A. LES ORIENTATIONS DE LA RECHERCHE
Il est question dans ce paragraphe de reprécisons, le
positionnement épistémologique épousé par notre
recherche (1.). Cependant, pour une certaine harmonie dans la forme du texte
nous embrayons sur le déroulement de notre travail de terrain en
présentant le type d'échantillonnage adopté par
l'étude (2.).
1. Le positionnement épistémologique de
la recherche
Traiter du positionnement épistémologique de la
recherche c'est stipuler le paradigme épousé par celle- ci. Etant
entendu qu'un paradigme est une manière de penser, de voir le monde et
d'en aborder les phénomènes, il s'agit d'une notion assez
complexe du fait du manque d'uniformité relevé au milieu des
auteurs en la matière. Néanmoins, les chercheurs sont
généralement partagés entre deux (02) principaux courants
: le positivisme et le constructivisme (NGUYEN-DUY et LUCKERHOFF, 2007).
Dans l'esprit positiviste, le chercheur a une idée
claire de ce qu'il cherche, il s'inscrit dans une logique de
vérification. Il regarde les organisations comme des structures
formées de composantes observables et mesurables, ayant des relations
déterminées et prévisibles entre elles (CHARREIRE, et
DURIEUX 2003).
Le constructivisme lui, puise ses origines dans l'approche
phénoménologique, c'est-à-dire, comme le soulignent USINER
et al (1999, cité par MONGOU, 2005) dans l'idée que la
réalité est socialement construite plutôt que
déterminée objectivement. L'objet de la recherche y est donc
davantage défini comme un « territoire à explorer » ou
un phénomène à comprendre progressivement que comme une
question de recherche. De fait, le défi du chercheur est de percevoir un
phénomène selon le point de vue des sujets observés et
d'essayer d'y découvrir des formes communes de compréhension
(AMBOISE, 1996).
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En bref, et de manière triviale, on est devant cette
préoccupation de positionnement au prise d'une opposition qui stipule
que « soit le chercheur sait ce qu'il cherche, soit il cherche
à savoir
quelque chose » (COOMBS 1974, cité par
BRABET 1988).
Notre vision de la recherche se rapproche davantage de celle
de la découverte, soit celle constructiviste. Nous souhaitons en effet,
recueillir auprès des concernés des descriptions, impressions et
explications des événements tels qu'ils les vivent. Puis partir
de ces témoignages, pour dégager des schèmes communs
d'interprétation qui expliqueraient leurs comportements devant l'option
« externalisation » (AMBOISE, 1996). De fait, il siéra d'une
part de procéder d'une démarche discursive de reformulation,
d'explicitation ou de théorisation de
témoignages/d'expériences (analyse qualitative)(PAILLE, 1996 ;
cité par COUTELLE, 2005). Et d'autre part de nous orienter vers la
compréhension- explication- prédiction d'un
phénomène (exploration). Laquelle pourra éventuellement
nous permettre de conclure soit de la constatation de certains faits à
l'existence d'autres faits, soit de la régularité de certains
faits à leur constance (THIERTART et al, 2003).
Ce qui précède implique que nous ne nous sommes
pas orientés vers une explication par évaluation de la pertinence
d'hypothèses issues d'une phase exploratoire (recherche
hypothético- déductive), ou encore par évaluation d'un
modèle ou d'une théorie dans une démarche syllogistique
(recherche déductive) puisqu'ignorant la teneur de ce que nous pourrions
mettre au jour. Nous avons cherché à comprendre plus en
profondeur que ne le permettait la littérature (CHARREIRE, et DURIEUX
2003). Cependant, nous ne cherchons pas non plus à opérer un lien
entre deux champs théoriques qui n'avaient pas été
liés au cours des travaux de recherche antérieurs (exploration
théorique), ni à élaborer des éléments
nouveaux indépendamment des connaissances antérieures
(exploration empirique). Nous nous efforçons plutôt de faire des
aller- retours entre la théorie et les observations au fin de fournir
explications et conjectures47 () (THIERTART et al,
2003).
Par ailleurs, comme le font remarquer THIERTART et al
(2003),en « sciences sociales l'objectif n'est pas réellement
de produire des lois universelles mais plutôt de proposer de nouvelles
conceptualisations théoriques valides, robustes et rigoureusement
élaborées ». Aussi, nous positionnons-nous dans un
raisonnement adductif (BLAUG, 1982).
En définitive, nous procédons d'une combinaison
approche/raisonnement : constructiviste- qualitative- exploratoire (hybride)-
adductif. Un tel positionnement implique à son tour des décisions
méthodologiques dont celles particulièrement importantes (le cas
échéant) relatives aux méthodes de collecte de
données et d'échantillonnage. Nous présentons tout de
suite la méthode d'échantillonnage.
47Exploration hybride de THIETART et al
(2003)
2. L'échantillonnage qualitatif
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Par échantillonnage, AMBOISE (1996) entend l'apport de
précisions quant à la population
étudiée notamment des points de vue du nombre
d'unités d'analyse de la stratégie qui sera adoptée pour
constituer un échantillon.
Maints auteurs s'accordent à dire que les objectifs
d'un échantillonnage se rattachant à une étude adductive
(inductive) ne sont pas relatifs à la taille, ou à la
représentativité (DESLAURIERS, 1991, p.58). Et donc le besoin de
procéder de ces techniques qu'on connait à l'approche
hypothético-déductive par exemple ne se pose pas (AMBOISE,
1996).
Toutefois, en suivant PIRES et al(1997), l'on peut avoir
une conception un peu plus structurée de l'échantillonnage en
recherche qualitative et donner toute sa place à l'informateur.
· Les techniques d'échantiionnage
qualitatif.
