Le rôle des IDE (Investissement Direct Etranger ) dans le secteur bancaire algérien( Télécharger le fichier original )par Makrane Hanane Université Abderrahmane Mira de Béjaia Algérie - Technicien supérieur en commerce international 2009 |
Section 2 : Les fonctions principales de l'IDE1. L'apport en Capital :Depuis l'ouverture de l'économie algérienne aux IDE, le taux d'investissement brut en pourcentage du PIB est resté relativement stable - autour de 25 % - jusqu'en 1999, où une baisse a pu être constatée. Parallèlement, le taux d'épargne, de l'ordre de 27 à 30 %, a connu une très forte augmentation pour atteindre 44 % en 200018(*) ; il reste depuis relativement élevé. La contribution en pourcentage des IDE à la formation brute du capital fixe (FBCF) est demeurée très faible jusqu'en 2000 où elle a atteint 3,8 %. Ce taux a connu en 2002 une augmentation significative à hauteur de 8,1%19(*). Le secteur bancaire a également connu des mutations, mais reste marqué par des archaïsmes à la fois dans les méthodes de gestion et dans la gamme des produits offerts aux opérateurs économiques. Pendant longtemps orienté quasi exclusivement vers le secteur public, les banques publiques se tournent de plus en plus vers les investisseurs privés. La réforme de 1990 dite «loi sur la monnaie et le crédit» a constitué le socle sur lequel reposent les tendances réformatrices du secteur bancaire. Ainsi, de nouveaux agréments et autorisations d'exercice ont été accordés à plus d'une dizaine de banques privées nationales ou étrangères. Cette ouverture a permis l'émergence d'une concurrence entre les banques, mais le secteur public reste dominant à la fois par le volume des engagements, la densité du réseau et le niveau de risques. Les banques privées restent prudentes et prennent peu d'engagements : en effet, elles sont encore peu nombreuses et la présence des banques étrangères reste limitée. Cependant, les autorités publiques ont encore de grands progrès à faire pour mettre à niveau un système bancaire qui demeure archaïque et fragile. La réforme du système financier et la modernisation de ses instruments de gestion et d'intervention sont rendues nécessaires par la nécessité d'accompagner les autres réformes économiques et l'introduction de nouveaux produits capables d'améliorer la bancarisation de l'économie, de mieux drainer l'épargne et de proposer de nouveaux instruments de financement. À titre d'illustration de l'inefficacité du système, la compensation d'un chèque prend selon les cas entre 20 et 50 jours, ce qui est très pénalisant pour les entreprises opérant sur le marché algérien. Un Ministère délégué auprès du Ministère des finances a été créé ces dernières années, sa principale mission est de conduire une grande réforme financière. Ainsi, l'offre de privatisation d'une banque publique (le Crédit populaire d'Algérie) prouve à souhait le dynamisme retrouvé du secteur bancaire, dont la modernisation devrait constituer un signal fort en direction des investisseurs étrangers. - L'intérêt des flux de capitaux : Les économistes tendent à être favorables à la liberté des flux internationaux de capitaux, car elle permet d'obtenir le meilleur taux de rendement. Les flux de capitaux libres de restrictions peuvent présenter plusieurs autres avantages. Premièrement, les flux internationaux de capitaux réduisent les risques pour leurs détenteurs en leur permettant de diversifier leurs prêts et investissements. Deuxièmement, l'intégration mondiale des marchés de capitaux peut contribuer à la diffusion de pratiques optimales en matière de gouvernement d'entreprise, de règles comptables et d'application de la loi. Troisièmement, la mobilité des capitaux dans le monde limite la mesure dans laquelle les gouvernements peuvent mener de mauvaises politiques. Outre ces avantages, qui s'appliquent en principe à toutes sortes d'entrées de capitaux privés, les gains procurés par l'IDE aux pays hôtes peuvent revêtir bien d'autres formes : · L'IDE permet des transferts de technologie : en particulier sous forme de nouveaux types d'intrants de capital fixe que les investissements financiers ou le commerce des biens et services ne peuvent assurer ; · L'IDE peut aussi promouvoir la concurrence sur le marché intérieur des intrants ; · L'IDE s'accompagne souvent de programmes de formation du personnel des nouvelles entreprises, ce qui contribue au développement des ressources humaines du pays hôte ; · Les bénéfices engendrés par l'IDE augmentent les recettes fiscales du pays hôte. Certes, les pays choisissent souvent de renoncer à une partie de ces recettes quand ils réduisent les impôts sur les bénéfices des sociétés pour attirer l'IDE. Ainsi la forte diminution des recettes fiscales de ce type dans certains des pays membres de l'OCDE est peut-être imputable à cette concurrence. L'IDE devrait donc, en principe, contribuer de ces diverses façons à l'investissement et à la croissance dans les pays hôtes. - Les effets bénéfiques du flux de capitaux : De nombreuses études ont démontré les effets des entrées de capitaux sur l'investissement intérieur entre 1978 et 1995. Il fallait alors distinguer entre trois types d'entrées : IDE, placements de portefeuille et autres flux financiers (prêts bancaires principalement). Le résultat a été que pour une augmentation de 1 dollar des apports de capitaux, les