PREMIERE PARTIE :
PRESENTATION DES DIFFERENTS ACTEURS ET LEURS
ROLES
DANS L'ELABORATION ET LA MISE EN OEUVRE DU
PROJET
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L'Afrique centrale compte parmi les regroupements
régionaux les plus touchés par la pauvreté dans le monde,
malgré l'existence des richesses naturelles qu'on reconnait à
tout son sol et son sous-sol. Cette situation a connue un accroissement au
lendemain des indépendances de la majorité d'Etats anciennement
sous colonisation occidentale. Depuis lors, les efforts fournis par les
gouvernements ne parviennent pas à diminuer considérablement le
fléau. La situation est aggravée par les maux tels que la
corruption, les guerres civiles, la male gouvernance et les ravages
causés par certaines pandémies telles que le VIII SIDA et le
paludisme.
Face à la misère ambiante des citoyens
originaires de la zone CEMAC par comparaison à ceux de
l'Union-européenne, et l'incapacité des Etats, de l'institution
sous régionale (Commission de la CEMAC), à apporter des
améliorations aux conditions de vie des couches sociales
défavorisées, la Banque mondiale dans sa mission de paix et
développement s'est engagée à fournir un appui
multisectoriel aux Etats à fin de réduire à défaut
d'éradiquer la misère des populations.
En effet, il ne fait pas trop de souligner au passage
que la Banque mondiale se compose de cinq institutions à savoir : la
Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD),
qui accorde des prêts aux pays à revenu intermédiaire et
aux Pays pauvres solvables (PPS) ; l'Association internationale de
développement (IDA) qui octroie des prêts ou des crédits
sans intérêt et des dons aux pays les plus pauvres de la
planète ; la Société financière internationale
(SFI) qui finance des prêts, des fonds propres et des services-conseils
pour stimuler l'investissement privé dans les pays en
développement ; l'Agence multilatérale de garantie des
investissements (AMGI) quant à elle offre aux investisseurs des
garanties contre les pertes associées aux risques non commerciaux dans
les pays en développement ; le Centre international pour le
règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI)
dont la vocation est d'offrir des mécanismes internationaux de
conciliation et d'arbitrage des différends liés aux
investissements 39.
Ainsi, la recherche des solutions pour le
développement économique d'une Afrique centrale fragilisée
à cause de sa pauvreté, elle-même causée par des
fléaux sociaux ci-dessus cités s'avère complexe. Il
devient alors déterminant que chaque acteur, chaque institution qui en
fait une préoccupation de lutte puisse mettre sur pied des
stratégies adéquates capables de produire des résultats
satisfaisants.
39 http://web.worldbank.org/
consulté le 29 mai 2012.
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Sans doute, les différentes parties prenantes
dans le PFTT en général et la Banque mondiale en particulier,
regorgent des domaines de spécialisation très diversifiés
qui peuvent aider dans le cadre d'un décentrement du pouvoir de prise de
décision suscité par une gouvernance multi-niveaux, à
accélérer le processus d'intégration économique de
l'Afrique centrale.
Dans cette optique, il y a nécessité du
point de la cohérence ou de la compréhension de notre
étude, de mettre en exergue le rôle de la Banque mondiale dans
l'émergence du projet (chapitre 1), et d'examiner par la suite le
rôle des différents acteurs dans sa mise en oeuvre (chapitre
2).
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CHAPITRE 1 : LA BANQUE MONDIALE ET SON EXPERTISE DANS L'EMERGENCE DU
PROJET
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Dans le souci d'atteindre les objectifs
économiques poursuivis par le PFTT en zone CEMAC, des acteurs
multilatéraux, régionaux, nationaux ainsi que ceux du secteur
privé contribuent tous à la réalisation des
activités relevant de la mise en oeuvre du projet. C'est ainsi que la
Banque mondiale pour sa part s'illustre dans l'élaboration des
procédures applicables (section1), de même qu'elle apporte son
soutien dans le financement du projet (sections 2).
