1-2-Effets sur les espèces :
Les pesticides ont constitué un énorme
progrès dans la maîtrise des ressources alimentaires, mais le
revers de la médaille est apparu très rapidement ; des
phénomènes de résistance chez les insectes, puis
l'apparition de troubles de la reproduction chez les oiseaux ont montré
de façon spectaculaire les limites et les dangers pour l'environnement
de leur utilisation sans discernement. Le célèbre livre de Rachel
Carson, Printemps silencieux (1962), qui dénonçait avec
force les dégâts provoqués par les insecticides
organochlorés, a fait prendre conscience à la communauté
scientifique et à l'opinion publique des dangers des pesticides. Trente
ans après, le dilemme existe toujours entre la nécessité
de construire un système de développement durable pour
l'humanité dans un environnement de moins en moins contaminé,
tout en assurant une lutte efficace contre les ravageurs des cultures et les
vecteurs de maladies [120].
Dans ce débat, la recherche a son rôle
à jouer et le comité Ecologie et gestion du patrimoine naturel
(EGPN) du SRETIE lançait un appel d'offres sous le titre Impacts des
pesticides sur la faune et la flore sauvages pour inciter des travaux de
recherche dans ce domaine. Ces travaux terminés, à l'issue d'une
journée de restitution des résultats organisée à
Lyon le 6 février 1991, il est apparu intéressant, au-delà
des interventions spécialisées, de reprendre les principaux
éléments de la discussion, de mettre en lumière les
constats et dégager des perspectives, les textes rédigés
pour la plupart par des participants à cet appel d'offres, sont
ordonnés autour de deux points essentiels : que savons-nous exactement
aujourd'hui de la contamination de l'environnement et des effets des pesticides
sur les biocénoses ? Comment évaluer demain le risque
environnemental lié à l'emploi des pesticides ? [120].
1-2-1-Effets sur la Flore :
A l'évidence, les herbicides sont les
produits les plus nocifs pour les plantes non-cultivées. Mais la
microflore est aussi atteinte et dans certaines zones, on peut suspecter un
lien de cause à effet entre l'utilisation des pesticides et, par
exemple, la disparition de lichens. Les pesticides auraient également
une responsabilité dans le dépérissement forestier :
pour Hartmut Frank, écotoxicologue de l'Université de
Tübingen, les sols des parcelles les plus touchées
présentent de fortes concentrations en trichloroacide acétique,
jusqu'à 0,4 mg/m3 sur des zones où il n'a jamais
été appliqué (communication orale) [121].
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