II.1- Module« Fécondité vs
éducation, santé et niveau de vie »
Au Cameroun, le modèle social fait qu'à un
niveau élevé d'instruction, les femmes ont davantage de chances
d'occuper un emploi dans le secteur moderne de l'économie, d'occuper un
emploi en milieu urbain dans les bureaux, les ateliers etc. A terme, ces
dernières se retrouvent peuvent se retrouver avec des ambitions de
carrières qui s'opposent à une maternité nombreuse.
De plus le niveau d'instruction accroit les chances de ne pas
être pauvre. L'enquête EDS de 2004 a démontré
qu'à tous les âges, la fécondité est
négativement corrélée au niveau de vie des populations. En
effet, les taux de fécondité sont plus élevés dans
les ménages pauvres.
Le niveau d'instruction des femmes constitue un autre facteur
différentiel important en matière de contraception. La
prévalence contraceptive est très fortement associée au
niveau d'instruction : chez les femmes ayant un niveau d'instruction
supérieur, 34 % utilisent actuellement une méthode moderne,
contre 24 % chez les femmes de niveau secondaire, 13 % chez celles ayant un
niveau primaire et 3 % chez celles n'ayant aucun niveau d'instruction.
Par ailleurs, on relève que la prévalence de la
contraception moderne varie selon le groupe d'âges de la femme. La plus
forte proportion d'utilisatrices (taux variant entre 14 % à 16 %) se
situe à 20-39 ans, âges correspondant à la période
de fécondité maximum. Chez les femmes de moins de 20 ans et
celles de 45 ans ou plus, les taux sont relativement plus faibles : 12 % dans
le groupe 15-19 ans, et 9 % à 45-49 ans. On peut aussi souligner qu'au
Cameroun, le niveau d'utilisation de la contraception moderne varie en fonction
du nombre d'enfants vivant de la femme. L'EDS 2004 a mis en évidence le
fait que les femmes sans enfant sont celles qui utilisent le plus la
contraception moderne (17 %), essentiellement le préservatif (16 %).
Cependant, comme dans le cas de la plupart des pays africains,
les normes d'encadrement souffre de la poussée démographique
vis-à-vis d'une offre de prestation dont la croissance relative est
faible. A cet effet, le Cameroun fait partie des pays qui accordent moins de 5%
de leurs dépenses budgétaires au secteur de la santé. La
densité médicale se situe à 2 médecins pour
10 000 habitants, ce qui reste faible comparativement à celle des
pays où elle est jugée satisfaisante (OCDE dont elle est de plus
de 30 pour 10 000 dans certains pays).
Le même problème se pose dans le domaine de
l'éducation où le nombre d'élève par enseignant
était de 57,5 élèves pour un enseignant en 2003.
II.2- Module « croissance
démographique vs urbanisation »
Au Cameroun, il apparait comme dans le cas de l'Afrique
subsaharienne prise dans son ensemble, que l'urbanisation est un catalyseur de
la révolution socio culturelle soit par effet de mimétisme face
au comportement de civilisations précurseur de la modernité, soit
alors à cause des contraintes économiques. Ainsi, l'Enquête
de démographie et de Santé de 2011 fait observer qu'à tous
les groupes d'âges, les taux de fécondité sont plus
élevés en milieu rural qu'urbain.
Source : EDS MICS Cameroun 2011
Pour le groupe d'âge des 25-29 ans où les maxima
de fécondité sont atteints, le taux de natalité est de 302
% en milieu rural contre 206 % en milieu urbain, soit près de 100
points d'écarts. Les données révèlent
également une précocité des grossesses en milieu rural
qu'urbain du fait de l'incidence de la culture encore importante surtout dans
la partie septentrionale du pays. Ainsi, si dans l'ensemble, les adolescentes
de 15-19 ans contribuent pour 12 % dans la fécondité totale, les
pourcentages correspondant sont de 14 % en milieu rural et de 11 % en milieu
urbain. En plus, la même enquête révèle qu'en 2011,
c'est en milieu urbain que l'utilisation de la contraception est la plus
fréquente: 21 % des femmes en union utilisent actuellement une
méthode moderne.
La structure de population qui est caractérisée
par une forte présence de personnes en âge de fréquenter
(notamment ceux qui font des études dans des écoles du niveau
supérieure localisées dans un nombre limité de villes
environ 6 au total) ou de travailler, fait qu'il y a un afflux massif de cette
frange de population dans les villes. Il s'en suit des problèmes
d'encadrement dus à l'inadaptation et à l'insuffisance des
structures d'accueil. Ainsi, le problème du sous-emploi se pose avec
acuité dans les grandes villes où son taux est souvent
supérieur à 35%. Cela pousse plusieurs personnes à exercer
dans le secteur informel qui est un véritable recours pour les
chômeurs en milieu urbain. Ce contexte de précarité sociale
est aussi l'une des causes de l'insécurité engendrée par
les désoeuvrés et du développement du travail des enfants
de la rue.
La poussée démographique est également
l'une des causes de l'insuffisance de l'offre d'infrastructures
adéquates. Par exemple, en 2010 la moitié des ménages
n'était pas raccordée au réseau électrique et le
tiers n'avait pas accès à l'eau potable. Ce manque d'eau potable,
combiné à d'autres problèmes d'assainissement, se traduit
par des problèmes de santé publique tels que le paludisme, les
maladies intestinales ou encore le choléra.
|