1.5.4.4 Les limites de la course aux labels
De plus en plus de bâtiments sont aujourd'hui
labellisés. Les arguments qui peuvent expliquer cette dynamique sont la
volonté d'amélioration des performances des bâtiments et la
reconnaissance consécutive au « prestige » qu'elle apporte
(Charlot-Valdieu, 2009).
Certaines réserves relatives aux labels sont cependant
émettre. Les méthodes de calcul des consommations
énergétiques n'intègrent pas toutes les
caractéristiques potentielles d'un projet. Par exemple, la chaleur
produite à partir d'un réseau géothermique n'est pas
comprise dans la RT 2005. Par ailleurs, labéliser un projet, c'est
cautionner qu'il y a une manière de faire un projet
d'aménagement, optimale et adaptable aux nombreuses opérations.
Or, et ce n'est qu'un exemple, peu de label prennent en compte le contexte du
projet et son insertion dans l'existant qui compose pourtant un
élément essentiel pour l'appropriation du futur quartier par les
usagers. En somme, une labellisation énergétique ne se focalise
que sur la dimension environnementale. Il s'agit donc d'un outil qui doit
être complété avec des analyses transversales.
La labellisation pose aussi des questions sur
l'évaluation des performances énergétiques à moyen
et long terme. Aujourd'hui, les mesures des infiltrations se réalisent
uniquement à la livraison du bâtiment. Certains concepteurs
pourraient donc ne pas à prendre en compte le vieillissement du
bâti qui influe pourtant sur sa qualité. Par exemple, il existe
des plaques d'isolants thermiques rigides qui évoluent peu avec le temps
alors que l'on observe régulièrement un tassement de l'isolant en
bas des plaques semi-rigides16 qui réduit la performance
énergétique.
Enfin, la performance d'un bâtiment dépend fortement
du comportement des habitants. Or, les labels cités
précédemment n'intègrent pas de sensibilisation de ce
public.
Les acteurs de projets sont contraints de mettre en place des
solutions techniques qui répondent aux réglementations en vigueur
sur leur territoire. Il y a donc une performance énergétique
minimale qui est systématiquement (et théoriquement) atteinte. La
maîtrise d'ouvrage peut aussi choisir des objectifs plus ambitieux. Dans
tous les cas, les solutions s'implémentent à l'échelle
individuelle (logement, bâtiment), à l'échelle du quartier
(système centralisés ou décentralisés) ou
s'intègrent dans une dynamique globale à l'échelle
nationale et internationale.
1.5.5 Un montage financier plus difficile à mettre
en oeuvre
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