1.2. Problématique
La dynamique de l'interaction entre l'Homme et son
écosystème en zone tropicale a toujours été
influencée dans le temps par l'explosion démographique qui
elle-même influence les pratiques culturales. Pour MALDAGUE (2003), ce
sont ces sols fertiles qui attirent les agriculteurs. L'accroissement
démographique aidant, la pression sur les terres forestières
s'accroît, et des conséquences défavorables apparaissent :
modification des méthodes culturales traditionnelles, raréfaction
relative des sols forestiers, envahissement des aires protégée.
Cet état de fait a toujours conduit à un épuisement
progressif des sols, un
3
accroissement de la pression sur les terres fertiles, mais
aussi et surtout sur les ressources forestières (LESOURD, 2000). La
forêt de Dida en est une parfaite illustration.
En effet, la forêt de Dida constitue l'une des plus
grandes formations forestières du pays de par sa superficie. Elle a
été classée en 1955, et placée sous le
contrôle du Ministère de l'Environnement et du
Développement Durable (MEDD). Or, durant la même période,
la population autour et surtout dans cette forêt n'a cessé de
croitre. Le MEDD estimait en 2010 à cinq mille (5000) le nombre
d'habitants installés dans la forêt, et repartis entre onze (11)
villages et hameaux de culture. Ces populations, par la pratique de
l'agriculture extensive et du braconnage, représentent une grande menace
sur l'écosystème. Le degré d'anthropisation est
passé de 4,57 % en 1992 à 34,75 % en 2002 (PNGT2, 2006)
Face à cette situation qui constitue une menace pour
cette aire classée, l'administration a entrepris le
déguerpissement des populations en 2003. Toutes les initiatives se sont
heurtées au refus des populations de quitter cette forêt. La
dernière tentative en date, instruite en février 2012 par le
gouverneur de la région des Cascades et conduite par le Directeur
Régional de l'Environnement et du Développement Durable (DREDD),
a occasionné alors une marche de protestation des populations sur le
Gouvernorat pour exiger des autorités une reconsidération de la
position des autorités étatiques et des mesures d'accompagnement
pour l'apurement de la forêt.
Cette impasse traduit bien l'ampleur et la complexité
des enjeux dans cette situation qui oppose les communautés locales dans
la défense et la préservation de leurs intérêts sur
les plans social et économique et, l'Etat dans le soucis de
préserver les ressources de ses écosystèmes dans une
optique de développement durable, indissociable avec leur utilisation
rationnelle. Dans de telles conditions, il est indéniable que le
système de gestion actuel n'est plus adapté face aux besoins
d'une population en forte augmentation. Cela nous amène à poser
un certain nombre de questions: dans ces conditions, la règle de droit
environnemental peut-elle jouer son rôle majeur qui est de mettre fin
à la dégradation de l'environnement et plus
précisément celles des entités forestières
classées? La gestion concertée (ou communautaire) de la
forêt classée de Dida n'est-elle pas une solution envisageable
pour résorber les problèmes liés aux pratiques
illégales d'exploitation des ressources forestières?
4
|