Chants de recueils et culte Protestant aujourd'hui à Kinshasa. Effort pour la revalorisation des chants traditionnels( Télécharger le fichier original )par Maurice Mondengo Iyoka B Université protestante au Congo - Diplome d'études approfondies en théologie 2008 |
2.3.2 Son essenceLe terme essence est défini comme étant ce qui constitue la nature d'une substance sans tenir compte des modifications superficiels pouvant l'affecter.307(*) Ainsi, l'essence du protestantisme veut tout simplement dire ce qui constitue la nature du protestantisme. Brièvement, les éléments constituant la nature du protestantisme sont résumés en cinq points suivants que les théologiens, à la suite de Paul Tillich, appellent le principe protestant.308(*) Ce principe existe en germe dès la Réforme et qui se déploie progressivement à travers les époques et les territoires. Essayons de les rappeler et les présenter sous forme de thèses dans les lignes qui suivent. Thèse 1 L'Évangile de Jésus est et doit demeurer l'orientation première de la vie et du témoignage du croyant et de l'Église. Jésus-Christ est au centre des Ecritures et leur donne un sens. Il donne sens à toute vie individuelle et ecclésiale. Il est la raison et la source du salut, l'unique médiateur de la grâce de Dieu.309(*) Ceci entraîne le refus de toute autre médiation. L'intercession de Marie, mère de Jésus, et celle des Saints font davantage écran entre le croyant et Dieu qu'elles ne favorisent le dialogue de la foi. Tout rite susceptible d'être interprété comme la répétition de la mort du Christ qui a donné sa vie une fois pour toute sur la croix pour le salut du monde est rejeté. Le culte chrétien n'accomplit pas de nouveau le sacrifice offert une fois pour toute par le Fils de Dieu, mais il en actualise la promesse.310(*) Thèse 2 Le salut s'obtient par la foi seule au moyen de la grâce en Jésus-Christ La conviction sur l'Évangile et sur Jésus comme source du salut se traduit par l'insistance sur le message de justification des humains devant Dieu : C'est par pure grâce et non sur la base des oeuvres que Dieu accepte le pécheur et lui offre la vie.311(*) Sola gratia, la grâce seule et Sola fide, la foi seule sont des slogans caractéristiques du protestantisme en matière de la doctrine du salut.312(*) Ceci veut dire que la foi et la grâce sont premièrement un don de Dieu. Et la foi, telle que l'entendent les Réformateurs, est un don de la grâce divine. Elle en est donc inséparable : dire l'une (la foi) c'est simultanément dire l'autre (la grâce).313(*) Même si les oeuvres ne sauraient entraîner le salut, le protestantisme ne les néglige pas pour autant. Elles sont la conséquence nécessaire de la foi et un signe de la reconnaissance pour le salut reçu.314(*) Charles Serfass et Jules Roche commentant la confession de foi des Églises Réformées de France notent : enfin, le rejet de toutes les oeuvres méritoires accomplies par l'homme, conséquence de l'attitude prise vis-à-vis du sacrifice de Jésus, nécessaire et suffisant pour assurer le salut : « Nous croyons que toute notre justice est fondée en la rémission de nos péchés, comme aussi c'est notre seule félicité, comme dit David. C'est pourquoi nous rejetons tous de nous pouvoir justifier devant Dieu et sans et sans présumer de nouvelles vertus ni mérites, nous nous tenons seulement à l'obéissance de Jésus-Christ, laquelle nous est allouée, tant pour couvrit nos fautes que pour nous faire trouver grâce et faveur devant Dieu.315(*) Thèse 3 La justification est donc reçue par la grâce au moyen de la foi et nullement sur base des oeuvres. Elle est l'acte par lequel Dieu trois fois saint, déclare par son amour que le pécheur croyant est devenu juste et acceptable devant lui, parce que Christ a porté son péché sur la croix, ayant été « fait justice » en sa faveur (1Co 1, 30). Le protestantisme, dans son essence enseigne que la justification est gratuite, c'est-à-dire totalement imméritée (Rm 3, 24). La justification est donc reçue par la foi, et nullement sur la base des oeuvres (Rm 3, 26-30 ; 4,5 ; 5,1 ; 11,6 ; Ga 2,16 ; Ep 2,8-10). Elle est un acte souverain de celui qui, en Christ, nous appelés, justifiés et glorifiés. L'insistance sur la justification du croyant devant Dieu comme norme de toute vie ecclésiale conduit à une compréhension renouvelée de l'Église comme l'affirment Baubérot et Bost.316(*) Mais Gisel de l'autre côté pense que l'Église est « l'assemblée de tous les croyants auprès desquels l'Évangile est prêché purement et les saints sacrements administrés conformément à l'Évangile (Confession d'Augsbourg, art.7, in op.cit, p.47). L'être de l'Église est garanti par l'Esprit Saint au moyen des signes visibles que sont la Parole et les sacrements, et non une continuité institutionnelle, par des ordonnances ecclésiastiques ou l'autorité du magistère. Cet ordre renverse la prétention de toute hiérarchie à incarner l'Église ».317(*) Thèse 4
