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La contribution de la société civile congolaise au processus de la réforme du secteur de la sécurité dans le cadre de la consolidation de la paix et de la stabilisation du pays

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par Gaston ASITAKI LISIKI
Université Pierre Mendès France - Master 2 en sécurité internationale et défense 2012
  

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§2. Rôle de la société civile congolaise

La RDC est, au centre de l'Afrique, le pays le plus vaste, le plus peuplé et probablement le plus stratégiquement important du point de vue de ses potentialités économiques. La mesure dans laquelle sa population participe aux décisions des politiques publiques peut être déterminante pour non seulement la stabilisation de la région mais aussi la construction d'un projet démocratique dans pratiquement tous les pays de la région. Un Congo stable peut permettre de poser les bases d'une Afrique stable, déclarait Mr. Ban Ki Moon, Secrétaire général des Nations lors de son allocution à la société civile congolaise, le 30 juin 2010.

« Qui, sinon la société civile congolaise, a maintenu debout le pays et la nation ? Pendant les années de déconfiture progressive, ce sont bel et bien les associations communautaires, les paroisses, les ONG, les mouvements de femmes, de jeunes, de producteurs, d'agriculteurs... qui ont pris le relais de la faillite progressive de l'État. Organisant et finançant l'enseignement, les centres de santé primaires, les hôpitaux de référence, entretenant parfois les routes, assurant la formation initiale et continuée de nombreux adultes qui avaient dû quitter trop tôt l'école, cette société civile a préservé les fonctions vitales de l'État »56.

Déjà pendant le temps fort de la guerre civile, la société s'est mise en avant pour rechercher les voies et moyens pour débloquer et relancer le processus de négociation pour une paix durable en RDC. A l'initiative de l'Association Africaine des Droits de l'Homme, ASADHO en sigle, les OSC congolaises se sont retrouvées, à Cotonou, au Bénin, du 19 au 21 octobre 2000 en une Conférence de la Société Civile de la RDC. Le thème général des travaux fut : "Relance du processus de paix en République Démocratique du Congo ".

Toute communauté des peuples repose sur un certain nombre de piliers, notamment la paix, la satisfaction des besoins de base tels que le logement, l'habillement et l'alimentation, l'accès a l'instruction, a la santé, a la culture, aux loisirs etc. Il est des Etats oü l'Etat se montre bien apte à rencontrer ces besoins populaires mais il en est d'autres oü ils ne sont pas satisfaits comme l'auraient voulu les populations. La société civile intervient alors comme un contrepoids pour rappeler les désidérata populaires57.

En effet, les organisations de la société civile jouent un rôle politique évident58, mais à des degrés divers, selon leur objet spécifique59. Les plus actives, sur le plan de la réclamation du droit de participation politique en vue de la transparence et la bonne gouvernance, sont les organisations qui s'occupent de défendre des droits de l'homme60, les organisations ayant pour objet l'éducation civique et politique des citoyens, les organisations féminines (comme les femmes magistrates, les femmes avocates, les femmes ministres et parlementaires), et, dans une bonne mesure, les organisations syndicales.

En plus de reconnaître l'intérêt d'une approche inclusive dans tout processus de transition sécuritaire, nous nous devons de rappeler que la méthode participative garantit leur durabilité. Ainsi

56

Arnaud Gorgemans , Tatien Musabyimana, ibidem

57 Déclaration des défenseurs des droits de l'homme sur la situation sécuritaire a l'est du pays, in www.rrsj-rdc.org/meta/wp-content/upload/?p=1882

58

La société civile accuse les FARDC de pillage à Walikale, in www.rrsj-rdc.org/?p=1882

59

Lettre de la société civile de la RDC au Conseil de sécurité des Nations Unies, in www.rrsj-rdc.org/meta/wp-content/upload

19

60 La mort de Floribert Chebeya est une conséquence logique de la non-republicisation du secteur de la sécurité congolais, in www.societecivile.cd/node/4347

que l'attestent Veronique Dudouet, Hans J. Giessman et Katrin Planta, « des programmes dictés par des besoins, par des intérêts et par des pratiques locales, ont bien plus de chance de se maintenir une fois que l'aide extérieure61 et les missions internationales prennent fin ».

Les organisations de la société civile ont participé activement au processus démocratique du Congo qui a conduit au lancement et à la réalisation du processus électoral, par divers programmes de formation à la citoyenneté et par la sensibilisation de la population. Cette implication dans le réveil à la participation démocratique ne les a pas détournés de leurs autres missions portant sur l'amélioration des conditions de vie de la population par la formation, la création de services tels que les mutuelles de santé, l'organisation de coopératives de production agricole, d'épargne et de crédits...

