évolution des innovations. Donc on assiste à une
diversification de la demande.
Depuis les années 80, on se courir à ce qu'on
appelle le "big bang financier"9 qui permet l'explosion des
marchés financiers. Comme tous les gouvernements des pays
développés qui
9 Big Bang Financier : apparu en 1980 avec
l'arrivée des changes flottants et le moindre souci de tenir son taux de
change, les états relâchent largement leur emprise sur les
banques. Un vaste mouvement de dérèglementation du secteur
bancaire voit le jour. Les distinctions impératives entre banques de
dépôts et banque d'affaires sont supprimées. La banque et
l'assurance peuvent se mêler. Les banques peuvent devenir agent de
change. Le concept de banque universelle tend à s'imposer en même
temps que des concentrations ont lieu. Les pratiques financières
changent également. Les changes flottants offrent la possibilité
pour les banques de couvrir les risques de changes.
essayent tout le temps d'élaborer une politique
conforme aux révolutions financières, l'Etat tunisien aide
à bâtir un réseau financier sain. Pour cela, il a mis en
oeuvre durant toutes ces dernières années une stratégie
basée sur la libéralisation économique et
financière dans le but de pousser les établissements de
crédit notamment les banques à mettre en place l'innovation
financière. Surtout que les deux dernières décennies
témoignent du rôle croissant que joue l'innovation
financière dans le développement et même la survie des
banques.
Donc, l'unification de la finance à l'échelle
mondiale nécessite, outre que le processus de la globalisation,
l'invocation de la règle des trois « D » qui définit
les caractéristiques de cette évolution à savoir le
décloisonnement, la déréglementation et la
désintermédiation.
Règle de 3D
Actuellement, personne ne peut nier que la monté des
marchés financiers internationaux et l'intégration
financières sont intimement liés. On assiste alors à une
intensification croissante des flux de capitaux et aussi à l'ouverture
des économies. En d'autres termes, la finance globale devient la
réalité première. Il convient donc d'évoquer la
règle de trois « D », Romey (2006).
- La dérèglementation
financière: Les crises bancaires et financières
des années 30 avaient conduit à une vague
dérèglementation destinée à stabiliser les
systèmes financiers. Malgré que cette règlementation ait
réussi à atteindre la stabilité des systèmes
financiers, elle est apparue à la fin des années 60 comme une
source de rigidité. Ce phénomène est né aux Etats
Unis, pour ensuite gagner à des degrés divers les autres
marchés. La dérèglementation consiste à
éliminer les restrictions qu'empêche la libre circulation des
capitaux à l'échelle internationale. Elle relève d'un
double optique ; Une optique libérale qui consiste à rendre aux
marchés les rôles régulateurs et une optique pragmatique
consistant à la mise en place d'un cadre règlementaire plus
souple et mieux adapté. Cette dernière permet la création
de multiples organismes à savoir la création du MATIF
(Marché à Terme des Instruments Financiers) qui
développe les produits dérivés. Cet effet s'observe dans
de nombreux pays en voie de développement, à savoir la Tunisie,
qui ont libéralisé leur marché pour attirer les
investissements étrangers.
- Le décloisonnement des
marchés: Ce phénomène a été
développé par la dérèglementation
financière. Il consiste à enlever les barrières entre les
différents marchés. Romey (2006) définit ce
phénomène comme la disparition des frontières entre les
différentes établissements financiers, ainsi que la disparition
des dispositions qui entravent l'activité financière, tant au
plan international qu'au plan national. Au niveau international, ce
développement consiste à la liberté accrue de circulation
des capitaux qui a été développé par la remise en
cause des contrôles de changes. Tandis qu'au niveau national, elle s'est
traduite à la fois par l'extension géographique,
l'élargissement de l'activité bancaire et enfin par un abandon
des fixations par les autorités monétaires des taux des
rémunérations sur les opérations financières.
- La désintermédiation
financière: le passage de la finance indirecte à
la finance directe. Cette distinction entre la finance directe et la finance
indirecte est due aux fondateurs de la théorie d`intermédiation
financière qui sont Gurley et Shaw (1974). Ils ont adoptés deux
visions qui mettent en évidence le choix entre la technique de
distribution (recours au marché financier) et la technique
d'intermédiation (recours aux banques). Romey (2006) stipule que la
désintermédiation financière est la conséquence
directe de la logique de la dérèglementation et du
décloisonnement des marchés. Elle signifie le recours direct des
opérateurs internationaux, pour combler leurs besoins de financement ou
pour placer leurs excédents, sans passer par des intermédiaires
financiers et bancaires. La désintermédiation consacre
essentiellement le développement de la finance directe qui s'effectue
par le marché au détriment de la finance indirecte qui s'effectue
par le biais des crédits bancaires. Généralement, ce
phénomène est étroitement lié à la notion de
titrisation : »qui consiste à placer des effets à court
terme renouvelable, et qui donne à l'emprunteur l'assurance d'un
financement à long terme, avec, le plus souvent, l'engagement par la
banque de rependre elle-même ce papier si elle ne trouve pas
acquérir sur le marché ». En fait, En France, par exemple,
la titrisation est organisée sur la base indirecte à partir d'un
fond commun de créances (FCC) dont le rôle principale est
d'acquérir des créances (cédés par une banque
contre une liquidité) pour émettre des parts
représentatives qui font l'objet d'un placement.
A travers le phénomène de (3D)
le système bancaire tunisien essaye de faire face aux mutations
de la libéralisation et de la globalisation financière. Cette
stratégie a pour effet l'augmentation de la concurrence entre les
établissements financiers. C'est pourquoi le rôle de la
réforme financière en Tunisie réside dans la
création d'un espace financier homogène dans lequel l'argent
circule librement et sans aucune difficulté.
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