Chants de recueils et culte Protestant aujourd'hui à Kinshasa. Effort pour la revalorisation des chants traditionnels( Télécharger le fichier original )par Maurice Mondengo Iyoka B Université protestante au Congo - Diplome d'études approfondies en théologie 2008 |
SECTION II : REGARD SUR LES CHANTS DE RECUEILS AUJOURD'HUI DANS L'ÉGLISELa deuxième section porte sur les chants de recueils dans le culte protestant d'aujourd'hui à Kinshasa. Il y est surtout soulevé la quête de la compréhension de la place réservée aux chants de recueils dans le déroulement de la liturgie. C'est le premier temps. Dans un deuxième temps, nous apprécions, au deuxième chapitre, l'héritage hymnologique missionnaire par l'analyse de ses (quelques) chants retenus, d'une part et présentons les suggestions pour une fraternisation de l'identité protestante dans la liturgie et la riche différence de son hymnologie aux fins de provoquer l'arrêt de cette marche en avant vers l'effondrement de notre identité de protestant. On peut dire que, dans cette section, le travail consiste en la confrontation des liturgies de paroisses choisies de l'Église du Christ au Congo, en vue d'apprécier la particularité de la place réservée aux chants de recueils dans le culte protestant et de relever les indicateurs de la marche silencieuse vers l'effacement des chants de recueils dans le culte protestant. La période prise en compte est celle située entre 1987 et 2007. A ce sujet, nous nous posons la question de savoir si elle ne serait pas une période des mutations pour le culte et les chants dans le culte. CHAPITRE PREMIER : DU CULTE PROTESTANT D'AUJOURD'HUI A KINSHASA ET LA PLACE RESERVEE AUX CHANTS DE RECUEILS
Depuis l'évangélisation du Congo « protestant » par les Missions chrétiennes protestantes qui avaient la mission d'apporter le christianisme aux peuples du Congo, les chants de recueils conçus par ces Missions358(*) pour servir d'une autre main de l'évangélisation aux côtés de la Bible, avaient toute leur place dans la liturgie de nombreux cultes et réunion des prières. Mais qu'en est-il plusieurs siècles après ? Les chants de recueils, peut-être à cause de leur ancienneté, seraient aujourd'hui en train de passer un temps de souffrance dans la liturgie du culte de nombreuses églises protestantes à Kinshasa. A cet effet, deux tendances sont à relever : la continuité d'une part, et la discontinuité ou rupture d'avec les chants de vieux recueils missionnaires dans le culte protestant d'aujourd'hui, de l'autre. En d'autres termes, les églises semblent se trouver entre le désir de sauvegarder les chants de recueils pour l'Église rassemblée en prière et celui de s'ouvrir, chaque jour qui passe, à une autre musique d'Église. Le premier désir voudrait faire valoir l'hymnologie de l'identité particulière du culte protestant d'antan, tandis que le second semble l'éloigner de la conception hymnologique du culte protestant d'hier pour le rapprocher d'une autre hymnologie, différente de la première. C'est comme qui dirait, deux courants hymnologiques se heurtent aujourd'hui à Kinshasa. Il faut dire que d'un côté, il y aurait le courant des traditionalistes, dit missionnaire et de l'autre, le courant des modernistes, dit pentecôtiste. Le premier cité est celui qui rassemblerait les quelques rares défenseurs de l'oeuvre hymnologique des Églises issues de la Réforme. Il se veut donc gardien de l'héritage hymnologique des missionnaires introduit depuis l'évangélisation du Congo en 1878. Le second est celui qui rassemblerait (presque) la majorité des chrétiens, filles et fils du Congo, regroupés dans les Églises dites de « Réveil » ou post- missionnaires. Ce courant se meut au vent de l'évolution actuelle et s'inspire des traditions et folklores africains sans oublier d'inclure tout ce qui est en vogue. L'Église ne semble-t-elle pas se trouver ainsi en face d'une sorte de dilemme devant le choix à faire entre les chants de recueils missionnaires et les chants populaires ? Est-ce que le chant serait, oui ou non, en train de diviser l'Église protestante aujourd'hui ? L'Église protestante se rend-elle compte de cette situation ? Quelle place réserve-t-elle aux chants de recueils dans le culte d'aujourd'hui ? Pour nous rendre compte de la situation, mieux de trouver des réponses aux questions soulevées, avons-nous souhaité palper la réalité de la place réservée aux chants de recueils dans les cultes et réunions des prières de quelques paroisses retenues pour cette étude. Car, estimons-nous, c'est l'une des meilleures voies pour nous fixer sur la problématique soulevée dans cette étude. Des résultats de cette étude, nous saurons soit affirmer soit infirmer nos hypothèses qui semblent soutenir un possible effondrement d'un des symboles de l'identité du culte protestant. C'est aux fins de la revalorisation des chants traditionnels que nous le ferons. Il sied