SYNTHESE
A. Analyse de la tâche du rugby
I. Définitions
Le rugby est un « sport collectif de combat » dans
la définition donnée par Villepreux et coll. (2007). En effet, le
rugby se caractérise par un affrontement collectif régulé
par des règles. Cette définition est plutôt une
définition de terrain. C'est pourtant une des définitions qui
correspond le mieux aux exigences du rugby.
II. Évolution morphologique des joueurs
Les statistiques nous montrent que les exigences de jeu du
rugby moderne sont bien différentes du rugby d' il y a 30 ans (Maso et
coll., 1999). Maso et coll. vérifient cela en comparant les
caractéristiques anthropométriques et morphologiques des joueurs
en 1988, avec les caractéristiques anthropométriques et
morphologiques des joueurs en 1998, soit 10 ans plus tard. Il
s'intéresse également à savoir si ces
caractéristiques ont une influence sur la performance dans ce sport.
L'étude qu'ils mettent en place trois ans plus tard confirmera leur
hypothèse (Maso et coll., 2002). La première chose qui est
étudiée par les auteurs est l'évolution de la masse au
cours de ces 10 années. Maso et coll. (1999) observent une augmentation
linéaire de la masse corporelle des joueurs indépendamment du
poste occupé (en moyenne +7%). La deuxième chose qui est
étudiée est l'évolution de la taille des joueurs entre
1988 et 1998. Les résultats présentés dans cette
étude nous montrent que l'augmentation de la masse corporelle (+7%) est
directement corrélée à l'augmentation de la taille des
joueurs (+2,5%). Maso et coll. (2002) démontrent bien que les
qualités morphologiques et anthropométriques du rugby actuel ne
cessent d'augmenter et ils expliquent cela par le fait que les
présélections rugbystiques se font d'avantage sur les attributs
physiques que sur les qualités techniques. La masse corporelle se
décompose en deux parties: la masse grasse et la masse maigre. La masse
grasse chez les avants (16,9%) est significativement plus importante que chez
les arrières (12,8%) (Maso et coll., 2002). Les indices de taille et de
masse maigre apparaissent donc comme des facteurs déterminants de la
performance dans le rugby de haut-niveau. Effectivement, plus ces indices de
taille et de masse maigre seront importants, plus le joueur semble
prédisposé à être performant dans des situations
telles que sauter pour attraper le ballon en l'air, courir le plus vite
possible, sauter en touche ou encore pousser en mêlée.
III. Exigences physiologiques nécessaires à
la pratique du rugby
Les exigences physiologiques du rugby moderne ont
également subi une évolution du fait que les efforts
mesurés pendant les matchs ont également évolués.
En effet, le rugby moderne, majoritairement du à la
médiatisation, est devenu un jeu de mouvements et d'enchaînements
(Maso et coll., 2002). Pour optimiser ce type de jeu, les auteurs affirment que
l'augmentation de la masse maigre est un objectif prioritaire à prendre
en compte dans la
10
préparation physique du rugbyman. Maso et coll. (2002)
observent que le nombre d'enchaînements a diminué de presque 50%
(135 en 20 minutes de jeu dans les années 70 contre 62 en 35minutes de
jeu dans les années 2000) alors que la durée de ceux-ci s'est
multipliée par trois en près de trente ans (évoluée
de 10 secondes à 35 secondes actuellement). Cela est en accord avec les
analyses de Cometti (2007). Celui-ci dénombre un très grand
pourcentage de temps de récupération entre les actions (86,6%),
ce qui explique l'investissement au niveau musculaire demandé lors de
ces efforts. Villepreux et coll. (2007) confirment aussi cette évolution
concernant les exigences physiques du rugby moderne en affirmant que la
durée des séquences de jeu durent en moyenne plus de quarante
secondes actuellement. Hot et coll. (2004) se sont aussi
intéressés aux exigences physiques et physiologiques qui sont
requises pour le rugby moderne. Ils déterminent l'effort du rugby comme
une succession d'actions brèves mais très intenses, comme le
montre la fréquence cardiaque mesurée sur des rugbymans lors d'un
match (175 bts/min pour les avants et 150 bts/minutes pour les
arrières). Releave et coll. (2008) démontrent aussi, par le biais
d'analyses statistiques, que les efforts au rugby sont de type explosif
intermittent avec un temps de travail court (entre 5 et 15 secondes) et une
durée de récupération longue (environ 40 secondes) dont le
ratio moyen entre ces deux valeurs est d'environ 1/1,8. On retrouve ce type de
travail dans les phases de lutte, de sprint, de soutien, de placage, etc. Les
métabolismes anaérobies sont donc fortement sollicités
pour des actions de type explosive (Girardi, 2002).
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