Approche psychosociaCe
du comportement aCimentaire
des étudiants Ai~ois
« Vent de panique » Karen L'Hémeury
Dossier TISS Mini-memoire de recherche
BOUSSOCO Julie N° étudiant : 20802570 Licence
3 Psychologie Sociale de la Santé Année 2009 -2010 M.
APOSTOLIDIS - M. DANY
Laboratoire de Psychologie Sociale Université de
Provence 29, Avenue Robert Schuman 13621 Aix en Provence Cedex 1
Sommaire
SOMMAIRE 2
INTRODUCTION 3
1. LA DÉFINITION DE L'OBJET D'ÉTUDE 3
1.1. Qu'est-ce que manger ? 3
- La pensée classificatoire 3
- Le principe d'incorporation 4
- Le paradoxe de l'homnivore 4
1.2. Mangeur, alimentation et santé 5
1.3. Alimentation et étudiants 6
2. L'ÉLABORATION D'UNE PROBLÉMATIQUE EN LIEN AVEC
DES CONCEPTS ET THÉORIES DU CHAMP DE LA PSYCHOLOGIE SOCIALE DE LA
SANTÉ 7
2.1. L'alimentation, un objet de la psychologie de la
santé 7
2.2. Alimentation et représentations sociales
8
2.3. Alimentation et théorie de l'action
planifiée 10
2.4. Alimentation et considération pour les
conséquences futures 11
2.5. Etat des recherches : 11
- Evolution de la représentation sociale
de « bien manger ». 12
- Effets d'autres variables sur le comportement
alimentaire 16
· Effet des connaissances : 16
· Effet de genre : 16
· Préférences alimentaires et goût pour
la cuisine 16
2.6. Problématique et hypothèses : 16
Hypothèses théoriques : 17
Hypothèses opérationnelles : 17
3. LA MÉTHODOLOGIE 17
3. 1. La triangulation 17
3.2. Choix de la méthodologie 18
- Plan d'observation : 18
- Plan d'échantillonnage : 18
- Population : 18
3.3. Techniques choisies 18
- Outils retenus : 18
3.4. Elaboration des outils 19
4. PRÉ-TEST DES MÉTHODES ET/OU OUTILS DE RECHERCHE
RETENUS. 21
4.1. Protocole : 21
4.2. Résultats/ modifications 21
- Analyse des entretiens : 21
- Analyse du questionnaire : 23
· Pré-test 1 : 23
· Pré-test 2 : 24
5. RÉFLEXION SUR LA PERTINENCE DU PROJET DE RECHERCHE
25
5.1. Apport 25
5.2. Résultats attendus 26
5.3. Pertinence et Faisabilité 26
- Au niveau conceptuel : 26
- Au niveau méthodologique : 26
CONCLUSION 27
BIBLIOGRAPHIE 28
ANNEXE 1 : TYPOLOGIE DES MANGEURS (BAROMÈTRE
SANTÉ NUTRITION 2008) 31
ANNEXE 2 : QUESTIONNAIRE INITIAL 33
ANNEXE 3 : QUESTIONNAIRE FINAL 41
Introduction
Manger est un acte complexe. En effet, le rapport de l'humain
à l'alimentation est plus que physiologique, c'est aussi une
activité sociale, culturelle, symbolique et cognitive qui fait
intervenir la pensée classificatoire, le principe d'incorporation et le
paradoxe de l'omnivore. D'un point de vue historique, avant, nous mangions pour
survivre, maintenant, dans les pays industrialisés, ce n'est plus un
souci, l'offre alimentaire est vaste. L'homme est confronté à un
nouveau problème : le choix alimentaire (peur de la toxicité
alimentaire, manger équilibré...). Le discours sur le choix
alimentaire a d'ailleurs évolué au cours du temps, et il est
actuellement axé sur l'équilibre et la santé.
Paradoxalement, d'après plusieurs enquêtes, beaucoup
d'étudiants ne mangent pas de façon équilibrée. On
peut donc se demander pourquoi certains étudiants, ayant potentiellement
accès à la même nourriture (cafeteria universitaire),
mangent équilibré et d'autres pas. Selon Moliner et Rateau, 2002,
« Il est légitime de se poser la question des
représentations sociales chaque fois que l'on pourra observer que des
individus placés dans des conditions similaires manifestent des prises
de positions, des jugements ou des conduites différents. ». Les
représentations sociales ainsi que la perspective temporelle future
pourraient être un cadre d'étude approprié à ce
sujet.