Les protestants affirment l'autorité de la Bible, l'unique source et la norme de leur enseignement ; ils rejettent la position catholique reconnaissant l'autorité suprême du pape pour tout ce qui concerne la morale et la foi. On se souviendra que Luther et ses successeurs entreprirent donc de traduire la Bible afin de permettre aux laïcs de l'étudier et d'avoir recours à leur libre arbitre qui concernait la doctrine. Malgré cet accord général sur l'autorité de la Bible, les protestants, dans leur pluralité, sont en désaccord sur des questions d'interprétation et d'érudition biblique. Les uns acceptent les résultats de la « critique supérieure » et de l'étude historico-critique de la Bible, développées au cours des XIXe et XXe siècles ; ils nient l'authenticité de certains passages de la Bible ou en présentent une interprétation symbolique ou allégorique. Les autres, des protestants conservateurs tels que les fondamentalistes ou la plupart des évangélistes, insistent sur le caractère infaillible de la Bible non seulement quant aux problèmes de foi, mais aussi dans tous les domaines de l'histoire, de la géographie et de la science. Par ailleurs, certains parmi les protestants n'admettent que le jugement individuel pour résoudre les problèmes d'interprétation biblique, tandis que d'autres s'en remettent aux credo formulés par les Églises pour guider leurs membres318(*). On comprend dès lors que la Bible par l'autorité qu'elle incarne est l'un des constituants majeurs de l'essence du protestantisme. En effet, pour les protestants, les Ecritures saintes sont la seule source qui permette de découvrir les vérités de la foi. Elles sont la norme (norma normans) de toute prédication, toute vie ecclésiale.319(*) C'est pourquoi, la conviction et la proclamation qui se veulent fidèles à la Bible constituent l'un des principes de base du protestantisme. Car dès le début, le Réformateur le clamait tout haut à la diète de Worms convoquée en 1521 par l'empereur Charles Quint. Le but de la convocation de celle-ci était que Luther y soit entendu et jugé. Quand l'occasion lui avait été donné de dire un mot, alors il y prononça ces paroles inoubliables que rapporte Gagnebin: « A moins que l'on me convainque par des attestations de l'Ecriture ou par d'évidentes raisons car je n'ajoute foi ni au pape ni aux conciles seuls puisqu'il est clair qu'ils se sont souvent trompés et qu'ils se sont contredits eux-mêmes, je suis lié par les textes scripturaires que j'ai cités et ma conscience est captive des paroles de Dieu ; car il n'est ni sûr ni bonne d'agir contre sa propre conscience. Je ne puis autrement, me voici, que Dieu me soit en aide »320(*). La « Sola scriptura », l'Ecriture seule contre l'autorité de la tradition, Pères, conciles, Papes se dégage de ces paroles de Luther. La pensée protestante est enracinée dans la Bible et dans sa lecture321(*). Celle-ci est la révélation écrite de Dieu. Elle a le message du salut en Jésus-Christ ; la Bonne Nouvelle. Cet Évangile de Jésus-Christ est et doit demeurer l'orientation première de la vie et du témoignage du croyant et de l'Église, le dit Jean Baubérot.322(*) La Bible décrit aussi l'amour sans mesure de Dieu envers l'homme pécheur. Le protestantisme estime par conséquent qu'en matière doctrinale ou éthique, la Bible est la source première, la règle de foi, des croyances et de notre vie ajoute Laurent Gagnebin323(*). La Bible jouit ainsi pour lui d'une double priorité par rapport à la tradition qui l'a suivie : une antériorité d'ordre historique et une primauté d'ordre spirituel.324(*) Qu'en est-il de la cinquième thèse de l'essence du protestantisme ? Thèse 5 La valorisation de la conscience et de la liberté individuelles. Car c'est pour la liberté que Christ nous a libérés. Ce qui fait encore partie de l'essence du protestantisme, c'est la valorisation de la conscience et liberté individuelles. Les Réformateurs ont clamé tout haut le libre droit de vivre l'Évangile. C'est ce qui entraîna l'esprit de liberté du protestantisme comme le note Freddy Dürrleman. « Ce n'est pas à dire, d'ailleurs que dès le début la Réforme ait revendiqué toutes les libertés qu'elle portait inconsciemment dans son sein. La Réforme ne s'est pas faite sur la question de la liberté, mais sur celle de la fidélité à l'Évangile. Cependant la revendication par la Réforme du libre droit pour chacun de vivre en conformité avec l'Évangile librement examiné par lui en dehors de l'autorité de l'Église, devait inévitablement faire naître toutes les autres libertés »325(*). Aussi, Martin Luther défendant la liberté chrétienne pouvait écrire : « Un chrétien est maître libre se trouvant au dessus de toutes choses et est esclave de toute personne »326(*).
