Croissance démographique et développement en Afrique subsaharienne( Télécharger le fichier original )par Yannick ZAMBO ZAMBO Université Paris Dauphine - Master2 Assurance 2012 |
CHAPITRE III- CAS PRATIQUE DE DEUX PAYS :LE KENYA ET LE CAMEROUNDans cette partie, les pays qui feront l'objet de notre analyse sont le Kenya pays de l'Afrique orientale et le Cameroun à mi-chemin entre l'Afrique centrale et l'Afrique de l'Ouest. Ces pays ont été choisis pour des raisons historiques et surtout de disponibilité des données d'analyse. A cet effet et pour chacun des pays, il sera successivement fait un état des lieux des deux concepts d'étude, une analyse des interactions entre eux et enfin, un point sur les perspectives relatives à l'atteinte des objectifs de développement du millénaire pour ce qui est de l'éducation et de la santé. A-LE CAS DU KENYALe Kenya est un pays de l'Afrique de l'Est qui en termes de démographie présente deux particularités, l'une à l'antipode de l'autre. Il s'agit d'une part de la croissance démographique qui s'est située à 2,7%45(*) en 2011, et qui demeure assez élevée bien qu'éloigné du record africain de 4,2% enregistré dans le cas la Zambie au cours de la même année.D'autre part, le Kenya est le premier pays en Afrique subsaharienne à mettre sur pied une politique de population dès 196746(*). VII- Etat des lieux de la démographie et du Développement Il s'agit de faire une présentation transversale et longitudinale de la démographie et du niveau de développement au Kenya. I.1- La démographie Avec une population estimée à 41 609 728 d'habitants en 2011, le pays est l'un des plus populeux d'Afrique. Graphique26: place du Kenya en fonction du nombre d'habitants en Afrique subsaharienne (données en millier d'habitants) Afin de mieux cerner le niveau actuel de la population, nous allons passer en revue les principaux éléments ayant eu une influence sur la fécondité et la mortalité de ce pays. Enfin, il sera fait une brève analyse de l'état d'avancement de sa transition démographique. I.1.1- La féconditéLe niveau de la population au Kenya est la résultante d'une croissance démographique qui a une tendance baissière depuis plus de trente ans, mais qui demeure forte et soutenue puisqu'elle n'est jamais passée sous le seuil des 2%. Ladite croissance est à son tour sous-tendue par une fécondité qui reste élevée (4,7 enfants par femme en 2010) malgré la tendance baissière encouragée depuis la fin des années 60 par la politique de régulation démographique initiée par l'Etat. Cette régulation visait à freiner l'expansion démographique qui était alors la plus élevée en Afrique subsaharienne (34 à 36% de taux quinquennal)47(*), afin de promouvoir une éducation et une santé de qualité, et favoriser une insertion plus facile des populations dans le marché de l'emploi48(*).La durabilité de cette politique qui a certes connue un relâchement déploré par les acteurs commel'Agence Nationale de Coordination pour la Population et le Développement49(*),a certainement contribué à faire progressivement passer la fécondité à un niveau inférieur à celui de l'Afrique subsaharienne prise dans sa globalité. Graphique27: Evolution comparative de l'accroissement de la population du Kenya (C.P en %), de l'indice de fécondité du Kenya(ISF Kenya), et de l'indice de fécondité de l'Afrique subsaharienne (ISF ASA)
Source : généré avec les données de la Banque mondiale La fécondité élevée s'explique par certaines raisons déjà évoquées dans le cas de toute la région de l'Afrique subsaharienne. Il s'agit notamment de 50(*): Ø La précocité du mariage qui concerne encore un nombre élevé de femmes : en effet, la moitié des femmes au Kenya se marie au plus tard à l'âge de 20 ans dont près de 40% au plus tard à 18 ans. Pour les hommes, l'âge médian se situe autour de 25 ans. Ø La polygamie : un pourcentage de 13% des femmes mariées vivent dans des foyers polygamiques tenus par une population de 7% d'hommes. Ø L'utilisation des moyens de contraception pour la maitrise du nombre d'enfants et l'espacement des grossesses : le planning familial est freiné par des raisons religieuses ou culturelles (13% des personnes sexuellement actives) et de moins en moins pour des raisons de sensibilisation (2% des personnes environ). Si on inclut les femmes qui ne peuvent pas utilisées un quelconque moyen contraceptif pour des raisons de santé, de stérilité naturelle ou de perturbation reproductive, il ressort que moins de 50%des femmesmariées utilisent des contraceptifs. Ce chiffre qui est encore insuffisant, connait toutefois une progression soutenue car il a été multiplié par près de 7 en 35 ans. Ø Graphique 28: Evolution de l'utilisation de la contraceptionchez les femmes mariéesau Kenya Source : Enquête de Démographie et de santé, Kenya , 2008 -2009 Cette utilisation limitée des moyens contraceptifs influe certainement sur l'espacement des naissances qui est encore inférieur dans plus de 22% des cas, au minimum de 24 mois généralement recommandé pour une bonne santé de la reproduction. La contraception est également déterminante pour l'équilibre entre l'offre et la demande d'enfants s'agissant des couples qui veulent limiter numériquement leur progéniture. Ladite demande varie en fonction de l'âge et du sexe. Ainsi, les femmes désirent avoir moins d'enfants que les Hommes dont le nombre d'enfants désirés est plus proche de la fécondité effectivement enregistrée au cours des dernières années. Tableau10 : Demande d'enfants au Kenya par âge et par sexe
Source : Enquête de Démographie et de santé, Kenya , 2008 -2009 * 45 (Données tirées du site de la Banque mondiale http://donnees.banquemondiale.org) * 46 (Population et société en Afrique au sud du Sahara, Dominique Tabutin et EliwoAkoto, page 178, éd. L'Harmatan, 1988). * 47 (Source : D'après nos comparaisons des données issues de United Nations, Department of Economy and Social Affairs, Population Division, http://esa.un.org/unpd/wpp/Excel-Data/fertility.htm) * 48 (Population et société en Afrique au sud du Sahara, Dominique Tabutin et EliwoAkoto, page 178, éd. L'Harmatan, 1988). * 49 (Source : Développement-Kenya, article « Une croissance démographique rapide menace le développement », 2010, http://ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=5754) * 50 (N.B : les informations ci-dessous ont pour source : Enquête de démographie et de Santé du Kenya, 2009, http://www.measuredhs.com/pubs/pdf/fr229/fr229.pdf) |
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