investissements intérieurs augmentent d'environ 50 centimes. Cette observation masque toutefois des différences significatives entre les types d'apports. L'IDE semble produire une augmentation de l'investissement intérieur de 1 pour 1, les entrées de capitaux de portefeuille semblent n'avoir pratiquement aucun effet sensible sur l'investissement, et les prêts ont un effet intermédiaire. - Les effets négatifs : Malgré les faits présentés, d'autres travaux indiquent que les pays en développement comme l'Algérie doivent veiller à ne pas trop se leurrer quant aux avantages de l'IDE. v La part des IDE : Un aspect frappant des flux d'IDE est que leur part dans le total des entrées est plus forte dans les pays à plus haut risque, d'après la notation du crédit des pays pour la dette souveraine (publique) ou d'après d'autres indicateurs du risque pays. Certaines données indiquent aussi que la part de l'IDE est plus forte dans les pays où la qualité des institutions est plus médiocre. Une explication est que l'IDE tend plus que d'autres formes de flux de capitaux à aller à des pays où les marchés font défaut ou sont inefficients. Dans ces conditions, les investisseurs étrangers préfèrent opérer directement au lieu de s'en remettre aux marchés financiers, fournisseurs ou institutions juridiques du pays. Cela signifie, du point de vue de la politique économique, que les pays qui essaient d'élargir leur accès aux marchés internationaux de capitaux doivent se concentrer sur la mise en place de dispositifs d'application crédibles au lieu de s'employer à attirer davantage d'IDE. Dans la même veine, les pays se concentrent sur l'amélioration du contexte de l'investissement et du fonctionnement des marchés. Ils en seront sans doute récompensés par des investissements de plus en plus efficients ainsi que par une augmentation des entrées de capitaux. S'il est fort probable que l'IDE représente une plus large part des entrées de capitaux dans les pays où les politiques et les institutions sont faibles, il ne faut pas pour autant blâmer l'IDE. Car, sans lui, les pays hôtes pourraient bien être beaucoup plus pauvres. v La sélection adverse et l'endettement : L'IDE n'est pas seulement un transfert de propriété de résidents nationaux à résidents étrangers, mais aussi un système qui permet aux investisseurs étrangers d'exercer leur capacité de gestion et de contrôle dans les entreprises des pays hôtes, c'est-à-dire un système de gouvernement d'entreprise. Le transfert de contrôle n'est pas toujours bénéfique aux pays hôtes en raison des circonstances dans lesquelles il s'opère, des problèmes de sélection adverse ou d'un endettement excessif. Le transfert s'effectue parfois en pleine crise. Même en dehors de ces situations de bradage, le pays hôte ne bénéficiera pas forcément de l'IDE. Avec l'IDE, les investisseurs étrangers obtiennent des informations cruciales sur l'efficacité des entreprises qu'ils contrôlent. Ils ont ainsi un avantage sur les épargnants nationaux «non informés», auxquels l'achat d'actions dans les entreprises ne confère aucun contrôle.
Profitant de ces informations d'initiés, les investisseurs directs étrangers tendront à conserver les entreprises très rentables dans leur portefeuille et à en garder le contrôle, et à vendre les entreprises peu rentables aux épargnants non informés. Comme dans d'autres cas de sélection adverse, ce processus peut conduire les investisseurs directs étrangers à surinvestir. Un endettement excessif peut aussi limiter les avantages de l'IDE. Typiquement, les investissements effectués dans les pays par les sociétés d'IDE sont financés en grande partie par des capitaux empruntés sur le marché intérieur. Par conséquent, la part de l'investissement intérieur financée par l'épargne étrangère sous forme d'IDE n'est peut-être pas aussi importante qu'il n'y paraît : l'investisseur pouvant rapatrier l'emprunt, les gains liés à l'IDE peuvent être réduits du montant de l'emprunt contracté dans le pays par les entreprises étrangères. v Le rapatriement de l'IDE :
Les récentes études montrent aussi sous un jour nouveau les observations sur la stabilité de l'IDE. S'il est vrai que les machines sont solidement installées, donc difficiles à sortir, les transactions financières peuvent permettre de rapatrier l'IDE. Par exemple, la filiale étrangère peut emprunter contre sa garantie dans le pays et reprêter l'argent à la société mère. De même, du fait qu'une part importante de l'IDE représente une dette interne de la société, la société mère peut en demander le remboursement à bref délai. v Les autres considérations : Il y a d'autres cas dans lesquels l'IDE peut ne pas être bénéfique aux pays hôtes par exemple, quand l'investissement est centré sur des marchés intérieurs protégés par de hautes barrières tarifaires ou non tarifaires. Dans ces circonstances, l'IDE peut renforcer l'action des lobbys cherchant à perpétuer la mauvaise allocation des ressources. On peut aussi assister à une perte de concurrence intérieure résultant d'acquisitions étrangères, par rachat ou à la suite de faillites, qui conduisent à un regroupement d'entreprises intérieures. * 18 _ Rapport de la CNUCED, « Examen de la politique de l'investissement en Algérie », New York et Genève, 2005, p19. * 19 _ Rapport de la CNUCED : Ibid, p20. |
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