Introduction
En s'intéressant aux différentes qualités
physiques nécessaires aux rugbymen de haut-niveau, nous avons pu
remarquer que le style de jeu au rugby est en constante évolution depuis
les années 1990. Cela est en grande partie dû à la
médiatisation de ce sport et l'arrivée du professionnalisme en
1995. Nous avons pu constater que les données anthropométriques
des joueurs ont également suivi une constante évolution, comme le
poids des joueurs qui a augmenté de 4 à 12% selon les postes de
jeu et la taille qui a augmenté de 3% environ (Maso et coll., 1999). Ces
nombreux changements ont donc provoqué un changement radical dans les
qualités physiques nécessaires à la pratique du rugby de
haut-niveau. Notamment, nous avons pu voir que les qualités de
mobilité et de capacité à répéter des
actions intensives et de courte durée sont devenues la priorité
des joueurs actuels, indépendamment du poste occupé (Cometti,
2007). D'autre part, bien que le nombre d'enchainements dans un match ait
sensiblement augmenté, la durée des actions dans ces
enchainements n'a pas pour autant diminué (Girardi, 2002). Cela nous
fait donc nous interroger sur les nouvelles qualités musculaires que les
joueurs doivent développer prioritairement afin d'être les plus
performants possibles. Millereau (2007), nous démontre que les
qualités d'adresse, d'endurance et de puissance sont des qualités
essentielles dans le rugby moderne. C'est principalement la dernière qui
nous intéresse dans cette étude, à travers ses deux
composantes qui sont la force et la vitesse. Nous allons nous pencher plus
particulièrement sur cette dernière composante qui doit
être au centre de la préparation physique du rugbyman. Millereau
(2007) décompose cette composante en vitesse de pointe, vitesse
gestuelle et explosivité. Dans le cadre de cette étude, nous nous
intéresserons uniquement aux qualités d'explosivité ou de
force explosive des rugbymen.
Nous avons donc pour objectif de décrire
précisément ce qu'est l'explosivité et les
différentes formes sous lesquelles elle peut se présenter selon
le profil des individus. Tout d'abord, nous pouvons commencer par distinguer
deux formes d'explosivités qui peuvent être présentes dans
le rugby moderne. En effet, selon la spécificité des postes, nous
verrons apparaitre deux profils différents entre les avants et les
arrières. Les avants ont généralement pour mission de
produire de très grosses accélérations à partir
d'une vitesse nulle, en sortie de mêlée ou après une
touche, ce que nous pouvons assimiler à un profil dit puissant-fort
(Girardi, 2002). En revanche, pour les arrières, ils ont surtout pour
consignes de produire de grosses accélérations à partir
d'une vitesse non-nulle lors de débordements de lignes adverses ou
encore lors d'une prise d'intervalle. Dans ce registre, nous demanderons
plutôt aux joueurs de développer un profil dit puissant-vite
(Girardi, 2002). Les termes de puissance-force et de puissance-vitesse sont des
déclinaisons du terme puissance, qui est le produit de la force par la
vitesse. Ce que nous pouvons dire des termes de puissance-force et de
puissance-vitesse, c'est qu'ils sont directement interprétables à
partir d'une courbe force-vitesse
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(voir figure 1). En effet, nous pouvons dire d'un joueur qu'il
est puissant-fort si l'allure de sa courbe force-vitesse a une tendance
à montrer un niveau de force élevé et un niveau de vitesse
faible. En revanche, plus la courbe sera à l'avantage de la vitesse par
rapport à la force, plus le profil du joueur sera dit puissant-vite
(Girardi, 2002). Cette différence de profil est à prendre en
compte dans le cadre de la préparation physique qu'il convient d'adapter
au mieux aux caractéristiques attendues du rugbyman.
Figure 1: Courbes Force-vitesse et Puissance-vitesse
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Miller et coll. (1997) décrivent l'explosivité
comme la capacité du système à produire un maximum de
force dans un laps de temps le plus petit possible. Autrement dit, cette
expression de l'explosivité peut s'apprécier au travers d'une
courbe force-temps (voir Figure 2). Cette courbe nous indique quelle est la
quantité de force que le sujet est capable de produire ou quelle est la
force maximale de cet individu mais aussi la durée pendant laquelle il
exprime sa force. Lorsque l'on demande à un sujet d'être explosif,
on s'intéresse prioritairement à la phase de temps d'obtention du
pic de force, c'est-à-dire en combien de temps le sujet est capable
d'atteindre sa force maximale. Cette information est très
intéressante lorsque l'on sait que ce qui est déterminant
actuellement au rugby n'est plus tant la force maximale du sujet mais
plutôt sa capacité à produire celle-ci le plus rapidement
possible. Ceci s'explique par le fait que la durée des actions est de
plus en plus courte dans le rugby de haut-niveau et que ces actions sont de
plus en plus intenses (Cometti, 2007).
Ainsi, le but principal de ce mémoire est de prouver
l'efficacité de la méthode par contrastes de charge sur le
développement de la force explosive des membres inférieurs ainsi
que son éventuel transfert sur des actions de type sprints sur courtes
distances.
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Figure 2: Courbe Force-temps
Pic de force
Temps d'obtention du pic de force
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Revue de littérature
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