1.2. Éléments sur la représentation
des jeunes
Pour ce qui est de la représentation des jeunes, nous
relevons deux sous-thèmes :
· La souffrance (77%) « j'en
ai quand même vu au moins quatre ou cinq qui ne sont pas bien, ce n'est
pas juste la crise d'adolescence où ils se cherchent, non, ils sont pas
bien » (n°7) ; « des jeunes en difficulté »
(n°10)
· La volonté d'accompagnement
(44%) « ces situations addictives, qui finalement peutêtre,
conviennent très bien à certains » (n°1) ; « On va
pas faire pour eux, on va pas faire à leur place, mais.... On est dans
une mise en route où l'autre... Faut qu'il soit dans le désir
» (n°8)
Ainsi la souffrance et la volonté d'accompagnement
semblent être un point d'intérêt dans la
catégorisation des jeunes.
1.3. Éléments de représentation du
contexte associé à l'addiction
Ce thème regroupe différents sous-thèmes
qui donnent une représentation du contexte associé à
l'addiction. On y retrouve l'adolescence (83%), l'environnement/sous-culture
(72%), la société (56%), les normes sociétales (88%),
l'interaction (94%) et les facteurs individuels (100%).
4 Concernant le contexte de l'adolescence, nous
distinguons :
· Le risque/ordalie (44%) «
ça peut aller très loin j'ai dit justement, jusqu'au ben ben
à tenté de de s'automutiler, de se de se détruire de se
détruire, pour voir jusqu'où ça va aller»
(n°17)
· Le rapprochement des pairs/l'éloignement
des parents (61%) « par exemple, il y a une pub, où
ils disent, dis moi qu'on sera jamais comme nos parents... »
(n°22b)
· L'expérimentation (56%)
« à ce moment là de la vie, et qui parmi peut-être
les différentes expériences, expérimentations de ...un
peu...quitter l'enfance, aller s'expérimenter en tant que adultes, etc,
bon euh, l'expérience de certains produits, enfin de certaines
consommations peut exister chez certains jeunes »
(n°16)
· L'imitation des grands (22%) «
des fois, ils se comportent comme des jeunes qu'ils voient dans les
téléréalités, » (n°5)
· L'interdit/provocation (39%) «
alors, voilà, ils sont jeunes, ils vont prendre des trucs un peu plus
illicites, pour transgresser, machin » (n°22b)
· L'étape/la souffrance à
surmonter (27%) « ce n'est pas surprenant qu'a un moment de
l'adolescence, qu'au moment de fermer les yeux, de se... que ça
travaille, que ça ça .. Et justement c'est déjà pas
facile mais important d'avoir ces moments de doutes, de questionnements
même de peurs, de tout ça. Je crois qu'il faut les affronter.
» (n°7)
· La capacité de rebondir (22%)
« le jeune il peut, en lui et autour de lui potentiellement solliciter
plus de ressources, » (n°20)
Les conduites addictives semblent donc être
associées à cette période de passage de l'adolescence,
tant pour la prise de risque, la transgression, que pour tester son
identité en s'éloignant de ses parents et se rapprochant des
pairs. De plus l'attitude face à ces conduites semble positive
« C'est qui est bien normal pour des ados » (n°13) ; «
ce mouvement d'expérimentation, c'est aussi quelque chose de positif
à ce moment là, » (n°16). Et les adolescents sont
vus comme étant capables de rebondir.
4 Relativement aux sous-cultures et à
l'environnement, nous repérons :
· L'accessibilité du produit (56%)
« Le produit est trop facilement accessible » (n°23)
La communication positive sur les drogues
(27%) « Parce que quand on vous promet le paradis, on a envie
de, d'y aller quoi, voilà » (n°1)
Les sous-cultures comme :
- La sous-culture de la cité (27%)
« quand quand je parle du contrat d'apprentissage à certains
jeunes ben y me regardent en rigolant " 300 euros par mois mais non mais
ça va pas, moi c'est ce que je gagne en une soirée quoi", ben oui
» (n°17)
- La sous-culture « jeune déviant
» (11%) « Bien souvent quand on est à la marge,
ils ont du mal à s'inscrire dans, dans le monde des adultes »
(n°8), « ça fait un petit peu peur d'aller vers
l'étranger, euh vers l'employeur qui est un mec un peu bizarre, et
qu'est ce qu'il veut, il a pas les mêmes codes que moi. »
(n°18),
- La sous-culture familiale/régionale
(44%) « par exemple on a des jeunes qui arrivent des DOM-TOM,
euh culturellement leurs rapports avec l'alcool et avec le rhum euh il est
assez particulier » (n°10)
- Les normes du groupe (72%)
« Et il faut rentrer un peu dans la norme du groupe et si la norme du
groupe c'est prendre des risques, si la norme du groupe c'est de boire, si la
norme du groupe c'est de consommer des produits alors, au moins, on va
être amenés à le fairei (n°21)
Ainsi, les conduites addictives seraient liées
à l'environnement proche tel que l'accessibilité au produit et la
confrontation à la communication positive sur l'usage ; mais aussi en
lien avec les normes de la sous culture à laquelle le jeune
appartient.
