2-2-2-Effet sur le système endocrinien :
Les pesticides peuvent affecter le système
endocrinien par plusieurs mécanismes selon la nature de la
substance :
Ø Imiter la bonne hormone en s'insérant
parfaitement dans le récepteur hormonal (les oestrogènes
synthétiques tel que certains pesticides comme le DDT agissent de cette
façon, comme imitateur hormonal) [55].
Ø Bloquer l'hormone naturelle en occupant
elle-même tous les récepteurs. Aucun message ne parvient alors aux
cellules (La vinclozolin et les pyréthrinoïdes sont des pesticides
qui font partie de cette catégorie et agissent comme des inhibiteurs
hormonaux) [63].
Les pesticides perturbateurs endocriniens peuvent agir
différemment selon l'âge ou la phase de développement de
l'organisme touché ; l'exposition in utero serait de loin la plus
préoccupante et pourrait entraîner de graves conséquences
à un moment ou un autre, de la naissance à l'âge adulte.
Des expositions régulières même à faibles doses sur
de très longues périodes à des pesticides perturbateurs
endocriniens pourraient également causer des dommages importants
[63].
Figure 22. Effets des pesticides sur le
systéme endocrinien [63 ].
2-2-3-Anomalies congénitales :
Le foetus en développement et le
bébé sont extrêmement sensibles aux effets des pesticides,
L'exposition du foetus à des pesticides à certaines
périodes de la grossesse peut conduire à un avortement
spontané, à des retards de croissance, des handicaps à la
naissance. L'exposition du foetus à des perturbateurs endocriniens
(comme certains pesticides) est même soupçonnée de
modifier le sexe de l'enfant à naître. En effet des
chercheurs se sont aperçus que la proportion de bébés
mâles, par rapport à l'ensemble des nouveau-nés,
était en train de décliner doucement depuis 20 ans dans de
nombreux pays industrialisés ou en voie d'industrialisation. Ces
équipes de scientifiques pensent que ce changement est causé par
l'exposition du foetus à toute une série de produits chimiques
perturbateurs endocriniens tels que certains pesticides suspectés
d'être Perturbateurs Endocriniens. Entre la 6ème et la 9ème
semaine de grossesse l'embryon mâle poursuit sa
différenciation sexuelle, sous l'influence des hormones
sécrétées par les gonades (glande génitale
mâle). Si une substance étrangère à l'embryon vient
perturber ce processus hormonal à ce stade, la
transformation peut être arrêtée et un
bébé femelle peut naître, Ces chercheurs ont
révélé d'autres problèmes telles que des
malformations du pénis et des testicules à la naissance,
l'augmentation de la fréquence du cancer des testicules, le
déclin de la quantité et de la qualité du sperme à
ces mêmes causes environnementales [64].
De nombreuses autres études
épidémiologiques montrent que l'exposition professionnelle ou par
l'environnement des familles aux pesticides peut amener des retards de
croissance, des anomalies congénitales et même des fausses couches
[64].
Ainsi une étude réalisée par
Santé Canada a montré que le risque de fausse couche et de
prématurité était plus grand dans les familles dans
lesquelles le père avait manipulé certains pesticides. Le risque
de fausse couche était 1,9 fois supérieur si le père avait
manipulé des thiocarbamates, du carbaryl et d'autres pesticides. Le
risque d'accouchement prématuré était de 1,7
à 2,4 fois plus élevé si le père avait
manipulé des pesticides comme l'atrazine, le glyphosate (la fameuse
molécule du Round-Up) ou des pesticides organophosphorés par
exemple [64].
Une étude de 2001 conduite en Californie montre
que la mort du foetus due à une anomalie congénitale est plus
fréquente chez les mères qui vivent pendant leur grossesse dans
une aire de 9 miles* carrés autour d'un endroit où l'on a
pulvérisé des pesticides. La mort du foetus due à une
anomalie congénitale est plus fréquente encore si
l'exposition de la mère aux pulvérisations de pesticides a eu
lieu entre la 3ème et la 7ème semaine de grossesse [64].
|