I.6.2 Le XIXe siècle
Le discours sur la beauté continue de se
préciser. On parle de beauté du buste de la chevelure : elle doit
être abondante, lourde, ondoyante, relevée... Sans la chevelure ni
sans les hanches, la beauté n'est pas concevable.
Puis arrive le nu, le déshabillé, on se montre
davantage et la conséquence logique est que les parties du corps se
galbent. On assiste à une nouvelle valorisation du sport, et dès
1900 l'engouement pour un modèle de beauté américain.
Le regard de la femme sur elle même change : elle se
contemple en pied. Dans les maisons bourgeoises, les grands miroirs deviennent
l'objet indispensable, l'armoire devient armoire à glace et il semble
inconcevable de vivre dans un corps qu'on ne voit pas.
Après la Révolution française, plus de
perruque poudrée ou d'accessoires aristocratiques. Pendant ce
siècle, deux types de femmes représentent le modèle de
beauté : la belle malade et la femme bourgeoise. « La Castiglione
» est l'une de ces deux représentations. Elle a un physique massif,
sa corpulence est vue comme le signe d'une maternité satisfaite. Sa
silhouette est renforcée par des corsets portant la poitrine en avant
ainsi que des « faux-culs ». Elle est un des premiers modèles
à voir la naissance de la photographie. C'est une période
clé dans la représentation de la femme car la photographie «
ne ment pas », à une époque où la retouche photo
n'existe pas encore.
Cette femme correspond à un canon de beauté
concret, auquel s'oppose l'autre modèle, celui de la « belle malade
aux yeux cernés ». C'est celui de la féminité
maladive, aussi bien malade physiquement que mentalement. Cette beauté a
le teint livide, les yeux cernés et les joues creuses, ce qui renvoie
à la mélancolie et au désespoir. Cela peut paraître
peu attrayant, mais on y voit également ici une femme mystérieuse
et lointaine. D'ailleurs, cette beauté décadente est encore
aujourd'hui un modèle, mais plus chez les hommes : cela correspond au
dandysme.
La Castiglione, Gordigiani, 1862.
« La Grande Odalisque », un tableau du peintre
Jean-Auguste Ingres datant de 1814, montre une représentation de la
femme idéalisée. Ici, l'artiste s'éloigne volontairement
de la réalité pour représenter la beauté de la
femme. En effet, pour réaliser une courbe élégante ainsi
qu'une silhouette parfaite du dos, il a choisi d'ajouter à son
modèle plusieurs vertèbres. Cette démarche n'est pas
nouvelle chez les artistes, chaque peintre ou sculpteur « améliore
» son modèle non seulement pour embellir son oeuvre, mais aussi
pour répondre aux exigences de leur modèle.
19
La Grande Odalisque, Ingres
20
|