SECTION 1 : LA BANQUE MONDIALE ET LA REDACTION DES
PROCEDURES
Pour parvenir à la mise en oeuvre des actions
concrètes qui relèvent du projet, la Banque mondiale a
élaboré des procédures standards qui permettent d'encadrer
le processus de contractualisation. En d'autres termes, la Banque a mis sur
pied des outils qui concourent à la passation des marchés de
fourniture, de travaux ou au recrutement des consultants. Il s'agit
principalement du Dossier d'appel d'offres40 (I), et la Demande de
proposition(II).
I- LE DOSSIER D'APPEL D'OFFRES
Le Dossier d'appel d'offres (DAO), peut s'entendre
comme un manuel de procédure, un outil standard élaboré
par la Banque mondiale qui sert à la préparation de la commande
publique bénéficiant de son financement. Le DAO intervient
surtout dans la phase de passation des marchés. Il aboutit lorsqu'il est
validé par les instances compétentes à la signature d'un
contrat de prestation entre le Maitre d'ouvrage et le fournisseur.
Le DAO utilisé dans le cadre du PFTT
émane donc essentiellement des aspirations de la Banque mondiale et est
obligatoire dans la phase de préparation devant aboutir à la
passation des marchés de fournitures, et de travaux autre que ceux de
consultant. Il s'agit en d'autres termes d'un ensemble de dispositions
générales relatives à la procédure de formulation
des engagements à naitre entre l'acheteur et le fournisseur dans le
cadre de l'exécution d'un marché de fourniture ou de
travaux.
A l'observation il se dégage s'agissant du
projet objet de notre étude que, lorsqu'un Ingénieur de projet
(IP) ou un Point focal (Pf) à terminé la mise en forme du DAO
puisqu'il
40 Le DAO est national
lorsque le montant du Marché est inferieur à cinquante millions
de dollars, et international lorsqu'il est supérieur à ce montant
.Plan de Passation des Marchés (PPM) cellule BAD/BM MINTP :
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travaille sur la base du model type du bailleur,
celui-ci est présenté au Maitre d'ouvrage notamment le Ministre
des travaux public dans le cas d'espèce qui le transmet à
l'examen de la Commission spéciale de passation des marchés
(CSPM).
De toute évidence, il se trouve que le DAO
constitue un moyen technique dans la procédure du bailleur de fonds
auquel les emprunteurs et sous traitants sont astreint à son usage.
Notons que le DAO intervient presque toujours à l'issue de la
publication d'un Avis d'appel d'offres qui peut être national restreint
ou international. Il importe donc de s'appesantir un temps soit peu sur son
contenu (A), afin de mesurer sa portée juridique entre les parties et
les tiers (B).
A : APERÇU DU DOSSIER D'APPEL D'OFFRES
Comme nous l'avons souligné ci-haut, le DAO
utilisé dans le Programme de facilitation du transport et du transit en
zone CEMAC est l'émanation des procédures de la Banque mondiale.
Celui-ci comporte trois parties essentielles a) Les procédures d'appel
d'offres, (b) les conditions d'approvisionnement des fournitures, (c) le
Marché.
(a) La procédure d'appel d'offres
Dans la partie relative à la procédure
d'appel d'offres on retrouve :
- les instructions aux soumissionnaires ;
- les données particulières de l'appel
d'offres ;
- les critères d'évaluation et de
qualification ;
- les formulaires de soumission ;
- les pays éligibles.
Parmi les éléments qui
précèdent, deux d'entre eux revêtent à nos yeux une
certaine
importance dans la gestation du contrat à naitre
entre le Maitre d'ouvrage et le fournisseur. Il
s'agit : (1) des instructions aux soumissionnaires, (2)
de l'évaluation et l'attribution du
marché que nous examinons en
détail.