4 A propos de la société, nous notons
:
La crise/l'individualisme (39%) «
c'est bon la religion ça n'existe peu ou très peu, enfin j'dirais
moi, pour moi tant mieux mais tout les verrous ou limites, la morale pure, sans
même parler de religion,... ben voilà, c'était des choses
qui à mon avis étaient plus confortables. Bien ou pas j'en sais
rien mais plus confortables. Ils avaient plus ce sens de, du bien et du mal
entre guillemets. On est dans une société individualiste »
» (n°7) « , là on est en pleine crise, y subissent tous
les problèmes sociaux de la société, que la
société leur renvoie, » (n°10)
La société de consommation (16%)
« Donc les jeunes y sont comme les adultes hein, y sont consommateurs
» (n°5)
L'évolution selon les époques
(27%) « des modes de consommations qui ont aussi
évolué dans le temps. » (n°10)
Ainsi, la société aurait son rôle dans les
conduites addictives, de par la situation de crise, l'individualisme et
l'incitation à la consommation. Ceci est notamment relevé par
l'évolution des usages.
4 Sur le thème des normes sociétales, nous
notons :
· La médicalisation (22%)
« c'est plus facile en fait de donner des médicaments à
consommer que d'approfondir les trucs, quand on approfondit les causes du
problème ça prend beaucoup de temps et on consacre pas du temps
» (n°9)
· La marginalisation/la stigmatisation
(61%) « dans la mentalité de la société en
général, on considère qu'un C.A.P si on l'obtient pas
c'est qu'on est vraiment, on est à la limite de la
débilité. Tandis qu'un bac, c'est mieux. Voilà. Donc les
élèves qui préparent des C.A.P, souvent si en plus y
réussissent pas quand y préparent leur C.A.P en deux ans c'est
que vraiment, c'est foutu pour eux quoi. Y feront jamais rien de leur vie quoi.
» (n°9)
· La légalité/la répression
en question (50%) « comme si on ne pouvait y répondre
qu'en mettant tous ces gens a l'écart en les considérant comme
des délinquants, c'est pas des délinquants, c'est toi et moi, je
veux dire c'est des gens même des chefs d'entreprise, des gars
réinsérés, ils ont une consommation de produit donc euh,
voilà, c'est pas une question de délinquance c'est une question
de société maltraîtante et de comment on y répond
à ça, quoi. Il faut voir la consommation d'anxiolytiques et
d'anti-dépresseurs » (n°13) « disons que c'est tellement
courant, ça fait partie, c'est comme manger une glace »
(n°7)
· La subjectivité des normes (39%)
« on est toujours sur et convaincu que ce que l'on sait
individuellement c'est la panacée, c'est universel »
(n°23)
Ainsi, le regard de la société sur les
conduites addictives serait stigmatisant, définissant tantôt
l'addiction comme maladie (médicalisation) tantôt comme
délinquance lors d'usages illicites. Cependant la laxivité de la
répression et la banalisation des conduites sont matière à
questionnements. La subjectivité des normes est aussi introduite.
4 Pour ce qui est de l'interaction entre le jeune et les
autres groupes, institutions nous relevons :
· La rupture (27%) « jeunes en
difficulté en rupture sociale, familiale, professionnelle »
(n°10)
· Les adultes (33%) « il faut
tout un village pour élever un enfant. » (n°1)
· La famille, tant dans le cadre que dans la
communication (50%) « s'il arrive pas à communiquer en
famille, si y se sent pas en sécurité, s'il est pas trop bien
parce que chez lui c'est pas génial etc, ben y va se regrouper avec des
jeunes avec qui y va avoir des affinités on va dire, qui risquent de le
comprendre et de l'aider » (n°9)
· L'école/le boulot (83%)
« au niveau de leur avenir donc si y sont très inquiets par
rapport à ça, surtout si par exemple souvent y a les parents qui
mettent un peu la barre haute hein c'est-à-dire y a encore le mythe de
l'orientation en scientifique où c'est les plus
intelligents » (n°9)
· Les pairs et les relations amoureuses
(39%) « Des relations affectives, des relations de
communications avec ses pairs compliquées » (n°8)
Ainsi, les ruptures dans l'interaction humaine ou scolaire, ou
encore la difficulté d'insertion professionnelle seraient en lien avec
les conduites addictives.
4 En ce qui concerne le contexte individuel, nous avons
mis en évidence :
· L'histoire de vie (56%) « il
se passe quelque chose de grave, on a perdu le grand père, et donc on se
pose des questions existentielles. Y'a le divorce, y'a ceci cela. Là le
gamin, c'est sur le pauvre que ça va être très
compliqué pour lui » (n°23)
· Le soucis de soi (16%) «
Après je ne fais pas de mal à mon corps, euh, tu vois, »
(n°3)
· La personnalité (33%)
« manque de personnalité, manque de confiance en soi, »
(n°18)
· Les biais (22%) « Où je
me sens pas responsable ni de moi même ni des autres, c'est le Mektoub ,
Inchallah tu sais, rho c'est écrit c'est comme ça »
(n°23)
· Le manque de connaissances (11%)
« quelqu'un qu'a compris, qu'est averti, normalement est plus
méfiant et tombe moins dans l'addiction que quelqu'un... qui est
plus...euh... moins moins averti et surtout qui... à qui on a pas
beaucoup expliqué ou qu'a rien compris à ce qu'on lui avait
expliqué. » (n°17)
· La physiologie (16%) « Chaque
personne n'accepte pas la drogue de la même façon »
(n°12)
· Le projet de vie (83%) « C'est
un jeune, il savait pas quoi faire de sa vie et tous, la plus part, ils sont
comme ça » (n°5)
Ainsi, les variables personnelles seraient en lien avec les
conduites addictives ; que ce soit dans la souffrance causée par
l'histoire de vie, dans une absence du souci de soi, par des biais, un manque
de connaissance ou de projet de vie absent ; ou encore par la
personnalité ou la physiologie.
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