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Enracinements polynésiens d'hier et d'aujourd'hui dans l'archipel de Nouvelle Calédonie

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par Tomasi TAUTU'U
Université de Nouvelle Calédonie - Master 2 arts, lettres et civilisations option francophonie 2012
  

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2. Quand James COOK arriva...

Quand James COOK s'approcha de Balade le 5 septembre 1774, il fut abordé par trois pirogues avec à bord cinq ou six hommes. La description qu'il nous en faite nous indique que certains d'entre eux semblaient être de race « polynésienne », il écrit ainsi :

« Ils étaient de la même race que ceux que nous avons vu la veille au soir, et nous pensâmes qu'ils venaient du même endroit. Ces hommes semblaient plus bâtis et plus robuste que ceux de Mallicolo, et plusieurs autres circonstances contribuaient à nous faire penser qu'ils appartenaient à un autre peuple. Ils donnaient aux chiffres jusqu'à 5 ou 6 le nom qu'ils ont à Anamocka 169(*)(une des îles de l'archipel de Tonga), et ils nous comprirent lorsque nous leur demandâmes les noms des terres contiguës. A la vérité on en trouve qui ont les cheveux noirs, courts et frisés comme ceux de Mallicolo, mais d'autres les avaient plus long, attachés au sommet de la tête, et ornés de plume comme les néo zélandais. A bord de ces embarcations James COOK nous apprend qu'il y avait le chef TIHABOUMA qui habitait de l'autre côté de la chaîne de colline170(*). »

Fig. 13- James Cook

Ce passage écrit par un coéquipier de James Cook nous informe que parmi les personnes des pirogues à Balade, certains avaient des connaissances en langue polynésienne. Soit certains d'entre eux avaient des origines « polynésiennes », soit ils avaient des contacts directs avec cette population. James COOK poursuit sur son observation :

«  Si j'avais à donner mon opinion sur l'origine de ce peuple, je le considérerais comme une race intermédiaire entre les habitants de Tanna et ceux de l'île de l'Amitié ou entre ceux de Tanna et les Néozélandais ; ou encore un mélange des trois... »

Au premier contact, une scène presque anodine se déroula et l'auteur continue son récit :

« En signe de paix à l'adresse des étrangers, ils déploient un ou plusieurs étendards blancs ; en tout cas c'est ce qu'ils firent pour nous, quand nous approchâmes pour la première fois de leurs rivages ».

Il semble que cette pratique a été identifiée plusieurs fois à Balade en 1793 avec d'Entrecasteaux et par les santaliers dont le capitaine CHEYNES en 1842 plus tard le Bucéphale en 1843 dans lequel se trouvaient les missionnaires catholiques. Ce rituel a été aussi remarqué aux îles Tonga par COOK quelques jours auparavant. Les marins européens l'ont interprété comme un geste de paix ou d'amitié mais il n'en était rien. L'ethnologue Jean GUIART apporte une interprétation plus logique quand il écrit :

« Les habitants du pays inconnu visité ont d'abord cru que les nouveaux venus étaient les morts revenus sur terre pour apporter leur richesse à leurs descendants. Le blanc est en effet la couleur des morts et du deuil dans les sociétés océaniennes »171(*)

Fi. 14- Le bateau de James Cook

Selon nous, le brandissement de l'étendard blanc pouvait signifier aussi qu'ils reconnaissaient en eux des esprits (revenants) venant leur rendre visite. Cette interprétation semble proche de la réalité parce qu'elle est confirmée par les Papous des hauts plateaux qui ont été les derniers de l'humanité à être en contact avec les Européens dans les années 30 du début du XXème siècle. De même que ces témoignages extraordinaires ont même été filmés172(*).

En 1774 James Cook confirme aussi la présence polynésienne au Nord est de la Grande-Terre. Les habitants y emploient des termes polynésiens comme « ariki173(*) » pour désigner le chef. Ce détail viendrait sans doute confirmer notre thèse selon laquelle Kaukelo d'Uvéa serait arrivé avant1774. Egalement, ceci semble confirmer aussi que des liens matrimoniaux auraient été tissés entre eux. Dater l'immigration « wallisienne » en 1750 ne serait pas dénuée de sens.

Quand James Cook arriva, il eût une attitude que les Balades ont perçue comme respectueuse. Sans le savoir James Cook fit une démarche digne d'un chef « coutumier » :

«  Après le repas, je me rendis à terre avec deux embarcations armées, accompagné par des indigènes qui s'était lui-même attaché à ma personne. Nous débarquâmes sur une plage de sable devant un grand nombre de gens, qui s'étaient rassemblés sans autres attention que de nous voir, car la plupart d'entre eux n'avaient pas même un bâton en main ; aussi fûmes nous reçus d'une grande courtoisie, et avec cette surprise naturelle des gens qui voient des hommes et des choses aussi nouvelles pour que nous pouvions l'être. Je fis des présents à tous ceux que mon ami m'indiqua, qui étaient soit des vieillards, soit des hommes qui semblaient êtres des notables, mais il n'eut pas le moindre égard pour quelques femmes qui se tenaient derrière la foule, me retenant même la main lorsque je voulus leur donner quelques grains de verroterie et des médaillons. Nous retrouvâmes ici le même chef qui a été vu le matin dans l'une des pirogues. Son nom, nous l'apprîmes alors, était Ti Bouma et nous n'étions pas à terre dix minutes, qu'il faisait faire silence. Etant immédiatement obéit par chacun, il fit un petit discours, et peu après un autre chef ayant imposé le silence, prononça aussi une allocution. Il était agréable de voir avec quelle attention ils étaient écoutés. Leurs discours se composaient de courtes phrases, auxquelles deux ou trois vieillards répondaient en inclinant la tête, et en emmottant une sorte de grognement qui marquait, pensais-je, leur approbation. Il nous était impossible de saisir le sens de ces discours ; mais nous avions des raisons de penser qu'ils étaient favorables et que sans nul doute ils nous concernaient. Je tins mes yeux fixés sur les gens pendant tout ce temps et ne remarquais rien qui pût m'induire à penser autrement... »

L'accueil « coutumier » a bien eu lieu envers James Cook en 1774 dans la plage de Balade. Effectivement ce rituel d'accueil dans la société Kanak est sacré et cet évènement prédira un séjour paisible de l'équipage anglais en Nouvelle Calédonie. La venue D'Entrecasteaux par contre, dix neuf ans plus tard dans le même lieu, n'aura pas cet accueil traditionnel, mais sera marqué par des altercations violentes. Cet aspect en terme culturel et relationnel est négligé par les protohistoriens océanistes pour expliquer le séjour exécrable de l'équipage français en 1793.

* 169 Romuka, une « des îles de l'Amitié » pour l'amitié durable qui semble régné entre les habitants, nom qui a été donné par James Cook, Tasman les avaient baptisés auparavant « Rotterdam. ».

* 170 James COOK, Relations de voyage autour du monde, Traduit de l'anglais par Gabriel Rives, 1998, Ed. La découverte, p 267.

* 171 Jean GUIART, Une histoire exemplaire, tirée du livre de Bob CONNELY et Robin ANDERSON,   Premier contact- Les papous découvrent les blancs, Editions Gallimard, 1989, p 251. 

* 172 Premiers contacts (réf)

* 173 Ce terme est employé encore aujourd'hui au nord de la grande Terre: « ariké la bande » : pour « bonjour la bande».

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