II - LES CAUSES ENDOGENES : LE CADRE INSTITUTIONNEL ET
LA
QUALITE DE LA GOUVERNANCE
L'analyse des causes endogènes de sous
consommation des crédits de financement mis à disposition dans le
cadre du PFTT, ne peut ignorer les faiblesses qui seraient dues à
l'environnement institutionnel dans lequel il se déploie (A), et
même à la qualité de la gouvernance pratiquée dans
les pays de la sous région CEMAC (B).
A- LE CADRE INSTITUTIONNEL
Les pays de l'Afrique subsaharienne en
général, et ceux de la zone CEMAC en particulier totalisent en
moyenne cinquante années d'indépendance. Cet âge peut
paraitre relativement jeune si on le compare à celui des pays
occidentaux qui comptent des siècles de civilisation.
De ce point de vue, on peut admettre comme le souligne
Lavagnon A.IKA, que les institutions sont vulnérables au
clientélisme, à la gabegie, à la corruption, au clanisme
et au népotisme. Le secteur privé est peu développé
compte tenu de l'absence de la thésaurisation et de la faiblesse des
capacités de capitalisation.
Cependant ces tares décriées
relèvent d'une époque certes récente en Afrique, mais de
en plus dépassée. De nos jours, il n'est plus courant de
rencontrer de tels agissements en ce qui concerne particulièrement la
mise en oeuvre du PFTT en raison des influences comportementales issues du
transfert des pratiques du bailleur à l'emprunteur. On note par contre
dans la gestion du projet des difficultés relatives à une
concentration du pouvoir au niveau des Maitres d'ouvrages et un
bicéphalisme managérial qui s'observe dans le fonctionnement des
Cellules de suivi de l'exécution du projet avec tantôt une
approche fonctionnelle du type autonome, tantôt une approche
fonctionnelle du type centralisé, ce qui ne semble pas favoriser la
réalisation efficace et efficiente du projet. Il se pose donc un
problème à prendre au sérieux relatif au cadre organique
et fonctionnel du projet.
Dans ce sens Lavagnon A.IKA dans : « La gestion
des projets d'aide au développement : historique, bilan et perspective
», en se référant aux évaluations menées par
la Banque mondiale, fait retenir avec Youker (1999), les problèmes
ci-après que nous
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réaffirmons la pertinence s'agissant du Projet de
facilitation du transport et du transit en zone
CEMAC. Il s'agit entre autre :
- du manque de consensus sur les objectifs entre les
parties prenantes et l'équipe de
gestion de projet;
- d'une détermination insuffisante des parties
prenantes;
- de l'absence de planification opérationnelle
détaillée lot par lot;
- d'un flou dans la chaîne d'autorité, les
coordonnateurs de projets n'étant pas assez
autonomes des institutions et de la hiérarchie
institutionnelle locale;
- de la rareté des ressources humaines et
matérielles;
- du faible niveau de « feedback » et l'absence
de mécanismes de contrôle et de
détection des problèmes;
- d'une analyse des risques insuffisante et l'absence de
mesures de contingence;
- d'une bureaucratie administrative nationale tatillonne
et des processus de gestion de
projet codifiés par le bailleur de fonds qui
ralentissent l'exécution des tâches.
Par ailleurs, l'analyse du modèle
opérationnel de la gouvernance est aussi importante
pour comprendre, si les pratiques démocratiques en
vigueur dans les pays impliqués au projet
favorisent l'atteinte des objectifs poursuivis dans la
zone CEMAC.
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