Problernatique et
strategie generale de recherche
Comme nous l'avons remarqué en amont, la jeunesse
serait d'avantage appréhendée comme une phase de transition que
comme une catégorie d'âge. Et dans cette période, la
question de l'institution scolaire comme participant au processus de
socialisation, entraînant l'apparition de deux catégories de
jeunes, se pose (jeunes diplômés ou non). Concernant la notion de
conduites addictives, nous voyons qu'elle découle de la
médicalisation de l'existence (avec notamment l'augmentation de la
réflexion en terme de risque). Elle est définie par rapport aux
comportements d'usages des jeunes (simple, nocif, addictif). D'après les
données épidémiologiques, il n'y a quasiment pas de
conduites addictives, seulement des usages, plus ou moins à risque. Et,
les usages de substances psychoactives sont significativement associés
à une sortie du système scolaire, à une situation
familiale où le cadre parental est moins prégnant, à un
temps important passé avec les pairs, à un milieu social
favorisé. Ainsi, les jeunes en apprentissage, les travailleurs
saisonniers et les jeunes sans emploi présentent des niveaux d'usage
supérieurs à la moyenne ; les étudiants étant, au
contraire, caractérisés par des niveaux d'usage
légèrement inférieurs à la moyenne de la tranche
d'âge considérée. A propos de l'usage des nouvelles
technologies, il serait associé à une volonté
d'échapper au virtuel. L'État a mis en place des mesures
nationales et locales pour prévenir et prendre en charge les conduites
addictives des jeunes. Cependant, ces conduites ne seraient pas uniquement
l'affaire des acteurs de terrain du domaine sanitaire/psychologique mais aussi
des domaines insertion/social, éducation nationale et judiciaire.
Nous avons remarqué que les conduites addictives
pouvaient être expliquées par des biais cognitifs ou par la
fonction ordalique ; qu'elles pouvaient être liées à la
phase de transition de l'adolescence, ou vues en terme d'action
raisonnée. Elles pourraient également être
identifiées comme des déviances et expliquées en terme de
désorganisation sociale, de « galère », de sous culture
adolescentes, ou enfin, en terme d'éducation déviante. Nous avons
aussi soulevé le fait que le travail social et la prévention
pouvaient être dénoncés comme des acteurs du contrôle
social. De plus, les conduites à risque peuvent être
étudiées comme une application des valeurs de notre
société ; et la notion de risque relativisée par les
jeunes.
Nous avons ensuite constaté que l'étude des
représentations sociales nous permettait de comprendre, comment un objet
passait dans la pensée sociale d'un groupe afin de devenir une
représentation sociale, et comment elles orientaient ensuite les
conduites. Nous avons admis que
les conduites addictives des jeunes pouvaient être un
objet de représentations sociales. Cet objet ayant varié dans le
temps et pourrait être actuellement envisagé différemment
selon les professions.
Au regard de l'ensemble de ces fait et de l'objectif de cette
recherche (étudier les représentations, attentes et besoins des
acteurs de terrain par rapport aux conduites addictives des jeunes, afin d'en
améliorer localement la prise charge), nous nous posons plusieurs
questions : à quelles normes les acteurs de terrains se
réfèrent-ils ? Dans quel système de valeurs inscrivent-ils
leurs pratiques ? Comment catégorisent-ils les jeunes ? Nous pouvons
alors nous demander quelles sont les représentations sociales des
acteurs de terrain sur les conduites addictives des jeunes. Et ainsi,
dans quelle mesure les représentations sociales nous permettent
de saisir les logiques qui régulent l'accompagnement et l'orientation
des jeunes pour des thématiques d'usages (avec ou sans
produit).
Notre recherche étant exploratoire, nos
hypothèses resterons générales. Elles concernent
l'influence du secteur d'activité sur les logiques d'accompagnement et
d'orientation. Nous nous attendons en effet à une logique d'avantage
axée, sur l'accompagnement pour le secteur sanitaire/psychologique et,
sur l'orientation pour les autres secteurs. Une autre hypothèse a trait
à l'influence de la profession sur les logiques d'accompagnement et
d'orientation. On s'attend à une logique plus axée sur
l'accompagnement pour les assistantes sociales, les infirmières, les
psychologues et les éducateurs/éducatrices
spécialisés et, à une logique basée sur
l'orientation pour les autres professions.
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