II-ANALYSE THEORIQUE
Au Burkina Faso, le domaine forestier de l'Etat couvre une
superficie totale estimée à 3,9 millions d'hectares soit environ
14% de la superficie du territoire national. Ainsi, il est composé de 77
aires classées dont 65 forêts classées4. Mais
les domaines classés et protégés sont estimés
à 15 420 000 hectares. Ces domaines ont comme type de formation les
forêts galeries, les forêts claires, les savanes arborées et
arbustives. Les domaines classés couvrent une superficie de 11 565 000
hectares soit 75% de l'ensemble de ces formations. Les domaines
protégés s'étendent sur 3 855 000 hectares soit 25% de
l'ensemble de ces formations forestières. Ils comprennent les parcs
nationaux (390 000ha), les réserves de faune (2 545 000ha) et les
forêts classées (880 000ha)5.
Ces aires protégées sont inégalement
reparties sur l'ensemble du territoire national. Le nombre important de
forêts classées se situe sur le long des principaux cours d'eau du
pays.
De ce fait, les régions les plus arrosées
disposent d'un nombre élevé de foréts classées.
Iis'agit des Hauts-Bassins (15 forêts classées), des
Cascades (13 forêts classées) et de la Boucle
du Mouhoun (12 forêts classées)6. La
région de l'Est, a elle seule, compte un parc national, trois (03)
réserves partielles de faune, trois (03) réserves totales de
faune et quatre (04) zones
4 UICN, Evaluation juridique et institutionnelle pour
la mise en place des conditions d'améliorations de la gestion des aires
protégées de l'Afrique de l'Ouest, 2010.
5 Programme d'Investissement Forestier du Burkina,
6 Direction Générale des Forêts du
Burkina Faso, 2007.
cynégétiques pour une superficie totale de 1 578
746 ha soit environ 41% de la superficie des aires protégées du
pays 7.
Les activités liées à l'exploitation des
ressources forestières (produits forestiers non ligneux et ligneux), la
chasse (petite et grande), la péche (traditionnelle et sportive),
l'apiculture, le tourisme de vision et l'écotourisme sont les formes de
valorisation de la diversité biologique dans les aires
protégées. Cette exploitation des ressources naturelles a
contribué au PIB à hauteur de 6,06 milliards de FCFA en 2007
(FMI, 2007) et la valorisation des ressources fauniques a procurée
environ 10 353 949 454 FCFA de 1996 à 2007 à l'économie
nationale. Les activités liées aux produits forestiers non
ligneux ont généré pour le budget national environ 25,6
milliards de FCFA en 2008. Ces revenus ont servi à nourrir
l'activité économique, à encourager l'émergence de
petites et moyennes entreprises forestières et à soutenir ces
acteurs économiques nationaux.
Si les aires protégées ont un rôle reconnu
en matière de régulation écologique, elles sont
également considérées comme des pôles d'emploi, de
croissance économique, et de consommation. Il est indéniable que
la valorisation de la diversité biologique dans les aires
protégées d'une part et l'exploitation des ressources
forestières d'autre part, ont une part contributive importante au budget
et à l'économie nationale. Il nous faut malheureusement constater
une utilisation irrationnelle des ressources naturelles, et observer une
extension spatiale des activités agro-sylvo-pastorales à la
périphérie des aires protégées. Ce qui contribue
à la dégradation des réserves protégées.
Les populations riveraines de ces espaces sont en quête
de nouvelles terres cultivables. Leurs zones traditionnelles de cultures ont
des rendements de plus en plus faibles. L'arrivée de migrants en
quête de terres agricoles, pousse les populations à
empiéter sur les aires protégées. La pratique
traditionnelle d'implantation et d'exploitation des champs ont des
conséquences néfastes sur la biodiversité et sur
l'étendue des espaces protégés. Ainsi, le Burkina Faso a
perdu 17,5% de son couvert forestier soit environ 1 198 000 ha entre 1990 et
7UICN, Forum des ONG environnementaux de l'Afrique de
l'Ouest, 2010.
20108. L'évaluation économique des
dommages environnementaux révèlent que le coüt annuel de la
dégradation de l'environnement au Burkina Faso pour l'année 2008
est compris entre 18% et 22% du PIB, soit environ 760 milliards
FCFA9.
Dans un contexte, d'agressions perpétuelles sur les
espèces végétales et animales, de dégradation
générale de l'écosystème des zones
forestières protégées, nous sommes
préoccupés par la question suivante : quel type de gestion des
entités forestières protégées doit-on promouvoir
pour leur conservation et pour les besoins socio-économiques et
culturels des communautés riveraines?Cette question nous permettra
d'aborder le cadre juridique et institutionnel pour résumer la politique
environnementale du Burkina Faso et de faire cas des difficultés de
gestion durable de la diversité biologique.
8 Programme d'Investissement Forestier du Burkina,
2011
9 PNGT2 : Analyse Diachronique, 2004
|