Nous allons donc étudier l'impact de divers indicateurs
sur le comportement alimentaire des étudiants.
1. LA DÉFINITION DE L'OBJET D'ÉTUDE
1.1. Qu'est-ce que manger ?
La définition la plus basique de « Manger » peut
être:
- Nom masculin : « manger » signifie ce que l'on mange,
alimentation
- Verbe intransitif : « manger » signifie se
nourrir.
- Verbe transitif : « manger » signifie mâcher,
avaler, absorber, ronger...
Mais n'y aurait il pas plus que cet aspect simplement
physiologique ?
Dans ses travaux consacrés à une analyse
sociologique et anthropologique de l'alimentation, Fischler définit
trois caractéristiques du rapport humain à l'aliment : la
pensée classificatoire, le principe d'incorporation et le paradoxe de
l'omnivore. (Fischler, 2001)
? La pensée classificatoire
La pensée classificatoire est une
particularité cognitive qui consiste à classer,
catégoriser notre univers afin de le simplifier. Cette pensée
n'est pas propre à l'alimentation mais s'y manifeste fortement. Par
exemple, pourquoi avons-nous du mal à accepter l'idée de
manger des chenilles, tout en sachant qu'elles sont
comestibles (mangées en côte d'ivoire) et même riches en
nutriments essentiels (Akpossan , 2009) La réponse tient au fait que
dans notre société, les chenilles ne sont pas classées
dans la catégorie « comestible ». Un ensemble de classements,
de taxonomies divisent les aliments en comestibles et non
comestibles, appropriés ou non pour la consommation de telle ou telle
catégorie de personnes, en telle ou telle occasion, en association avec
tel ou tel autre aliment, etc.
? Le principe d'incorporation
L'incorporation est l'acte par lequel nous introduisons un
aliment dans notre corps : nous lui faisons franchir la frontière entre
le monde et le soi, entre le dehors et le dedans. Certains cannibales
dévoraient le coeur de leurs ennemis, afin d'en récupérer
leur énergie, sont-ils les seuls à attribuer des fonctions
symboliques à l'ingestion d'aliments ? Il semble que non, l'ensemble des
individus est marqué par une croyance, ou "biais cognitif"
: l'homme croit que l'aliment qu'il a mangé agit non seulement
sur l'état de son organisme mais aussi sur sa nature même,
le modifie de l'intérieur. Ceci à d'ailleurs
été mis en évidence il n'y a pas si longtemps, dans une
expérience sur des étudiants américains (Rozin et Fallon,
1987) : ils ont dû donner des notes évaluant les traits de
personnalité qu'ils attribuaient aux membres de deux tribus. Les deux
tribus étaient identiques sauf que l'une chassait et consommait du
sanglier et l'autre de la tortue. Les chasseurs de tortues se sont vu attribuer
des caractéristiques plus « tortues » (paisibles, bon
nageurs...) et les chasseurs de sanglier, plus « sangliers » (rapides
à la course, belliqueux...). Comme l'illustre Anthelme Brillat-Savarin
(1838), dans son dicton : « dis moi ce que tu manges, je te dirais ce que
tu es ». Si on est ce que l'on mange, il est naturel que l'on cherche
à orienter ce que l'on est par l'alimentation.
? Le paradoxe de l'homnivore
Etre omnivore implique de la liberté et de
l'adaptabilité : en effet, l'homme peut se nourrir d'une multitude
d'aliments et donc s'adapter à des variations d'environnement. Mais, ne
pouvant pas trouver tous les nutriments nécessaires dans un seul
aliment, il doit en manger plusieurs différents. L'homme est donc d'un
coté poussé à l'innovation, la diversification alimentaire
et de l'autre à la prudence, la méfiance car tout aliment nouveau
peut à la fois lui apporter une meilleure couverture des besoins
nutritionnels et être potentiellement mortel. Le paradoxe réside
donc dans l'oscillation entre ces deux pôles : néophobique
(peur de ce qui est nouveau) et néophile
(envie de tout ce qui est nouveau).
Comme le dit finalement le chef de cuisine Alain Sendersens
« on mange autant de mythes que de calories».
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