2.2 Le contexte socio-historique du pentecôtisme
Dans cette deuxième section de ce chapitre, il est
question de présenter le contexte socio-historique de l'émergence
du pentecôtisme à travers le monde, au Congo-Kinshasa, au Katanga
et à Lubumbashi. Elle est subdivisée en quatre points dont le
premier abordera la préhistoire du mouvement pentecôtiste, le
second les origines du pentecôtisme et son développement, le
troisième du pentecôtisme aux mouvements charismatiques et le
quatrième l'aperçu historique du pentecôtisme au
Katanga.
2.2.1 La préhistoire du mouvement
pentecôtiste
Le pentecôtisme se rattache à une tradition.
Depuis le troisième siècle en tout cas, a existé, dans
l'histoire de la pensée chrétienne, la conception d'un salut en
deux étapes : d'abord, l'événement de la conversion,
puis, après un plus ou moins long intervalle, une opération
distincte de l'Esprit-Saint. Cette distinction s'est d'abord exprimée
dans les sacrements catholiques du baptême et de la confirmation ;
elle est passée à l'arrière-plan à la
Réforme pour réapparaître avec les Puritains, puis avec
John Wesley.
Calvin et Luther avaient insisté sur la
nécessité d'une expérience intérieure de conversion
au Christ Seigneur. Cette expérience de conversion personnelle,
renforcée dans ses aspects subjectifs dans le piétisme, devint
dans le méthodisme de John Wesley la « première
bénédiction ». Cette première
bénédiction correspondait à la conversion et accomplissait
la justification du croyant. Mais la confiance faite à
l'expérience réclame la multiplication des expériences, et
dans les milieux très déshérités qu'atteignait
Wesley, la nécessité se fit vite sentir d'une
« deuxième bénédiction » qui rendrait
la persévérance possible et permettait la sanctification du
croyant. Dès les débuts du méthodisme en Grande-Bretagne
se produisirent des explosions d'effervescence religieuse, accompagnées
de glossolalie. Le candidat à la première ou à la
deuxième bénédiction tombait à la renverse comme
foudroyée ou se roulait par terre, commençait à aboyer ou
se livrait à une danse sauvage.
Ces manifestations physiques cessèrent peu à
peu dans le méthodisme en Grande-Bretagne, mais, elles se
développèrent aux U.S.A. après la guerre de
sécession dans les « mouvements de sainteté »
issu du méthodisme. Elles conduisirent, dans les différents
réveils de la frontière, aux aboiements des « barking
saints », aux saintes contorsions de ce qu'on a appelé le
« holy rollism ».
L'idée d'une deuxième bénédiction
suscita de vives controverses à l'intérieur du méthodisme
et dans les mouvements de sainteté où on en vint à parler
de cette expérience comme d'un « baptême de
l'Esprit ». De leur côté, les réveils baptistes
qui s'étaient étendus dans le Sud et l'Ouest affirmaient le
caractère radical d'une expérience unique, celle de la
conversion, et réservaient l'expression « baptême du
Saint-Esprit » à cette expérience d'initiation à
la vie chrétienne.
Mais déjà, dans les mouvements de
sainteté qui se séparèrent du méthodisme à
la fin du XIXe siècle, l'idée d'une troisième
expérience faisait son chemin : elle ne se rapprochait plus
à la sanctification, mais était un don de puissance en vue du
témoignage apostolique. C'est cette dernière conception qui
prévalut dans le pentecôtisme.
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