de noter que cette étude couvre la période allant de 1987 à 2007. Les motivations, avons-nous dit à l'introduction générale du travail, sont les suivantes : 1. La première limite nous aide à observer la période d'avant 1990 où il semble avoir eu le début de l'influence d'un grand mouvement pentecôtiste conduit par l'Église de la FEPACO « Nzambe malamu » qui serait considérée comme catalyseur dans la multiplication spontanée des églises dans les quartiers après les pillages de 1991 et 1993 à Kinshasa. Le peuple se trouvant au coeur de la désolation de la crise politique, économique et sociale à Kinshasa d'après les pillages cherchait le refuge en la prière et les prophéties dans les églises. Ces Églises sont beaucoup plus celles dites pentecôtistes et de Réveil. Elles sont différentes des traditionnelles dans leur organisation cultuelle. Elles accordent beaucoup d'importance à la louange et à l'adoration mais aussi au « prier à haute voix » (sauf pendant la confession) qui, comme moment liturgique, peuvent prendre plus d'une heure de l'ensemble du culte organisé. A Kinshasa, le peuple chrétien trouvera cela bon et l'adoptera petit à petit dans les cultes organisés. Les Églises traditionnelles (Catholique et surtout protestante) ne resteront pas à l'écart. Elles subiront dans le temps et dans l'espace l'influence pentecôtiste. C'est la première raison. La deuxième limite, c'est celle qui nous met en face de cette étude après avoir suivi cette situation durant ces dernières années. Il faut mettre en valeur le fait que si 1987 était la période de contraction de ce « virus » qui attaque les chants de recueils dans la liturgie des Églises urbaines membres de l'ECC à Kinshasa, 2007 est la période où la gravité de cette problématique est plus que déclarée. C'est la deuxième raison. Mais, vu le temps imparti, nous rendrons compte de la place réservée aux chants de recueils dans le culte dans ces quelques paroisses protestantes suivantes : 1. CBCO/Kintambo ; 2. CBFC/Lisala ; 3. CEUM/Kasavubu ; 4. CPK/Yolo ; 5. Deux Aumôneries Universitaires (PPISG, PPUKIN). 1.2 Présentation des paroisses choisies à KinshasaIl est important que chacune des paroisses choisies soit présentée en quelques articulations qui retracent son historique, ses activités hebdomadaires, sa liturgie du culte dominical comme de ses cultes de la semaine, et si possible ses statistiques. Nous le ferons avant de donner nos commentaires relatifs à la problématique soulevée. 1.2.1 La Paroisse protestante CBCO/Kintambo1.2.1.1 HistoriqueLa paroisse protestante CBCO/Kintambo, aussi appelée paroisse Kimvula, qui organise un culte en Lingala, est l'une de vieilles paroisses de Kinshasa. Elle date de 1908. Cette paroisse a été précédée de la 1ère Chapelle de Sims, créée en 1881. Dans cette paroisse est érigé le tout premier temple protestant, suivi du deuxième où est organisé le culte francophone. Il faut signaler que la création de celui-ci a été motivée par la présence de nombreux étudiants protestants qui venaient de l'intérieur du pays. Ce groupe d'étudiants avait exprimé le désir de suivre les cultes en français, car à la paroisse du premier temple, l'ensemble de la liturgie se faisait en Lingala. L'histoire retiendra que cette paroisse a donné naissance à toutes les autres paroisses ou églises qui, au départ, étaient des cellules. Cela commençait avec les anciens élèves des écoles protestantes qui manifestaient le désir de prier ensemble. C'est ainsi qu'on affecta un berger au groupe jusqu'au jour où une paroisse fut érigée359(*). Après l'érection de la paroisse francophone, la paroisse Kimvula connaîtra quelques problèmes majeurs. On peut retenir l'exode des fidèles qui fera d'elle l'image d'une mère qui se vide de ses enfants ; ce qui, à la longue, posera des problèmes à sa croissance numérique. Une autre difficulté que connaîtra ladite église, proviendra du mouvement dit de Réveil. En effet, beaucoup de ses fidèles deviendront des Pasteurs des églises de Réveil. On estime qu'aujourd'hui, sa population s'élève à + 500 à 900 membres. * NOTES DU PREMIER CHAPITRE 358 N'KWIM Bibi-Bikan insiste sur la distinction à faire entre les termes « mission » et « Missions » chaque fois qu'on parle de l'évangélisation au Congo. Il faut noter que le premier se rapporte au devoir de proclamer l'Évangile à tous les hommes. Il désigne aussi la tâche globale que Jésus-Christ a confiée à l'Église incluant la responsabilité sociale, culturelle et politique. Le deuxième terme désigne les organismes qui permettent à l'Église d'envoyer des messagers de la Bonne Nouvelle pour l'accomplissement de l'ordre suprême du Christ comme le rapportent les Évangiles. * 359 Rév. MASAMBA ma Mpolo, interviewé le 21 octobre 2006, sur l'historique de la Paroisse et sur la vie des chants de recueils dans la liturgie des cultes. |
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