I.2. L'Antiquité
I.2.1 La beauté égyptienne
Corps athlétiques et culte de la jeunesse : des
critères proches de ceux que nous connaissons aujourd'hui.
Depuis les débuts de la civilisation égyptienne,
la femme est représentée selon des critères relativement
stables. Parmi les femmes célèbres pour leur beauté, on
peut citer la reine Ahmes-Nefertari. Elle faisait l'objet d'un culte de la
personnalité ainsi que d'un culte divin : les statues la
représentent comme une beauté élancée, mince et
musclée. Ses jambes sont longues, ses fesses rebondies, ses seins petits
et à sa taille est large (seul élément qu'on ne retrouve
pas dans les critères de beauté contemporains). Elle est
généralement vêtue d'une robe de lin laissant
paraître ses formes en transparence. Pour les femmes, la peau est peinte
en ocre jaune et non en rouge, comme c'est le cas pour les hommes : elles
veillent sur la maison, à l'abri des rayons du soleil. Cela leur
confère un aspect plus délicat, ce qui sera presque toujours
considéré comme une qualité féminine dans les
siècles à venir. L'oeil, déjà très ouvert,
est souligné d'un trait de khôl qui intensifie le regard. Cette
pratique cosmétique est surprenante encore une fois car elle se retrouve
de nos jours. La femme idéalisée est aussi éternellement
jeune.
Les Égyptiens avaient sans aucun doute une idée
de la beauté proche de celle que nous avons aujourd'hui.
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I.2.2 La beauté grecque
Dans la Grèce antique, la question du beau est une
question centrale. Durant le Ve et le IVe siècle avant J.C., on accorde
une grande importance à l'esthétique dans les cités
grecques. Homère (vers la fin du VIIIe siècle) parle notamment de
« beauté » et d'« harmonie », toutefois sans les
fixer théoriquement.
Les avis des philosophes
Héraclite d'Éphèse explique le Beau comme
qualité matérielle du vrai. Il met donc en avant l'idée de
vérité pour accéder à une forme de
beauté.
Démocrite voit la nature du Beau dans l'ordre sensible
de la symétrie et de l'harmonie des parties, envers un tout. Un certain
équilibre est donc important à ses yeux.
Pour Socrate, le beau et le bien sont mêlés.
L'art représentatif consiste principalement à représenter
une personne belle de corps et d'esprit.
Platon ne conçoit pas le beau comme quelque chose de
seulement sensible mais comme une idée: « la beauté a un
caractère surnaturel, elle est quelque chose d'intelligible, qui
s'adresse à la pensée »3. Il serait donc le
premier philosophe grec à voir la beauté dans une dimension
inaccessible, que l'on retrouve aujourd'hui dans les modèles de notre
société.
Un corps assez masculin
Pendant la période archaïque (VIIe-VIe
siècles avant J.C.), les statues ne représentent jamais de
personnes réelles : elles s'attachent à un idéal de
beauté, d'honneur ou de sacrifice. Cet idéal est alors
représenté par un homme jeune, entre l'adolescence et l'âge
adulte. Les femmes, quant à elles, sont enveloppées dans des
tuniques laissant voir la forme de leur corps, qui était aussi
athlétique que celui des hommes. En effet, à cette époque,
la beauté réside dans l'harmonie du corps et non dans un
quelconque artifice : seul l'exercice physique peut permettre d'obtenir
le corps musclé idéal.
Ce n'est qu'à partir du Ve siècle que l'on
représente également de vraies personnes, et aussi que l'on
accepte le nu féminin, ainsi qu'une image plus érotique et
féminine de la femme.
3 L'histoire de l'esthétique et
ses grandes orientations, M. De Wulf, Revue néo-scolastique,
1909.
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Venus de Milo, 130-100 av. J.-C.
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Le concept qui met en avant le fait d'atteindre la
beauté par le sport et l'exercice physique en général est
une idée que nous retrouverons par la suite, bien des siècles
plus tard. Il est intéressant de voir comme des idées très
anciennes qui pourraient nous paraître archaïques sont en fait
reprises à une époque moderne. C'est un phénomène
qui se répète assez souvent.
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