CONCLUSION
L'analyse du rugby moderne nous montre donc l'importance de
développer l'explosivité des membres inférieurs (Cazorla
et coll., 2004) afin d'être capable de créer la plus grande
accélération possible, ce qui peut être déterminant
lors des phases où le joueur doit vaincre son ou ses adversaires
directs. L'explosivité se traduit par la capacité d'un muscle ou
d'un groupe musculaire à produire un maximum de force en un minimum de
temps, autrement dit d'engendrer la plus grande quantité de mouvement
possible (Miller, 2006). Cette quantité de mouvement se traduit par le
produit d'une mise en accélération segmentaire la plus grande
possible et de la masse du sujet. Le but de cette recherche était de
faire le point sur les différents facteurs de développement de
cette force explosive et les principales adaptations possibles
transférables au rugby et plus particulièrement aux jeunes
rugbymen.
Nous avons donc pu constater qu'il existe quatre facteurs
principaux qui limitent le développement de l'explosivité. Parmi
ces facteurs, nous pouvons laisser une place très importante à
l'amélioration de la force maximale. En effet, une augmentation de la
force maximale permettrait de réduire le temps d'obtention du pic de
force pour les charges sous-maximales, d'après la relation
charge-vitesse, ce qui est l'une des premières caractéristiques
de la force explosive. Autrement dit, plus la force du sujet est grande, plus
la capacité de celui-ci à vaincre les forces extérieures
sera grande. De plus, le travail de force maximale permet un recrutement
spatio-temporel optimal des unités motrices rapides (Miller et coll.,
1997). Ce développement de la force maximale n'est intéressant
que s'il n'altère pas les qualités de vitesse et d'activation
nerveuse du sujet. Autrement dit, ce type d'entrainement doit absolument
être exécuter à vitesse maximale et à charges
maximales. Même si la vitesse d'exécution du mouvement est faible,
il s'agit pour l'individu d'essayer d'être le plus rapide possible. Il
est également important de rendre compte de la transformation et de
l'utilisation des fibres rapides. En effet, plus le muscle est composé
de fibres rapides, plus celui-ci sera pré-disposé à
pouvoir produire une force explosive. Ces fibres vont permettre au muscle
d'avoir une vitesse de raccourcissement la plus brève possible ainsi
qu'une force développée supérieure à celle qu'il
est possible de produire avec un muscle composé principalement de fibres
lentes. Il est possible, par l'entraînement de modifier la composition
d'un muscle en type de fibres spécialisées. En effet, un
entrainement en vitesse, avec des charges pouvant être mobilisées
rapidement, permet au muscle de solliciter majoritairement des fibres IIb
(fibres rapides). L'explosivité fait aussi appel à la raideur de
la composante élastique série (CES). Celle-ci doit être
rendue la plus raide possible afin de favoriser la transmission de la force. De
plus, augmenter la raideur de la CES permet de réduire la durée
du cycle étirement-raccourcissement, ce qui permet de réduire par
la même occasion la durée de l'impulsion (Millet et Le Gallais,
2007). Un autre déterminant de la force explosive est la coordination
intra et intermusculaire. En effet, sans
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coordination, il est impossible de produire une force
explosive optimale. De plus, nous avons vu que les organes tendineux de Golgi
jouaient un rôle protecteur de l'organisme face à des tensions
musculaires trop importantes. Le but d'un entrainement en force va être
également d'inhiber les récepteurs de Golgi placés aux
jonctions des muscles et des tendons afin de pouvoir produire plus de force et
d'augmenter la vitesse de contraction de chaque muscle pour chaque niveau de
force (Duchateau, 1997). Il faut également s'intéresser à
la synergie musculaire. En effet, le niveau d'activation des muscles est
différent selon la position articulaire lors du mouvement. De ce fait ,
il est important de considérer le travail de l'explosivité dans
la position articulaire similaire à celle de compétition.
Pour développer l'explosivité chez les jeunes
rugbymen, nous avons vu qu'il serait intéressant de travailler avec une
méthode adaptée à leurs capacités. Il est possible
d'utiliser une méthode isométrique, telle que la méthode
stato-dynamique, ou encore une méthode pliométrique telle que les
rebonds horizontaux ou verticaux. La méthode par contraste de charge
permet également au jeune rugbyman de développer sa force
maximale tout en développant en même temps la force explosive
(Cometti, 2009) mais seulement si l'intensité de l'exercice est
suffisante et adaptée (Dupont et Bosquet, 2007).
Pour conclure, nous pouvons dire que le développement
de la force explosive est un processus complexe qui est influencé par
beaucoup de facteurs qui peuvent être améliorés par
l'entrainement. Il serait également intéressant de voir si un
processus d'entrainement combinant la méthode pliométrique et la
méthode stato-dynamique permettrait d'obtenir de meilleurs
résultats.
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