II.2.2.2 -Effets de la santé sur la croissance
démographique
L'état de santé de la population est l'un des
principaux déterminants de la mortalité et de l'espérance
de vie. La quantité et la qualité des structures de santé,
du personnel soignant et l'imprégnation des populations en
matière de prévention et de premiers soins, réduit la
morbidité et la mortalité. La mortalité étant avec
l'émigration le principal facteur direct de
décélération de la croissance démographique, il
s'en suit que l'environnement sanitaire d'une population joue un rôle de
premier plan dans son accroissement. A titre d'exemple, en période
d'épidémies, on a pu enregistrer des baissesspectaculaires de la
croissance naturelle dues à la surmortalité (la peste noire en
Europe au milieu du XIVe siècle a fait baisser la population
européenne de 30 à 40%).
II.2.2.3- Les effets de l'environnement économique
sur la croissance démographique
Bien que son incidence soit indirecte, l'environnement
économique est au coeur des problèmes de population et influe sur
les individus micro économiquement et macro économiquement.
Sur le plan microéconomique, le niveau de vie d'un
ménage est un indicateur de sa capacité à se procurer les
moyens de contraception nécessaires pour équilibrer l'offre
(nombre d'enfants qu'un couple peut faire sans aucune volonté d'en
limiter le nombre) et la demande d'enfants. Aussi, à travers la
capacité des ménages à se procurer certains outils de
média massivement utilisés dans beaucoup de pays comme supports
d'informations, le niveau de vie est déterminant pour la sensibilisation
aux moyens contraceptifs, aux règles relatives à la santé
reproductive (intervalle d'espacements des naissances, recul de l'âge de
procréation), etc.
Sur le plan macroéconomique, le contexte
économique se trouve en amont et en aval de l'encadrement des
populations.
En amont : les disponibilités financières
des Etats conditionnent le volume et la qualité des investissements
sociaux devant servir à l'épanouissement des populations. Ces
investissements ont à leur tour une incidence certaine sur la
fécondité. Si cela a déjà été
abordé dans les domaines de l'éducation et des infrastructures
de santé (cf. II.2.2.1 et II.2.2.2), il y a aussi le domaine très
important de la sécurité sociale universelle. Ladite
sécuritédevrait garantir à tous un accès aux soins
de santé et une protection contre la perte totale ou partielle du
pouvoir d'achat tout au long de la période de retraite. Il est
évident que l'inexistence de sécurité sociale universelle
est de nature à accroitre ou tout au moins à entretenir un climat
d'incertitude et d'insécurité face à de nombreux risques
sociétaux. Le corollaire peut être un repli sur les
communautés dont la famille est souvent la composante de base, ce qui
peut encourager les comportements natalistes de masse qui sont l'un des moteurs
des croissances démographiques élevées.
En aval : c'est le secteur économique qui est
chargé d'absorber l'offre de travail après
« production » du capital humain par les systèmes
éducatif et de santé. Maisce secteur joue ce rôle avec plus
ou moins d'efficacité en fonction du régime économique qui
prévaut dans un pays. Il peut s'agir d'une économie
d'accumulation ou de rente.
Dans le premier cas, les entreprises cherchent à
augmenter leurs stocks d'actifs, ce qui accroit directement ou indirectement
les investissements, et donne plus de capacité à ce type
d'économie de lutter contre le chômage et le sous-emploi.
Dans une économie de rente, la priorité est
surtout de tirer avantage des ressources naturelles dont on peut
bénéficier de par sa position géographique. Les
équipements de transformation des matières premières ne
constituent pas la priorité, ce qui en plus de limiter la
création de valeur, a une incidence négative sur
l'investissement. Il s'en suit donc une faible capacité d'absorption des
demandeurs d'emploi par le secteur productif auquel l'Etat ne peut se
substituer à cause de ses contraintes budgétaires et de son
potentiel d'offre d'emploi limité. Pour les diplômés
sans-emplois etpour les personnes ayant migré en ville pour valoriser
l'instruction reçue ou pour améliorer leurs conditions de vie, la
solution est souvent le secteur informel. Celui-ci qui est composé d'un
ensemble de micro activités génératrices de faibles
revenus, contribue aussi à considérer les épouses et les
enfants comme une main d'oeuvre gratuite dont l'accroissement est donc
bénéfique. L'informalisation de l'économie peut ainsi
encourager à maintenir la fécondité à des niveaux
relativement élevés.
Mais, il conviendrait de souligner que l'on ne peut pas
attribuer à la faiblesse des revenus un rôle unique sur la
démographie. En effet, dans les villes, les coûts que
représentent l'éducation des enfants, leur nutrition, leurs soins
de santé, etc., peut a contrario inciter les parents à
en limiter le nombre. Cette incidence de la faiblesse du revenu sur la
fécondité est connue sous le nom de malthusianisme de
pauvreté qui a été observé en Amérique
latine. Aussi, les villes sont par excellence les lieux de la modernisation des
comportements. Par média, systèmes scolaires et voisinages
interposés, on y est le plus en contact des modèles
antinatalistes qui semblent s'ériger en règle par
nécessité ou pareffet de mode.
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