Ce thème regroupe différents sous-thèmes
qui développent une définition de l'addiction. Nous y retrouvons
les modalités de consommation, les effets de l'usage, la place de
l'usage, le mécanisme, la temporalité et le fait que ce soit
multifactoriel.
4 En ce qui concerne les modalités d'usage, nous avons pu
repérer :
· La fréquence (77%) «
Quand le produit devient, enfin est utilisé suffisamment
régulièrement pour devenir une addiction »
(n°1)
· L'opposition festif/solitaire (72%)
« Des temps festifs c'est occasionnel, c'est entre copains, l'addiction
c'est quelque chose en solitaire » (n°8)
· L'opposition
géré/impuissance (88%) « C'est une
dépendance, dans le sens où ils peuvent pas s'en empêcher
» (n°5)
· L'opposition plaisir/souffrance
(61%) « L'addiction je l'associe vraiment à quelque chose qui
est de l'ordre de la souffrance. » (n°8)
· Le continuum consommation/addiction
(44%) « c'est difficile à déterminer quand
c'est une addiciton » (n°3)
L'addiction est donc assimilée à un usage
fréquent, solitaire, non contrôlé, avec une souffrance sous
jacente. Et la limite entre addiction et consommation n'est pas évidente
à poser.
4 Pour ce qui est des effets de l'usage, nous relevons :
· Les effets psychologiques (83%), dont
:
- L'angoisse à la prise de conscience de son
état « je pense que quand on s'aperçoit que
quand on ne contrôle plus ce qu'on peut ressentir, vivre, ou
voilà. Je pense qu'à un moment donné ça peut
être psychologiquement très dangereux » (n°1)
- La perte de la
réalité « très très dangereux
d'ailleurs y'en a qui se sont suicidé comme ça hein des jeunes.
Parce qu'y sont pris dans leur leur histoire et puis ben y s'ont finit comme le
héros, y se sont tués puis y croyaient qu'ils étaient
immortels, qu'y s'allaient renaître » (n°17)
· Les effets sociaux
(67%), dont :
- L'isolement social « c'est
ça qui est important, l'addiction, c'est il y a même plus d'amis,
quand un jeune il a des addictions mais qu'il a encore des collègues,
des copains... c'est surtout ça qui est grave, c'est quand il y a un
isolement social total. » (n°22b)
- Le risque social « les parents
sont venus se plaindre tout les deux parce que les deux petits s'insultaient
sur internet. Et les gros mots fusaient. Nous on était pas au courant
parce que c'est sur facebook. » (n°5)
· Les effets physiques (83%), comme :
- L'effet psychoactif « la
consommation quand elle devient trop importante pour ce que supporte le corps
du jeune ben ça conduit à l'addiction » (n°17)
- Les risques pour la santé «
ça peut être les agressions sexuelles, ça peut être
aussi tout ce qui est accident de la route, le coma éthylique, ça
peut être » (n°3)
L'addiction présente donc des risques au niveau
psychologique, social et physiologique. 4 Pour la place de l'usage, nous
mettons en évidence :
· La nécessité
d'accompagnement (55%) « forcément une personne comme
ça doit être accompagnée » (n°12)
· La visibilité de l'usage
(44%) « quand je vois qu'il y a beaucoup d'absences, qu'ils
sont fatigués, qu'ils sont mous, pas forcément les yeux rouges,
mais les yeux rouges aussi, enfin je me pose maintenant la question: " est ce
qu'il consomme ou pas? " » (n°7)
· Le fait que ça empiète sur le
cadre de travail (44%) « moi je constate par rapport à
leur fatigue et au décrochage scolaire, donc quand on voit par exemple
par rapport au décrochage scolaire, leur fatigue, bon ça commence
par la baisse des notes, fatigue, y viennent par exemple le matin ou retard
scolaire, etc » (n°9)
· L'addiction comme signe (50%) «
c'est souvent l'arbre qui cache la forêt » (n°20)
L'addiction est visible et empiète sur le cadre de travail. Elle
est vue comme un signe de malêtre, nécessitant de l'aide.
4 À propos des mécanismes de l'addiction, nous
identifions :
· Un mécanisme humain (44%)
« Ben après il y a des gens qui sont capable de prendre sur
eux, il y a des gens qui ont besoin de courir, il y a des gens qui ont besoin
de taper dans un... dans un punching-ball. Et voilà, il peut y avoir des
gens qui ont besoin de consommer, enfin, alcool, drogue ou truc comme
ça. » (n°18)
· Une adaptation logique face au contexte
(55%) « les réponses et les transgressions, les prises
de risques sont à la hauteur de ce que l'on impose aux gens »
(n°10)
· L'addiction comme une création de
liens (55%) « chercher à travers une beuverie avec
trois mecs de leur étage, ils vont chercher à se recréer
une vie sociale, rapidement, et puis
à sympathiser, finalement leurs moyens de, de rentrer
en communication était l'apéros » (n°10)
· L'addiction comme médicament
(77%) « c'est-à-dire, en fonction de ses carences, de ce qui a
fait son manque, et ce que ce produit est venu combler comme vide, et bien il
va y rester, et il va faire un parcours avec, parce qu'il a trouvé LA
solution pour répondre au mal-être intime »
(n°13)
· La conscience du mécanisme
(27%) « c'est quand même assez énorme, ils ont
parfaitement conscience ... conscience de quel est cet objet, à quelle
place il vient se mettre. Ils l'utilisent vraiment consciemment »
(n°21)
· Une adaptation ratée (67%)
« quand ce n'est plus l'humain qui choisit où, quand, comment,
mais que le fait d'avoir une consommation d'un produit ou de plusieurs
produits, oblige l'individu à retourner à cette consommation et
à cette pratique, c'est à dire quand a devient nécessaire,
quand le produit devient nécessaire à être, à se
sentir, dans un état normal. Donc quand la consommation s'impose
à l'humain quoi » (n°13).
L'addiction est donc vue comme un mécanisme raté
(mais humain) d'adaptation ayant pour but
de créer du lien ou compenser une souffrance.
4 Relativement à la conditionnalité, nous
pouvons noter :
· La conditionnalité temporelle
(72%) « Je pense qu'on a tous des moments de, où on est bien,
des moments où on est plus fragile parce qu'on évolue quoi enfin
je veux dire. On évolue hein. » (n°9)
· Le croisement de différents facteurs
(55%) « la rencontre d'un problème
avec une personnalité dans un moment socio-historique donné
» (22b)
L'addiction serait donc réversible et liée
à plusieurs facteurs.