Paragraphe 3 : Evolution et tentative de normalisation de
la politique pétrolière depuis le retour de la
démocratie.
A- Démocratie et volonté de clarification
de la gestion pétrolière :
Le 27 février 1999, le général OBASANJO
est élu président de la république du Nigéria avec
63% des suffrages exprimés. Cette transition politique, après 16
ans de pouvoir sans partage de Sani ABACHA, est souvent
considérée comme le retour à la démocratie. S'il ne
s'agit pas à proprement parlé de l'arrivée au pouvoir d'un
civil, le nouveau chef de l'Etat, par son élection démocratique
et son passé de facilitateur de la courte transition civile entre 1979
et 1983, apparait comme l'homme de la situation dans un Nigéria au ban
de la communauté internationale. Un des objectifs du nouveau
président est de réconcilier le pays avec les différents
bailleurs de fonds internationaux et le Commonwealth. Il souhaite
également faire de la bonne gouvernance un principe majeur dans la
gestion du pétrole.
A son arrivée au pouvoir, le général
OBASANJO trouve un pays pauvre mais dont la production pétrolière
est une des plus importantes en Afrique. La filière évolue dans
une relative opacité propice aux détournements de fonds et
à la corruption. Une des premières décisions que le chef
de l'Etat favorise, après son élection, c'est l'augmentation du
pourcentage des revenus du pétrole à reverser aux Etats
producteurs. Celui-ci passe de 3% en 1992 à 13% à partir de l'an
2000.191Cette décision permet l'arrivée de moyens
financiers substantiels dans les Etats producteurs du sud. La région du
Delta du Niger reçoit ainsi, en huit ans, 3,07 trillions de Nairas, soit
près de 30 milliards de dollars américains.192
Même si une grande partie de ces sommes est souvent
détournée, l'augmentation de leur pourcentage apparait comme un
pas vers le règlement de l'injustice dont ont été
victimes, pendant plusieurs années, les populations des régions
pétrolifères. Le chef de l'Etat supprime également,
malgré un avis contraire de la cour suprême en avril 2002, le
principe de dichotomie.193Il met ainsi un terme à un principe
qui asphyxiait les régions pétrolières en les privant de
moyens financiers substantiels.
191 - Voir Philippe Sébille Lopez, « les
hydrocarbures au Nigéria et la redistribution de la rente
pétrolière », in Afrique contemporaine n° 216, avril
2004, p
192 - Ukoha Ukiwo, « le Delta du Niger face à la
démocratie virtuelle du Nigéria », in Politique
Africaine, le Nigé-ria sous Obasanjo, violences et démocratie,
Karthala, n°106, juin 2007, p.128-147.
193 - Op.cit.
Noah Noah Fabrice, Science po 5, Université de
Yaoundé II-Soa. Page 41
Enjeux énergétiques et insécurité
dans le golfe de Guinée : contribution à l'étude des
menaces liées a la ruée vers le pétrole au
Nigéria.
Depuis 1999, deux transitions démocratiques ont eu lieu
au Nigéria : une en 2007 avec l'élection d'Umaru Moussa
YAR'ADUA, l'autre en 2010, qui voit Goodluck Jonathan arriver au
sommet de l'Etat, après avoir assuré l'intérim suite au
décès brutal de son prédécesseur. Le point commun
entre tous ces gouvernements de l'ère démocratique est, sans
conteste, leur volonté d'ouvrir et de démocratiser la gestion de
l'industrie pétrolière. Les chantiers initiés par
OBASANJO, au moment du retour à la démocratie, seront poursuivis
par ses successeurs.
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