Sur la base de la Constitution de 2002, les élections législatives, présidentielles et provinciales pluralistes ont été organisées en 2006 et des mécanismes de participation populaire et de décentralisation du pouvoir ont été mis en place. La volonté de participation au processus politique fut largement appuyée et consolidée par la société civile.

Au Dialogue Inter-Congolais tenu à Sun City et à Pretoria en Afrique du Sud, la société civile a joué un rôle de premier plan, notamment à travers les représentants des confessions religieuses catholique, protestante, orthodoxe, et musulmane. A l'issue de ces travaux destinés a concevoir et à élaborer un nouvel ordre politique dans le pays qui a souffert d'une longue dictature et de nombreuses atrocités de la guerre, la société civile a été amenée à assumer des fonctions importantes dans les institutions politiques, spécialement celles dénommées « institutions d'appui a la démocratie ».

Dans le cas spécifique du Congo, notons que le dynamisme de la société civile congolaise tire sa source de la paralysie des services publics de l'Etat et de la rupture de la coopération internationale structurelle en 1991. Depuis lors, les activités de la société civile se renforcent, se diversifient et dépassent largement les aspects de secours pour englober la gestion sociale et partiellement économique de la société congolaise: comités des parents qui assument les coûts des écoles dans leur communauté, coopératives de production et de transformation de produits du maraîchage, ateliers de confection, organismes de défense des droits de l'homme, d'encadrement des personnes vivant avec le VIH/SIDA, etc. C'est dans ce contexte que le nombre et l'ampleur des ONG congolaises croissent considérablement, et leurs activités se substituent souvent à l'absence de l'Etat. Au cours de deux dernières années 2007-2008, a titre d'illustration, l'aide extérieure débloquée, note la PGAI62 a été exécutée à plus de 75% par des structures ONG internationales et locales et des églises.

Lorsque la seconde guerre civile éclata, en 1998, en RDC, les associations de la société civile mirent en place une campagne nationale pour la paix durable. Cette campagne exprimait le refus de la guerre et la promotion du dialogue pour y mettre fin. En novembre 1998, ses délégués se réunirent au Centre Nganda, a Kinshasa, pour élaborer, avec l'appui des experts des milieux universitaires, un agenda pour la paix. Ce document offrit a la société civile la possibilité d'avoir un même langage face à la guerre et à ses enjeux. Il permit de dégager une convergence de vues ainsi que des positions harmonisées sur la situation du pays. Il traduisit des convictions, en particulier celles du refus de la guerre et de la nécessité d'un dialogue politique comme solution pour y mettre fin. Il permit également de se doter d'un document pour sensibiliser et mener un travail de lobbying sur la restauration d'une paix durable.

61 Veronique Dudouet, Hans J. Giessmann et Katrin Planta, De combattants à constructeurs de la paix, plaidoyer pour des transitions sécuritaires inclusives, participatives et holistiques, Berghof Foundation, Berlin, 2012, p.7.

20

62 PGAI : Plate forme de Gestion de l'Aide et des Investissements (Ministère du Plan)

Mais on ne peut pas conclure cette section sans rappeler que le dynamisme de la société civile continue de souffrir d'un certain nombre de faiblesses. Cyril MUSILA les répartit en trois catégories63 :

1°) Les difficultés de communication : les organisations de la société civile n'ont pas fait preuve d'un développement institutionnel important au cours de ces dix dernières années.

2°) La divergence des intérêts : il est constaté un développement d'intérêts contradictoires. Face a des violations massives des droits de l'homme, par exemple, certaines organisations hésitent a se mobiliser ou soutiennent simplement des thèses des groupes armés alors que d'autres s'alignent sur celles du gouvernement. Pareille division empêche le développement d'une vision commune et limite la capacité de mobilisation de la société civile.

3°) La méfiance entre le gouvernement et la société civile : cette méfiance s'est traduite par l'hostilité et la répression contre la société civile. Ainsi les dirigeants politiques n'hésitent pas a harceler les organisations des droits de l'homme.

Relevons ici aussi son problème permanent de financement. Malgré la multitude de bailleurs nationaux et internationaux qui fournissent de l'assistance dans le secteur du développement, il s'observe en règle générale une faiblesse de financement des OSC pour leur permettre de faire le travail qu'elles planifient. Pour celles qui reçoivent quelque chose, c'est souvent pour des activités ou projets de courte durée et non pour un appui institutionnel. Ainsi donc la plupart des OSC demeurent faibles, déséquilibrées et constamment sous pression à cause du manque de ressources.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci