2. Le transfert de technologies et de
compétences :
- Le contexte économique
local :
L'Algérie a toujours su
consacrer les ressources nécessaires à l'éducation et
à la formation. L'école gratuite et obligatoire est
assurée jusqu'à l'âge de 16 ans ; les universités
sont nombreuses et offrent des gammes de formation assez complètes (plus
de 500 000 étudiants fréquentent les universités et les
établissements de formation supérieure).
Néanmoins, un fossé persiste entre cette
élite universitaire et la rareté de techniciens,
ingénieurs et managers qualifiés sur le marché de
l'emploi. C'est certainement sur ce point que les investissements
étrangers, en coopération avec l'État, peuvent aider
à rétablir l'équilibre rompu.
De plus, de nombreuses entreprises étrangères
insistent sur l'importance de la formation professionnelle et sont dans
l'obligation d'assurer une formation interne pour répondre à des
exigences croissantes en matière de qualité des produits ; cette
tendance est plus qu'encourageante pour le transfert de compétences en
Algérie.
En ce qui concerne le transfert de technologies, il est
difficile de mesurer l'impact des investissements sur un domaine aussi
qualitatif.
Cependant, il semblerait que les investissements croissants
dans des secteurs hautement technologiques comme l'électronique ou les
télécommunications ont un impact positif en termes de signatures
d'accords pour le transfert de technologie entre le secteur privé local
et les FMN.
À ce sujet, néanmoins, l'amélioration de
la législation nationale en matière de propriété
intellectuelle, en particulier en ce qui concerne les brevets, demeure
fondamentale pour induire les FMN à passer ce genre de contrats.
-Les formes de transfert de technologies et de
compétences :
Les sociétés transnationales (STN) concentrent
une bonne partie des technologies les plus avancées au monde et c'est
également au sein de ces entreprises que s'effectue la majeure partie du
transfert de technologies.
Ainsi, pour de nombreux pays en développement n'ayant
pas un avantage technologique, l'implantation de technologies
étrangères peut être un substitut ou un complément
au développement d'une activité de recherche nationale.
En effet, en deux décennies, la spécialisation
des nouveaux pays industrialisés asiatiques a évolué de
secteurs à contenu élevé en main d'oeuvre vers des
secteurs plus intensifs en capital et technologie.
Ce mécanisme semble être le résultat des
externalités gérées par les IDE de pays plus
avancés techniquement, comme le Japon ou les Etats-Unis (Ozawa 1994).
L'apport de technologie japonaise se substitue au manque de recherche et
développement de ces pays dont l'Algérie en fait partie.
La diffusion technologique peut aussi prendre la forme de
retombées technologiques et l'on parle de retombées
technologiques horizontales lorsque, par exemple, la filiale a une technologie
nouvelle qui est ultérieurement copiée ou assimilée par
les entreprises concurrentes.
Il existe aussi des retombées verticales, lorsque la
filiale transfère, à titre gratuit, une technologie aux
entreprises qui fournissent des intrants ou des services en aval (distribution
ou vente au détail de services financiers par exemple).
Le capital technologique des entreprises locales peut donc
s'améliorer lorsque des FMN prennent pied sur le marché.
Ces dernières possédant un avantage comparatif
en terme de technologies nouvelles et de nouveaux modes d'organisation et de
distribution, fournissent une assistance technique à leurs fournisseurs
et clients locaux, et forment des travailleurs et des cadres qui seront peut
être ultérieurement recrutés par les entreprises locales.
Ces externalités vont alors améliorer le taux de
croissance de la productivité globale des facteurs (PGF) de ces pays. Il
y a plusieurs études empiriques tentant de montrer la relation entre les
IDE, la diffusion technologique et la croissance économique des pays
hôtes.
Ces études indiquent que dans les cinq premières
années de leur commercialisation, les nouvelles technologies se
diffusent à l'étranger essentiellement par le biais des filiales
de multinationales et non pas à travers les exportations.
Dans la plupart des cas, il s'avère que les
technologies transférées aux filiales sont en moyenne plus
récentes que celles qui sont cédées à des tiers par
le jeu de licences ou dans le cadre de coentreprises.
D'autres sont en accord avec le fait que l'IDE est un vecteur
important, peut être même le plus important pour le transfert de
technologies vers les pays en développement.
Ces travaux s'accordent aussi sur le fait que l'importance du
transfert technologique auquel l'IDE donne lieu, varie en fonction des
caractéristiques du secteur industriel et du pays d'accueil : une
concurrence plus forte, une formation plus importante de capital fixe, un
niveau d'instruction plus élevé et des conditions moins
restrictives imposées aux filiales sont autant d'éléments
qui favorisent les transferts de technologies.
-L'écart technologique :
Le volume et la nature de la technologie
transférée sont en grande partie influencés par le niveau
de compétitivité du pays d'accueil. En effet, les
externalités sont les plus susceptibles d'apparaître dans les
régions ayant un avantage technologique dans le passé,
c'est-à-dire qui ont une base technologique endogène qui ne
demande qu'à être stimulée, l'impact est donc d'autant
plus grand que les firmes locales sont capables d'assimiler les nouvelles
technologies.
En effet, sur la base de réponses des firmes
domestiques à la présence des FMN américaines dans le
marché européen entre 1955 et 1975. Il a été
constaté que l'impact positif le plus important sur la technologie
locale est observé dans les firmes qui ont une grande tradition
technologique ceux qui n'est pas le cas pour les entreprises (banques)
algériennes.
Dans les pays à faible capacité innovatrice, la
domination des firmes étrangères peut inhiber l'apprentissage
local et décourager les entreprises locales à développer
leurs propres activités de R&D. Par exemple, la création d'un
département spécialisé dans la conception et le
contrôle de logiciels bancaires comme c'est le cas aux Etats-Unis.
Ceci ne signifie pas que les pays moins avancés ne
puissent pas bénéficier de transferts technologiques. Des IDE
"trop technologiques", déconnectés du secteur local,
peuvent n'être que faiblement bénéfiques pour la
croissance.
Mais pour qu'il y ait un rattrapage technologique entre un
pays technologiquement en retard et un pays industrialisé via l'IDE, la
distance technologique entre ces deux pays ne doit pas être "trop
grande".
Dans le cas du Mexique (70-75), les effets externes sont une
fonction croissante de l'écart technologique : la présence assez
élevée des IDE apporte une petite augmentation de la
productivité des secteurs à faible technologie, mais aucun effet
sur la productivité des firmes à haute technologie y compris les
banques.
L'explication serait que la concurrence des firmes
étrangères peut obliger les firmes locales à utiliser des
technologies avancées, mais qu'il n'y a pas d'effets
d'externalités et d'entraînements sur les firmes à haute
technologie.
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