Aux XVIe et XVIIe siècles, cette attitude se traduit par la critique de l'institution ecclésiale dont la Réforme juge qu'elle fait écran entre le croyant et la vérité divine révélée dans la Bible. Contre la « voie d'autorité », on prônera la « voie d'examen » : inspiré par l'esprit, le croyant peut lire et doit comprendre ce que Dieu lui dit par l'Écriture327(*). Thèse 6 Seul Jésus-Christ est le chef de l'Église. Ainsi, le sacerdoce est universel. Les dirigeants de la Réforme s'élevèrent contre l'institution catholique du sacerdoce et proclamèrent la « prêtrise de tous les croyants ». En outre, selon Luther, la participation du chrétien à la société où il pouvait servir son prochain, était tout aussi satisfaisante aux yeux de Dieu que la vocation religieuse. La plupart des confessions ont cependant adopté l'ordination des pasteurs. Mais, tandis que le prêtre catholique est perçu comme un médiateur de la grâce divine, le pasteur protestant est considéré comme un laïc ayant simplement reçu la formation qui lui permettrait de remplir des fonctions religieuses : prédication et administration des sacrements. Cette idéologie de l'égalité fondamentale de tous les membres de l'Église a fait que l'administration des Églises protestantes est toujours restée plutôt démocratique. Il existe pourtant des différences. Les principales formes reconnues sont : l'administration épiscopale (les évêques y exercent l'autorité) des Églises anglicane, épiscopale et méthodiste ; l'administration presbytérienne (les presbytes ou anciens sont élus dans les organes dirigeants comme représentants des congrégations) des Églises presbytérienne et réformée ; enfin, l'administration congrégationaliste (la Congrégation elle-même y représente la plus haute autorité) des Églises congrégationaliste, baptiste ou autres328(*). Aujourd'hui encore, cette fameuse confession : Jésus-Christ est le chef de l'Église fait partie de l'essence du protestantisme. Christ règne sur son Église dont il est le maître. Entre le lecteur de la Bible et Dieu, il n'y a pas interposition d'une personne, il n'y a plus des autorités religieuses ni d'état ecclésiastique. On a inventé que le Pape, les Évêques, les prêtres, les gens de Monastères seraient appelés état ecclésiastique, les Princes, les seigneurs, les artisans, et les paysans, l'état laïque.329(*) La Bible n'est plus un trésor protégé, réservé, gardé par une Église qui la contrôle, la maîtrise et en dispose dans son enseignement et dans son commentaire. Contre là, on rencontre un grand principe du protestantisme : Le sacerdoce universel qui signifie que les croyants sont tous prêtres par leur baptême (1 P 2, 9)330(*). Le Saint-Esprit organise et dirige le corps du Christ par un certain nombre de ministères ou des services, lesquels sont proprement un don, une grâce de Dieu faite à l'Église. Les quelques listes de ces divers services que donnent les Épîtres et les Actes ne sont pas exhaustives et ne se recouvrent pas exactement, une grande mobilité et une grande diversité des services existent assurément dans l'Église primitive : service de la parole, service des tables (diaconie) et ensuite prophètes, évangélistes, pasteurs et docteurs.331(*) Dans les Actes apparaissent les « anciens » et les administratifs, dans l'épître aux Romains (Rm 12). Il faut reconnaitre que dans son essence, le protestantisme n'épouse pas l'institution ecclésiale. Cette position peut se comprendre quand Gagnebin écrit par ex.: « Il est évidemment difficile de tirer du Nouveau Testament un régime ecclésiastique qui s'impose de manière péremptoire. Aussi, le protestantisme n'a-t-il ni le droit d'exclure, ni celui d'imposer le système épiscopal, ou le système congrégationaliste, ou le système presbytéral-synodal. C'est le domaine où jouent normalement les transitions, où chaque Église peut avoir ses préférences et