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Gouvernance

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par Eugène TOUNDE
Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC) - Master 2 2010
  

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B - LES CONSEQUENCES ET LES PERSPECTIVES

Compte tenu de la situation de dépendance à l'emprunt externe qui pèse sur les Etats de la CEMAC, on est enclin à remettre en cause tout au moins pour ce qui concerne la Banque mondiale avec le PFTT, l'idée selon laquelle dans la gouvernance multi-niveaux il n'y a point de rapport de domination tel que l'avait exprimée Marie-Claude Smouts, Dario Batistella, Pascal Vennesson55. Cette remise en cause qui n'est pas la négation du principe énoncé d'une absence de domination, mais sa remise en cause en pratique pour relever simplement que l'exemple que nous offre la mise en oeuvre du PFTT avec la Banque mondiale a l'initiative de l'élaboration des procédures applicables ; l'octroi des moyens nécessaires pour le financement ; le suivi de l'exécution des directives en vigueur, cache mal une inégalité dans les rapports entre cette institution et les pays bénéficières. Toute chose qui ne rentre pas dans la vision de la gouvernance multi-niveaux et donne raison à Marie Claude dans : « Du bon usage de la gouvernance » lorsqu'elle soutient que, le concept de gouvernance est lié à ce que les grands organismes de financement en on fait ; un outil idéologique pour une politique de l'Etat au minimum.

L'incapacité des gouvernements de la sous région à initier et financer les projets sans tendre la main à l'aide ou l'emprunt extérieur perpétue l'idée selon laquelle les Africains sont les éternels assistés.

De même, la dette des Pays Africains est devenue un véritable caillou dans la chaussure qui gène la marche vers l'émergence. En 2002, la dette extérieure de l'Afrique subsaharienne s'élevait à 204 milliards de dollars ; elle a donc été multipliée par 3,4 depuis 1980. Toujours en 2002, l'Afrique subsaharienne s'est saignée aux quatre veines pour rembourser la somme de 13,4 milliards de dollars au titre du service de la dette (capital + intérêts). Si on considère la période entre 1980 et 2002, c'est plus de 250 milliards de dollars qui ont été remboursés, soit quatre fois la dette de 1980. Ainsi, pour 1 dollar dû en 1980, l'Afrique en a remboursé quatre mais elle en doit encore quatre. Entre 1998 et 2002, les pouvoirs publics d'Afrique subsaharienne ont reçu en prêts 34.826 millions de dollars tandis

55 Marie-Claude Smouts, Dario Batistella, Pascal Vennesson « Dictionnaire des relations internationales », Paris Dalloz, 2è éd, 2003, p251.

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qu'ils ont remboursé 49.273 millions de dollars. Bref, ils ont transféré en faveur des créanciers du Nord, plus de 15.000 millions de dollars (transfert net négatif sur la dette publique).Chaque année, l'Afrique subsaharienne paie au titre du service de la dette plus que l'addition des budgets de santé et d'éducation de toute la région.56

Des inquiétudes profondes persistent quant à la volonté et la capacité des dirigeants Africains à laisser aux générations futures des Etats économiquement émergents, socialement en paix et politiquement gouvernables.

Si l'on considère l'analyse faite par Eric TOUSSAINT, pour rembourser sa dette extérieure entièrement libellée en devises fortes, l'Afrique subsaharienne doit utiliser une partie considérable de ses revenus d'exportation. Aussi le rapport entre le montant de la dette et les recettes annuelles d'exportation constitue-t-il un indicateur pertinent de la gravité de la situation. La dette représentait en 2000, environ 250% des revenus d'exportation du sous-continent (Afrique du Sud mise à part).

Tableau 2. : Quelques pays dont la dette représentait plus de 300% des revenus d'exportation en 1999 (World Bank DGF 2001).

Cameroun

418 %

République Centrafricaine

592 %

TCHAD

362 %

Ethiopie

588 %

Guinée

428 %

Guinée Bissau

1 604 %

Mali

430 %

Eu égard à ce qui précède, il y a urgence de penser le développement de l'Afrique autrement. Il est déterminant d'aller vers une vision du développement local qui privilégie le choix des solutions propres avec des ressources locales. C'est véritablement dans une approche interculturelle de l'écodéveloppement que l'Afrique centrale doit se s'orienter pour non pas rattraper l'écart de croissance qui le sépare des pays dits développés, mais bâtir sa vision de croissance.

56 Eric TOUSSAINT : « Endettement de l'Afrique subsaharienne au début du XXIe siècle. L'Afrique : créancière ou débitrice ? »

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En effet, vouloir penser l'intégration de l'Afrique au moyen des politiques publiques régionales demeure une heureuse initiative. Mais pour qu'elle soit efficace c'est- à-dire pour qu'elle réponde aux besoins des populations il est nécessaire qu'elle puise sa source dans les piliers fondamentaux du développement tel que perçu de l'Afrique : la solidarité sociale, l'efficacité économique, la responsabilité écologique, la responsabilité interculturelle. Ces éléments qui caractérisent le développement durable doivent au niveau de l'Afrique ouvrir la voie à l'écodéveloppement. Dans ce sens (Ignacy Sachs, 1980), conçoit l'écodéveloppement comme « un développement des populations par elles mêmes, utilisant au mieux les ressources naturelles, s'adaptant à un environnement qu'elles transforment sans le détruire ».

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway