2.2.2.4. La théorie des acteurs
stratégiques
Encore appelée la théorie de «
l'individualisme méthodologique » ou « la théorie du
choix rationnel », la théorie des acteurs stratégiques est
élaborée par Raymond Boudon (1973, 1977, 1979, 1990).
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En effet, Boudon (1973, 1977, 1979)
« récuse toutes les théories qui assimilent
les processus générateurs des inégalités à
des mécanismes d'héritage et met en avant «
l'agrégation des décisions individuelles d'acteurs
intentionnels ». Il estime que l'orientation serait choisie au terme
d'un calcul coût-avantage, intégrant un certain nombre de
paramètres à savoir les avantages et les désavantages
présents et futurs d'ordre social, financier, psychologique de tel
choix
scolaire ainsi que les risque à savoir l'échec
scolaire, chômage » (Duru-Bellat et
Van Zanten, 2007 : 212). Selon le même auteur,
« le rendement et le risque d'une formation sont
valorisés différemment selon la classe sociale. Les choix et les
ascendances sociales qui en découlent sont donc différents selon
les individus. La faible mobilité sociale s'explique ainsi non comme le
résultat de la reproduction d'une « classe dominante
» mais comme un effet de système
engendré par l'agrégation des comportements et
stratégies individuelles » (Boudon, 1973)
Selon Boudon, « l'analyse sociologique part alors
nécessairement de l'acteur puisque l'explication d'un
phénomène social suppose la reconstruction des motivations des
acteurs sociaux qui l'ont produit. C'est ce qu'il appelle l'individualisme
méthodologique » (Duru-Bellat et Van Zanten, 2007 : 211).
De plus pour Boudon, « c'est la stratification sociale
qui, par l'intermédiaire des stratégies d'acteurs situés
socialement, constitue « le principal facteur responsable de
l'inégalité des chances scolaires comme de
l'inégalité des chances sociales » (Duru-Bellat et Van
Zanten, 2007 : 214).
Par ailleurs, Boudon (1973, 1977) estime que les individus
procèdent tout au long de leur carrière scolaire à des
calculs coûts-avantages. Ces calculs s'opèrent non seulement sous
la contrainte des coûts matériels mais aussi et surtout sous
l'influence des données sociologiques de chaque individu :
catégories socioprofessionnelles des parents, niveaux d'étude des
parents, statut social des parents, etc.
Pour Berthelot (1983), la relation entre le milieu social de
l'enfant et sa trajectoire scolaire résulte des pratiques d'acteurs
usant du « champ scolaire en
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fonction de leurs intérêts propres et des enjeux
qu'ils y découvrent » (cité par Duru-Bellat et Van Zanten,
2007 : 210).
La théorie des acteurs stratégiques en accordant
une grande place à l'acteur lui même c'est-à-dire à
l'élève ou l'étudiant à travers ses
stratégies, ses choix rationnels, paraît également
pertinente pour expliquer nos résultats surtout d'ordre individuel.
Nous inscrirons notre étude dans le cadre de la
théorie liée aux facteurs économiques, la théorie
liée aux facteurs institutionnels et pédagogiques et la
théorie des acteurs stratégiques.
Nous jugeons ces trois théories complémentaires.
Elles sont adaptées à l'objet de notre étude et en cela,
elles peuvent mieux expliquer nos résultats d'autant plus que notre
recherche vise à expliquer les difficultés d'ordre
socio-économique, institutionnel et individuel liées à
l'élaboration des mémoires de maîtrise à la
FLESH.
La motivation et la capacité de l'étudiant
à écrire, l'aspiration scolaire, les infrastructures, les moyens
financiers et matériels, l'existence des bibliothèques bien
équipées en documents importants, le personnel enseignant sont
autant de facteurs indispensables pour expliquer les difficultés
liées à l'élaboration d'un mémoire de recherche.
Ainsi, l'élaboration d'un mémoire de recherche est une
compétence qui exige la mobilisation de plusieurs ressources à
caractère aussi bien socio-économique, individuel
qu'institutionnel et pédagogique.
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