1.2. Mangeur, alimentation et santé
Avant, le mangeur se souciait de savoir s'il allait pouvoir se
nourrir. Actuellement, dans les sociétés industrialisées,
la préoccupation n'est plus de trouver à manger, mais de savoir
comment manger, que choisir. Selon Fischler l'acte alimentaire a toujours
été marqué par l'anxiété,
l'incertitude, sous deux formes : celle du poison et celle de
la pénurie. (Fischler, 2001).
Comme on l'a remarqué ci-dessus, actuellement, la
pénurie est presque oubliée et, avec le développement de
la production alimentaire et des nouvelles technologies, ce que craint
désormais le consommateur, ce sont les poisons. Poisons bien
réels, d'une part, avec les produits toxiques : additifs, colorants,
agents conservateurs, pesticides, etc. Et « poison d'abondance »
d'autre part : l'abondance d'aliments effraie, le consommateur ne sait plus que
choisir.
Cette problématique du choix des aliments à fait
émerger différentes vagues de discours au cours de ces
dernières années : Selon une analyse systématique du
discours sur l'alimentation (Defrance, Alyette. 1994),
principalement à travers la presse généraliste
(Elle, Le Nouvel Observateur et Le Monde), les
préoccupations des Français ont évolué entre 1971
et 1991. Les années soixante-dix ont vu l'émergence d'un discours
alimentaire restrictif (il s'agissait alors de manger moins), tandis qu'au
début des années quatre-vingt sont apparues dans les
médias l'idée de manger vite, puis l'idée de manger
allégé (« manger sans »). Les années
quatre-vingt-dix ont développé le thème du « manger
juste ». Au cours de cette dernière période, plusieurs
idées ont émergé du discours médiatique comme
« équilibrer son alimentation », « valoriser les
aliments-santé », « valoriser les produits du terroir ».
Une prise de conscience des bienfaits d'une alimentation
équilibrée semble de plus en plus se dessiner au sein du grand
public et des décideurs politiques. Cependant, L'État, les
médecins, les industriels, la publicité, les médias
contribuent à une confusion de prescriptions et de mises en garde dans
laquelle ils ne parviennent pas, ou ils parviennent difficilement, à
s'accorder. Le mangeur est un peu perdu face à cette «
cacophonie diététique » (Fischler, C.
Taieb, R. 1993) et fait alors « à sa sauce », prenant un peu
du discourt de l'un, un peu du discours de l'autre.
Pour faire face, dès 1999, à la demande de la
ministre de l'Emploi et de la Solidarité et du secrétaire
d'État à la Santé, le Haut Comité de la
santé publique (HCSP) a entrepris une réflexion sur le
thème « Santé et nutrition ». Ce travail a abouti
à la production d'un rapport intitulé « Pour une
politique nutritionnelle de santé publique en France : enjeux et
propositions. » Il a notamment été
démontré que l'alimentation intervenait dans la
santé. En effet, la nutrition est un facteur
influençant les maladies cardio-vasculaires, certains cancers (facteur
de risque ou facteur protecteur selon les maladies), et jouant un rôle
majeur dans le développement de l'obésité et la
régulation du diabète.
Le Programme national nutrition santé
(PNNS) est alors élaboré, puis lancé par le ministre de la
Santé pour une durée de cinq ans afin d'asseoir un ensemble
cohérent de messages validés. Le PNNS est actuellement reconduit
sous le nom de PNNS 2. Depuis 2001, les pouvoirs publics mènent de
nombreuses campagnes d'information qui ont pour objectif de développer
la connaissance des recommandations nutritionnelles du PNNS et de favoriser
l'adoption de comportements nutritionnels favorables à la
santé.
|