où l'unité, si elle doit s'étendre à ce domaine, ne pourra se faire que par les compromis de la sagesse, de l'audace et de l'humour »332(*). Thèse 7 La simplicité du culte, la pratique des offices en langues locales et introduction de chant d'hymnes par l'assistance Par comparaison avec la messe catholique ou la divine liturgie orthodoxe, les cultes protestants sont plus simples et insistent davantage sur le prêche. Les protestants à la suite des réformateurs pratiquent des offices en langues locales et l'exécution de chant d'hymnes par l'assistance qui en est une marque déposé protestante depuis les temps de Luther. Certains services (par exemple, le service pentecôtiste) ne possèdent pratiquement pas de structures et sont largement spontanés ; fondés sur la participation de l'assistance, ils privilégient les dons spirituels, comme la glossolalie. Dans toutes les traditions protestantes, le nombre des sacrements a été ramené, des sept existant dans le catholicisme, à deux : le baptême et l'eucharistie. En un sens pour nous résumer sur ce point, nous pouvons dire que loin de vouloir nous répéter, on peut une fois de plus affirmer que l'essence du protestantisme se résume dans les grandes affirmations exclusives de la Réforme qui sont d'ailleurs ses principes fondamentaux.333(*) Dans leur ensemble, les Églises protestantes ont conservé plusieurs des principales doctrines catholiques et orthodoxes, telles que la Trinité, l'expiation et la résurrection du Christ, l'autorité de la Bible et les sacrements du baptême et de l'eucharistie (ou cène). En revanche, certaines doctrines et rites distinguent encore la tradition protestante des deux autres traditions chrétiennes. * 307 E. FOUQUET (Sous dir.), Dictionnaire hachette, Paris, Hachette libre, 1988, p. 662. * 308 J. BAUBÉROT et H. BOST, « Le principe protestant » in P. GISEL (dir.), Encyclopédie du protestantisme, Paris/Genève, Edition du Cerf/Labor et Fides, 1995, p. 1215. * 309 Ibid. * 310 Ibid. * 311 Ibid. * 312 L. GAGNEBIN., p. 26. * 313 Ibid. * 314 J. BAUBÉROT et H. BOST, op. cit., p. 1218. * 315 C. SERFASS et J. ROCHE, Qu'est-ce que le protestantisme, Paris, Berger-Levrault éditeurs, 1930, pp. 99-100. * 316 J. BAUBÉROT et H. Bost, op.cit, p. 1218. * 317 P. GISEL (dir.), op.cit., p. 1217. * 318 Cf. Encyclopédie Encarta., Collection Microsoft ® Encarta ® 2006. (c) 1993-2004 Microsoft Corporation. * 319 P.GISEL (dir), op. cit., p. 1217. * 320 L. GAGNEBIN, op. cit., p. 14. * 321 Ibid. * 322 J. BAUBÉROT et H. BOST., op. cit., p. 18. * 323 L. GAGNEBIN., op. cit., p. 26. * 324 Ibid. * 325 F. DÜRRLEMAN., op. cit., p.194. * 326 Comme l'écrit MUSHILA Nyamankank, déjà en 1520, dans son Von der Freiheit eines Christenmenschen adressé au Pape Léon X, Luther situe verticalement la liberté chrétienne qu'il fonde sur la doctrine de la justice. Par contre, horizontalement, le chrétien est appelé a demeurer esclave. « Le libre arbitre et les élections dans la pensée sociale protestante » in RCTP, n° 18-19, 2005-2006, pp. 79-89. * 327 J. BAUBÉROT et H. BOT, op.cit, p. 21. * 328 Cf. Encyclopédie Encarta., op.cit., Collection Microsoft ® Encarta ® 2006 (c) 1993-2004 Microsoft Corporation. * 329 Ibid. * 330 L. GAGNEBIN, op.cit., p. 27. * 331Ibid. * 332 Ibid., p. 106. * 333 Ces principes sont ceux de : Soli Deo gloria « à Dieu seul la gloire » ; Solus Christus, « le Christ seul » (contre l'autorité de la Tradition, Pères, Conciles, Papes, qui viendrait s'y ajouter) ; sola gratia, « la grâce seule » (contre une théologie où les oeuvres humaines contribueraient à l'obtention du salut) ; Sola fide, « la foi seule » (contre une théologie faisant dépendre la relation à Dieu de l'observance des réglementations ecclésiastiques. Toutes sensibilités confondues, les protestants partagent ces points fondamentaux. |
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