1) Les Instructions aux Soumissionnaires
Les instructions aux soumissionnaires (IS) traitent
des cas de fraude et de corruption. Cela ne peut nous laisser
indifférent dans le contexte sous régional où il est de
notoriété publique que : « C'est la corruption qui, pour une
large part compromet nos efforts. C'est elle
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qui pervertit la morale publique (...)41
». Il est donc nécessaire de souligner les précautions
prises par la Banque mondiale pour éviter que les fonds destinés
aux projets de développement ne soient pas détournés au
profit des individus pendant la mise en oeuvre du projet. C'est
évidemment l'exigence de la transparence, de l'ouverture, de la
publicité, de l'équité, de l'obligation de rendre compte
tout au long du processus contractuel entre l'emprunteur client, ses
fournisseurs et le public qui est le bénéficiaire.
En effet, La Banque exige que les Emprunteurs y
compris les bénéficiaires de ses prêts, ainsi que les
soumissionnaires, fournisseurs, entreprises, et consultants dans le cadre des
marchés financés par ses prêts, respectent les
règles d'éthique professionnelle les plus strictes durant la
passation et l'exécution des marchés.
En vertu du principe du respect des règles
professionnelles, les bailleurs de fonds en général et la Banque
mondiale en particulier, définissent les expressions ci-dessous de la
façon suivante :
- Corruption : Est coupable de corruption quiconque
offre, donne, sollicite ou accepte un quelconque avantage en vue d'influencer
l'action d'un agent public au cours de l'attribution ou de l'exécution
d'un marché.
- Manoeuvres frauduleuses : Se livre à des
manoeuvres frauduleuses quiconque déforme ou dénature des faits
afin d'influencer l'attribution ou l'exécution d'un marché
;
- pratiques collusoires : Les pratiques collusioires
désignent toute forme d'entente entre deux ou plusieurs
soumissionnaires que l'emprunteur en ait connaissance ou non visant à
maintenir artificiellement les prix des offres à des niveaux ne
correspondant pas à ceux qui résulteraient du jeu de la
concurrence.
- pratiques coercitives : Par pratiques coercitives,
la Banque entend toute forme d'atteinte aux personnes ou à leurs biens
ou de menaces à leur encontre afin d'influencer leur action au cours de
l'attribution ou de l'exécution d'un
marché.42
41 Communication
spéciale du Président Camerounais Paul BIYA à l'occasion
du Conseil Ministériel du 12 septembre 2007, citée par la CONAC
dans son rapport sur l'état de la lutte contre la corruption au
Cameroun, 2011.
42 Banque mondiale : «
Directives de Passation des Marchés de fournitures, de travaux et de
service autres que les services de consultants », instructions aux
soumissionnaires, janvier 2011.
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2) L'évaluation et l'attribution du marché
à un soumissionnaire
La Banque mondiale a prévu que
l'évaluation et l'attribution du marché à un
soumissionnaire se déroule en toute confidentialité : «
Aucune information relative à l'examen, à l'évaluation,
à la comparaison des offres, et à la vérification de la
qualification des soumissionnaires, et à la recommandation d'attribution
du marché ne sera donnée aux soumissionnaires ni à toute
autre personne non concernée par ladite procédure tant que
l'attribution du marché n'aura pas été rendue publique.
Toute tentative faite par un soumissionnaire pour influencer l'acheteur lors de
l'examen, de l'évaluation, de la comparaison des offres et de la
vérification de la qualification des candidats ou lors de la
décision d'attribution peut entraîner le rejet de son offre.
(...). Si un soumissionnaire souhaite entrer en contact avec l'acheteur pour
des motifs ayant trait à son offre, il devra le faire par écrit.
»43. De même si la commission d'analyse voudrait que le
soumissionnaire lui fournisse des informations supplémentaires devant
lui permettre de mieux analyser son offre, celle-ci peut le saisir en lui
adressant une demande d'éclaircissement.
