2.6 PRISE DE RECUL SUR LA STRATEGIE ENERGETIQUE
Cette section contient de nombreux extraits de l'analyse
de la ZAC de l'Eco-quartier du Val de Ris réalisée par
Ekopolis.
2.6.1 L'énergie comme un objectif essentiellement
environnemental
La stratégie énergétique de la ZAC de
l'Eco-quartier du Val de Ris est principalement portée par un objectif
environnemental, fil conducteur du projet comme en témoigne la charte
Eco-quartier mise en place par la maîtrise d'ouvrage.
La communication de la Commune met aussi en exergue les
avantages économiques des systèmes énergétiques
« les bâtiments du quartier auront donc de faibles besoins en
énergie, ce qui réduira la consommation finale des
ménages. En outre, du fait que les besoins en chauffage du quartier
seront couverts à plus de 60% par une énergie renouvelable, cela
permet l'application d'une TVA à 5,5% sur la facture de chauffage »
(La Gazette de Ris-Orangis, janvier 2009). Cette communication a davantage un
but marketing (aucun des acteurs rencontré lors des entretiens n'a
mentionné l'argument économique comme élément
fondateur de la politique énergétique). La Ville, dans son
opération de communication, choisit des arguments économiques
pour séduire les habitants. Elle « oublie » cependant de
mentionner des éléments moins attractifs tels que le
surcoût lié à l'investissement du système
géothermique, qui se répercutera sur les charges fixes du prix de
la chaleur et du froid.
2.6.2 Une stratégie énergétique au
sein du quartier
L'Eco-quartier du Val de Ris est innovant au regard de
l'intégration de l'aspect énergétique dans le programme
d'aménagement. D'une part, il s'agit du premier quartier d'Ile-de-France
dont l'objectif est la certification BBC à l'échelle du quartier.
D'autre part, ce réseau montre une réelle qualité
environnementale : plus de 70% de l'énergie consommée sera de
sources renouvelables. Ce système permet de mettre en oeuvre des
mécanismes financiers qui le subventionne. L'utilisation de ressources
locales et le mix énergétique permet aussi de garantir un certain
contrôle sur l'évolution du prix de l'énergie.
> Réinjection du fluide géothermal extrait dans
l'aquifère d'origine ou rejet en mer pour les opérations sur eau
de mer, > COP machine égal ou supérieur a 4.0 (mesure pour les
conditions de température prévues selon la norme
européenne EN 14511),
> Mise en place d'un comptage d'énergie (production
géothermale ou marine, production PAC, consommations auxiliaires,
consommations énergie d'appoint, ...) et d'un dispositif de recueil des
données.
La stratégie mise en place par l'AFTRP s'appuie sur de
nombreux outils de gestion de projet comme les cahiers de prescriptions et le
système de management environnemental. De nature contractuelle ou mis en
oeuvre pour donner un cadre au management de projet, ils ont favorisé la
réalisation des objectifs énergétiques.
L'AFTRP a su s'entourer d'experts énergéticiens
et juridiques qui l'ont conseillé durant les phases de planification et
de programmation tant dans les champs stratégiques, managériaux
et techniques. Ces professionnels ont notamment mis en place la concession de
droit privé de ce système énergétique, unique sur
le territoire français.
2.6.3 Des hypothèses énergétiques
pouvant influencer le choix du système énergétique
Toute modélisation énergétique
nécessite de nombreuses hypothèses sur lesquelles se basent les
évaluations de consommation et de déperditions
énergétiques. A de nombreuses reprises elles ont
été évoquées dans ce document. Aussi faut-il
être très prudent vis-à-vis des données
utilisées. En les manipulant, il est ainsi facile de promouvoir une
technologie au détriment d'une autre.
La première commande à IOSIS était
d'étudier la faisabilité d'un système à base de
géothermie et de le comparer aux solutions gaz et biomasse, ce qui
constitue une obligation légale. Détaillons les hypothèses
prises par IOSIS pour la solution gaz:
> Contrairement à l'étude du système
géothermie, il n'y a pas de comparaison entre des systèmes
centralisés et semi-centralisés
> Le même besoin énergétique (ECS +
chauffage) que le système géothermique est
considéré (ce qui exclu la consommation des auxiliaires de
pompage de la PAC),
> Les bases de coûts sont : 70€/MWh HT pour
l'électricité et 35€/MWh HT pour le gaz. Une comparaison
avec les chiffres disponibles à cette époque montre que le prix
de l'électricité était de 90,0€/MWh HT et le prix du
gaz en hiver (quand il est le plus cher) pour les chaufferies collectives
était de 34,4€/MWH HT (AMORCE, 2007). Le prix de
l'électricité a donc été sous-estimé. Les
technologies qui utilisent cette source d'énergie - comme la PAC - sont
donc favorisées.
Les éléments ci-dessus tendent à penser
que les hypothèses prises par IOSIS lors de sont étude favorisent
les solutions énergétiques qui utilisent de
l'électricité. Ils appellent à la vigilance quant aux
études qui sont réalisées. Avoir une culture
énergétique permet de saisir certains aspects, mais un bon
maître d'ouvrage doit savoir s'entourer pour mettre en perspective les
prescriptions des experts.
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