I-INTRODUCTION
Dans un contexte de changement climatique marqué par
une forte baisse de la pluviométrie, une dégradation des sols et
une raréfaction des terres arabes, la problématique
population/ressources naturelles se pose avec acuité dans les
différents pays d'Afrique de l'ouest.
En effet, la densité moyenne de la population de ces
pays est passée de 11 habitants au km2 en 1950, à 44
habitants au km2 en 2000 et les prévisions sont de 62
habitants au km2 en 2020 (FAO, 2007-2008). Au regard des
prévisions actuelles de la croissance démographique, l'OCDE et la
FAO dans leurs perspectives agricoles estiment qu'il faudra disposer de quelque
5,47 millions de km2 soit 547 millions d'hectares1.
L'Afrique, a elle seule, aurait besoin de 47% de terres agricoles pour faire
face aux exigences de ses communautés.
Ainsi, la dynamique démographique implique une
extension spatiale, les terres arabes sont passées de 154,5 millions
à 213,1 millions en Afrique soit une augmentation de 58,6 millions
d'hectares 2 de 1961-1963 et 2006-2007. Cela se traduit par ailleurs
à une forte pression de l'homme sur les ressources naturelles. Les
communautés sont obligées pour leurs différentes
utilisations d'empiéter sur le potentiel faunique et floristique des
aires protégées. Il y'aura alors une dégradation de la
diversité biologique sur ces espaces forestiers classés.
En effet, le premier paradigme, à l'origine des
premières grandes actions de protection de la biodiversité, au
XIX siècle et dans les années 803, consistait en la
création de zones naturelles protégées exclusives
où les populations locales étaient considérées
comme directement menaçantes pour le maintien de la
biodiversité.
1 OCDE (Organisation de Coopération et de
Développement Economiques) et la FAO, Perspectives Agricoles
2009-2018.
2 OCDE et la FAO, Perspectives Agricoles,
2009-2018.
3 Institut du Développement Durable et des
Relations Internationales (IDDRI), Conservation de la biodiversité en
Afrique centrale : Dépassionner les débats, 2004.
Mais, la réflexion sur le développement durable
a eu pour effet de modifier considérablement ce modèle de
conservation. En effet, la méthode classique qui vise à exclure
toute présence humaine des dites zones, ne coïncide pas avec les
objectifs de conservation de la biodiversité. Les raisons sont
multiples. Retenons seulement l'impossibilité de clôturer les
aires protégées. Une autre raison non moins importante correspond
au besoin d'une économie locale fortement dépendante de la
production agro-sylvo pastorale, dans le cadre de la lutte contre la
pauvreté.
Pour corriger les limites de la méthode classique de
délimitation et de gestion des aires protégées, la
conférence des Nations Unies sur l'environnement et le
développement, tenue à Rio de Janeiro en 1992, a cherché
à explorer des nouvelles mesures permettant de concilier
développement et protection de l'environnement dans le cadre du concept
« développement durable ». Le sommet de Rio a adopté un
programme d'action appelé agenda 21. Pour mettre en application les
recommandations contenues dans cet agenda, le Burkina Faso, ainsi que bon
nombre de pays sahéliens ont redéfini une politique nationale, et
un cadre légal d'identification et de gestion des aires
protégées, tenant compte des communautés riveraines.
Cette nouvelle politique forestière vise à
promouvoir la gestion de la diversité biologique par les
communautés en intégrant des considérations
environnementales dans les perspectives de développement durable.
L'intention fondamentale est de valoriser et de dynamiser le savoir faire
traditionnel des communautés dans la protection de la
biodiversité tout en prenant en compte leurs besoins en ressources
forestières pour la vitalité de l'économie locale.
Cette étude se place dans le contexte d'une
préoccupation sur la conservation de la biodiversité dans les
entités forestières au Burkina Faso. Or cette protection de la
diversité biologique est fortement corrélée à une
gestion adéquate et durable des ressources naturelles en
général. Aussi, l'objectif général ici est
d'analyser le dispositif juridique et institutionnel mis en place en
matière de conservation des réserves forestières ainsi que
les problèmes de gestion de la diversité biologique. A cela
s'ajoutent des objectifs spécifiques que sont :
- Identifierles textes et lois règlementant la gestion des
entités forestières au Burkina Faso ; - analyser les
problèmes de gestion durable des entités forestières au
Burkina Faso.
Le présent rapport se subdivise en deux grandes parties
: la première met en exergue les textes conventionnels,
législatifs et réglementaires pour une gestion adéquate
des entités forestières classées. La deuxième
partie est une analyse des problèmes juridiques, financiers et
administratifs dans le cadre de la gestion durable des entités
forestières au Burkina Faso.
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