En effet, il est utile de souligner que
conformément aux stipulations des IS44, la Sous-commission
(SCA) d'analyse se penche sur :
1 - L'examen préliminaire des offres,
qui a pour objectif :
ü de vérifier la présence et
l'authenticité des pièces exigibles,
ü de contrôler le pays de provenance de
l'offre,
ü de vérifier la validité de la
garantie,
ü d'évaluer la conformité pour
l'essentiel.
2 - L'examen détaillé des offres,
qui consiste pour la SCA à s'assurer que :
(i) l'Offre technique, contient :
ü l'autorisation du fabriquant de
l'article,
ü Les références ou
l'expérience professionnelle du soumissionnaire dans la fourniture des
articles similaires à ceux du marché,
ü L'engagement à effectuer un service
après vente,
ü Les spécifications techniques, les
services connexes,
ü vérifier les omissions, corriger les
erreurs pouvant avantager ou désavantager un
soumissionnaire.
43 Banque mondiale : «
Directives de Passation des Marchés de fournitures, de travaux et de
service autres que les services de consultants », instructions aux
soumissionnaires, janvier 2011
44 IS 33 sur l'examen des
offres et IS 40.1 sur l'attribution du marché.
(ii)
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l'offre administrative ; vérifier qu'elle comporte
:
y' Une attestation de non exclusion des marchés
délivrée par l'autorité
compétente et datant de moins de trois
mois,
y' Une attestation de non faillite
délivrée par le Tribunal de Première Instance
datant de moins de trois mois.
y' Une copie de la quittance d'achat du DAO,
y' Un registre de commerce,
y' Une patente en cours de validité,
y' Un plan de localisation,
y' Une carte de contribuable,
y' Une attestation d'employeur délivrée
par l'autorité compétente.
Il est constant dans les directives que, l'absence
d'une pièce administrative n'entraine
pas le rejet de l'offre du soumissionnaire, mais
celui-ci doit la présenter ultérieurement à la
signature du contrat si le marché lui est
attribué.
(iii) l'offre financière doit fournir
:
y' Une garantie de l'offre45 valable selon les
délais prescrits par le DAO,
y' Le bordereau de prix (il existe en trois
modèles : un qui concerne la
marchandise achetée dans le pays de l'acheteur, le
second pour la marchandise
à importer, le dernier pour la marchandise
déjà importée).
y' Une lettre de soumission,
y' Un rapport financier (il doit ressortir le chiffre
d'affaire) visé par un expert
comptable lorsque la capacité financière
est retenue comme l'un des sous
critères de sélection.
(b) Les conditions d'approvisionnement des
fournitures
Quant aux conditions d'approvisionnement des
fournitures les articulations du DAO y
relatives prévoient:
- les bordereaux de quantités,
- le calendrier de livraison,
- les spécifications techniques,
- le(s) plan(s),
45 Nous avons noté que
la garantie de l'offre est une caution financière délivrée
par une banque et d'une valeur de 0,02 % du montant total du
marché.
30
- l'Inspection et Essais.
(c) Les aspects liés à la gestion du
marché
Les aspects relatifs à la gestion du
Marché ou contrat préconisés dans le DAO se fondent sur
:
- le Cahier des clauses administratives
générales (CCAG) ;
- le Cahier des clauses administratives
particulières (CCAP) ; - les formulaires du Marché.
Le CCAG a pour rôle de donner une
définition d'un certain nombre de notions (fraude, corruption etc.), de
préciser les normes régissant le marché (droit applicable,
assurance, droit d'auteur, transport, force majeur...), tandis que le CCAP
précise le CCAG et ses dispositions prévalent lorsqu'il y a des
contradictions.
En général, les Cahiers de clauses
administratives générales et de Clauses administratives
particulières déroulent un certain nombre de mesures applicables
dans la réalisation du marché qui confèrent une valeur
juridique au DAO dont on peut examiner la portée et les
effets.
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