e) Echanges internationaux et rendements
croissants
La théorie traditionnelle pose l'hypothèse de
rendements constants. La spécialisation internationale n'est
déterminée que par des différences figées de
coûts de production (l'avantage comparatif), expliquées entre
autres par des dotations naturelles des facteurs de production. Dans cette
théorie, la taille des nations n'a aucun impact sur la
spécialisation internationale. Que se passe-t-il, au
contraire, si les coûts de production diminuent avec les quantités
produites ?
f) Les différents cas de rendements
d'échelle croissants.
Alfred Marshall (1879) a été
le premier à introduire la distinction fondamentale entre les
économies d'échelle internes et externes à la firme.
Ø Les économies d'échelle
internes.
C'est l'augmentation de
la taille de l'entreprise, et qui conduit à ces économies
d'échelle, pouvant provenir d'économies réalisées
sur l'organisation interne de la firme ou encore de l'existence de coûts
fixes (La fonction de production présente des rendements
d'échelle croissants si f(ëK,ëL)>ëf(K,L) avec
ë>1, dans ce cas la production d'une grande firme est supérieure
à la somme des productions d'entreprises plus petites), (Vujisic,
2007).
Ø Les économies d'échelle
externes.
Il existe des économies
d'échelle externes lorsque l'efficacité d'une firme quelconque
est influencée positivement par la taille du secteur ou du pays. Lorsque
de telles économies existent, toutes les entreprises du secteur, alors
qu'elles gardent la même taille, voient leurs coûts de production
diminuer suite à une augmentation de la production globale. Le
coût unitaire de production dépend alors de la taille du secteur,
mais pas de celle de la firme spécifiquement (Vujisic, 2007).
C'est le cas par exemple, lorsque les industries sont
concentrées dans un lieu donné, ce qui leur permet de
bénéficier d'infrastructures plus développées,
d'une offre de services plus appropriée ou encore d'une offre de travail
spécialisée plus compétente et plus productive ainsi que
de « retombées en connaissances » plus importantes (diffusion
du savoir et amélioration des connaissances par l'imitation ou la
collaboration).
g) Les économies d'échelle externes
et les échanges internationaux
Les économies d'échelle externes sont-elles une
cause des échanges internationaux ? Si de telles économies
existent de manière significative dans la production d'un bien
donné, elles ont pour effet de favoriser, toutes choses égales
par ailleurs, les nations qui produisent des volumes importants de ce bien. Il
en découle que l'entrée sur le marché international de
nouveaux exportateurs capables potentiellement de produire à des
coûts unitaires plus faibles, peut alors être impossible. Cette
analyse a plusieurs conséquences :
- la taille du marché intérieur d'une nation
peut, en présence d'économies d'échelle externes,
être un facteur explicatif du commerce international (elle procure un
avantage certain sur les autres nations) ;
- les spécialisations internationales résultant
des économies d'échelle externes sont stables, même si les
avantages comparatifs se modifient (un nouveau pays, accédant à
la technologie, capable potentiellement de produire à un coût
unitaire plus faible en raison de l'infériorité des coûts
salariaux ne pourra pas rentrer sur le marché);
- des « accidents historiques », à l'origine
d'une production donnée dans un pays spécifique, peuvent se
révéler décisifs dans la création des flux
commerciaux internationaux. La date d'entrée dans la production des
firmes d'un pays devient un facteur essentiel pour expliquer la
spécialisation internationale : les premiers pays entrés
bénéficient d'un avantage qui ne peut être rattrapé
par d'autres concurrents.
- les économies d'échelle constituent donc une
barrière à l'entrée d'un secteur. En économie
internationale, c'est un argument en faveur de la protection des industries
naissantes.
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