II- INTERET DU SUJET
L'intérêt de la présente
étude est de montrer que le développement de l'Afrique en
général, et celui de la sous région CEMAC en particulier
n'est plus le fait des seuls Etats. Nous sommes en présence d'une remise
en cause de la conception selon laquelle, se sont seules les élites
gouvernementales qui élaborent et mettent en oeuvre les politiques,
programmes et projets facilitant le développement entre les Etats et les
peuples. A l'image des Etats, les regroupements régionaux comme la CEMAC
connaissent l'influence des organisations internationales qui contribuent
largement aux transformations et à l'approfondissement du processus
d'intégration. Dans ce cas, les Etats ne sont plus seuls à
maîtriser l'agenda de leur intégration, tout comme ils ne sont
plus les seuls à connaître l'influence des organisations
internationales en matière de mutation des pratiques sociopolitiques et
d'approfondissement de l'intégration. Comme ce fut le cas en
Amérique latine et ensuite en Afrique où le « Consensus de
Washington » promu par les institutions financières internationales
(IFI), a influencé les Etats dans les transformations politiques,
sociales et économiques, les regroupements régionaux connaissent
également l'influence des
normes et des pratiques proposées par les IFI
en vue de l'amélioration du développement
régional.
A cet effet, notre travail a le mérite de
montrer que les Etats ne sont plus les seuls à élaborer et
à mettre en oeuvre leur développement d'une part, et d'autre
part, qu'ils ne sont plus les seuls à connaître l'apport des
organisations internationales dans le domaine des transformations
sociopolitique et économique. Les regroupements régionaux
à l'instar de la CEMAC sont aussi dans cette double situation de
dépossession du monopole de l'agenda de l'intégration et
d'influence des institutions internationales.
Nous pensons que cette étude qui sanctionne
deux années de formation de master 2 en Relations internationales,
option, Coopération internationale, action humanitaire et
développement durable (CA2D), à l'Institut des relations
internationales du Cameroun (IRIC), en partenariat avec l'Université
Cà Foscari de Venise en Italie, pourra contribuer au plan social
à déconstruire une certaine perception erronée des
populations à l'égard des élites nationales comme seuls
vecteurs du changement. Au plan scientifique qu'elle permette d'offrir au
milieu universitaire une base d'information concernant l'implémentation
d'une politique publique dans un projet intégrateur insuffisamment connu
du grand nombre des citoyens.
Grâce à sa population estimée
à Vingt millions11 d'habitants sur les trente quatre que
compte la zone CEMAC, à son port maritime et son avancée
technologique12 par rapport à d'autres pays de la sous
région, le Cameroun peut être considéré comme la
locomotive du processus d'intégration en Afrique centrale. La signature
des Accords de partenariat économique (APE) intérimaire
intervenue en janvier 2009 entre, le Cameroun et l'Union-européenne et
leur entrée en vigueur nécessitent que son économie
s'arrime aux normes internationales et qu'elle devienne compétitive pour
résister à la concurrence au niveau du marché
européen. Les mutations institutionnelles, l'exigence d'une bonne
gouvernance
11 Les résultats du
dernier recensement de la population organisé en 2003 évaluent
à 20 millions d'habitants la population Camerounaise (source BUCREP
Cameroun).
12 Dans un encart
intitulé « Backbone Tchad-Cameroun l'intégration sous
régionale par les TIC » signé Danna'a Bit Younouss,
publié dans le quotidien Cameroun Tribune, N° 10124/6325 du jeudi
28 juin 2012, l'auteur fait savoir que les gouvernements Tchadien et
camerounais ont signé le 29 décembre 2011 à
Yaoundé, un mémorandum d'entente (...) qui a été
matérialisé par la signature le vendredi 30 décembre 2011,
d'un accord commercial et technique entre le Directeur Général de
Camtel coté Camerounais et celui de la Société des
infrastructures coté Tchad (...), au-delà de son objectif global,
à savoir l'intégration des réseaux de transmission des
deux pays voisins, le BTC devra entre autre sécuriser les communications
électroniques par la création des axes de restauration
mutuels.
8
impulsée par la Banque mondiale dans la mise en
oeuvre du PFTT sont des signes visibles que la zone CEMAC a une
opportunité et les moyens de relever son niveau de développement.
Il faudra néanmoins que les objectifs poursuivis soient atteints pour
mesurer l'efficacité du projet.
Il n'est pas exagéré de souligner qu'au
stade actuel de nos investigations, cette étude est la première
du genre qui porte sur l'analyse de la gouvernance multi-niveaux en Afrique
centrale, relativement au Projet de facilitation du transport et du transit en
zone CEMAC.
|