2.2.2.3. Théorie liée aux facteurs
institutionnels et pédagogiques
Les principaux tenants de cette théorie sont
François Dubet (1989, 1994, 1996) et Alain Touraine (1989, 2000).
Les facteurs institutionnels et pédagogiques dont il
est question dans cette théorie font référence aux
caractéristiques propres de l'école (situation
géographique, climat organisationnel, qualité et quantité
des infrastructures...), aux caractéristiques de la classe (dimension
des salles, effectif des élèves...) et les
caractéristiques liées aux enseignants (motivation, niveau de
qualification professionnelle, expérience...).
Selon Dubet (1989),
« c'est à partir de motivations diverses que les
élèves, les collégiens, les lycéens et les
étudiants construisent leur propre expérience scolaire et le sens
qu'ils donnent à leur scolarité. Pour lui, ce sens des
études n'est pas donné mais il est construit par chaque
élève. Bien entendu, cette construction dépend de la
manière dont chacun se situe dans le système ».
Par ailleurs, Dubet (1994) estime que :
« les élèves issus des familles
éducogènes perçoivent l'utilité des
études d'autant plus que la culture scolaire leur est familière
et qu'ils possèdent la liberté d'agencer leurs goûts, de
choisir leur formation. Au contraire, quand les élèves sont mal
placés c'est-à-dire quand ils sont issus de familles non
éducogènes, quand leurs études ne semblent
guère utiles, quand une barrière sépare leur monde social
et le système scolaire, quand ils n'ont pas véritablement choisi
leur formation, il leur est difficile de construire des motivations et
d'agencer le sens qu'ils accordent à leurs études ».
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Pour l'auteur, dans ces conditions, ces deux catégories
d'apprenants qui ne vivent pas l'école et les études de la
même manière ne peuvent pas produire les mêmes
résultats.
Pour Touraine (1989), « depuis cinquante ans, on a
été sensible grâce à la sociologie de
l'éducation au fait que l'école reproduit des
inégalités, renforce les différences au lieu de les
diminuer ». De plus selon Touraine (2000),
« il est utile de savoir que les résultats de
l'école dépendent des inégalités à
l'entrée. Mais aujourd'hui, poursuit-il, on est obligé de bien
voir que l'inégalité vient plu de ce qui se passe dans
l'école que de la situation sociale de départ qui ne compterait
grosso modo que pour un tiers. »
S'appuyant lui-même sur les travaux de Dubet (1989,
1994), Touraine (1989) souligne que :
« Des collèges fonctionnant dans le même
milieu social, des écoles ayant à peu près le même
recrutement ont des différences de résultats spectaculaires et
même de taux de violence. Ce qui signifie qu'on peut dire aujourd'hui que
le système scolaire à travers son mode de fonctionnement et
d'organisation, son climat disciplinaire, à travers l' «
effet-maître » et l' « effet-établissement », les
résultats et les conduites des élèves, à travers
l'investissement dans la scolarité et les rapports à
l'école, module les atouts inégaux et les conditions de
socialisation plus ou moins favorables pour faire réussir ou faire
échouer. Ainsi, l'école est donc responsable pour le meilleur
comme pour le pire ».
Bref, pour Touraine (2000 : 25), « l'école est
active, elle crée les inégalités plutôt que de les
diminuer ».
Cette théorie peut expliquer partiellement nos
résultats. Pour une explication intégrale de nos
résultats, nous faisons recours à la quatrième
théorie.
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