Dans le cadre d'échantillonnage par cas multiples,
PIRES et al (1997) distinguent : l'échantillon par contraste,
l'échantillon par contraste- approfondissement, l'échantillon par
contraste-saturation, l'échantillon par homogénéisation et
l'échantillon par quête du cas négatif.
Le type d'échantillonnage qui rejoint notre vision de
la recherche est celui par homogénéisation. En effet,
l'échantillon par homogénéisation renvoie au choix d'un
groupe relativement homogène, c'est-à-dire, « un milieu
organisé par le même ensemble de rapports sociostructurels »
(BERTAUX, 1980 ; cité par PIRES). Il présente la
particularité de permettre la description de la diversité interne
d'un groupe et d'en autoriser la généralisation empirique par
saturation.
Cette technique légitime notre choix en ce sens que
notre étude porte sur un groupe constitué de banques, d'une part
toutes commerciales et ayant un siège social au Cameroun et d'autre part
originaires de trois (03) régions : Afrique du nord - d'Europe, Afrique
de l'ouest et Cameroun.
Cependant, comme le souligne PIRES et al (1997),
l'essentiel de cette étape ne réside pas tant dans le choix des
unités d'analyse mais davantage dans la définition des
informateurs.
· Les critères de choix des
interviewés.
Instruits par des travaux empiriques antérieurs, il est
apparu clair que nous devrions nous adresser à des personnes relevant du
top management (dans la mesure où elles auraient une vue transversale
sur l'ensemble de l'entreprise), notamment un directeur général,
un directeur financier (Baromètre ERNST&YOUNG 2002), un
secrétaire général, un contrôleur de gestion, un
responsable des achats/support (DIOURI, 2006). Nous avons également
recherché tout dirigeant ou cadre cité comme responsable d'une
fonction partiellement externalisée, responsable du pilotage de fonction
externalisée, ou ayant fait partie du comité de projet d'une
externalisation.
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Pour absorber la durée d'attente (et peut être
vaine) que cela aurait pu demander d'obtenir un rendez- vous, nous avons
dès le départ constitué un répertoire de managers
observant à la fois les critères d'informateurs sus- cités
et à même de nous mettre en contact avec soit leurs homologues (de
la concurrence), soit un supérieur hiérarchique (dans le cas
où ils étaient des responsables de fonctions totalement ou
partiellement externalisées). Autrement dit, nous avons comme
procédé par boule de neige (EVRAS et al, 2003 ;
cité par TACHOUOLA, 2006), pour ce qui était du choix des
interviewés.
Ceci dit, nous pouvons aborder la question de la collecte de
données ou mieux encore présenter les instruments utilisés
pendant cette étape.
B. LES INSTRUMENTS DE COLLECTE DE DONNEES
Etapes déterminantes dans l'analyse inductive (CORBIN et
STRAUSS, 1990), il s'agit icide revenir sur les instruments de
recueil auxquels nous avons eu recours (1.) tout particulièrement sur
l'outil central de la recherche qualitative qu'est l'entretien (2.).
· Le recueil des données.
Une recherche qualitative peut s'effectuer à partir de
six (06) outils de recueil de donnés : la documentation,
l'enregistrement des archives, l'entretien, l'observation directe,
l'observation participante, la simulation (AKSISSOU, 2006). Avec RISPAL (2002),
nous nous limitons à trois (03) d'entre eux.
- L'observation (directe et participante) : en
réalité, c'est peut être un abus de citer cet outil, car,
l'expérience que nous avons de l'externalisation ne porte pas sur
quelques les unités incluses dans notre échantillon, mais sur
quelques unités de plus petites tailles ;
- La documentation a l'avantage de présenter une
validité supérieure à celle des discours non
publiés. Ou encore de permettre de valider ou de nuancer les propos des
acteurs (RISPAL, 2002).Nous n'avons pas échappé à la
difficulté d'accès à certains documents. Néanmoins
nous avons eu l'avantage de parcourir des ouvrages assez récents et
d'actualité. Particulièrement en ce qui concernait : les rapports
annuels de nos unités d'analyse, les contrats d'externalisation, les
fiches techniques/fiches d'évaluation, les articles de revues
spécialisées, les articles universitaires etc.
- L'entretien pour une information directe et des
possibilités. La crainte avec cette méthode est souvent celle de
l'indisponibilité des interviewés ou de la qualité de
l'information recueillie. Nous détaillons ci- après le
déroulement de ces moments d'écoute.
-
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· Le cas particulier de l'entretien
On peut parler d'entretien, d'entrevue ou d'interview.
Globalement on distingue deux (02) formes d'entretien :
- - Le focus group qui est une forme
spécifique d'entretien qui s'intéresse aux interactions entre les
acteurs et à la construction groupale d'explications et de
représentations ;
- L'entretien individuel qui consiste en une conversation face
à face, téléphonique, en
messagerie instantanée, etc. bref, en une interview en
temps réel avec un informateur.
Nous n'avons utilisé que ce dernier type d'entretien qui
à son tour possède deux variantes :
- - L'entretien Non-directif, pendant lequel
la conversation est libre et ouverte sur des thèmes
préalablement définis. Le chercheur n'intervient
que pour recentrer et reformuler le discours
de l'acteur ;
- - L'entretien Semi-directif, au cours duquel
l'acteur s'exprime librement, mais sur des questionnements précis, sous
le contrôle du chercheur.
L'entretien semi-directif cette spécificité
d'être la combinaison de quelques thèmes et questions
fondamentales qui charpentent le déroulement de l'entretien et de
questions secondaires dites de relance choisies, posées en fonction de
l'évolution de l'entretien. Il présente ainsi l'avantage de
recueillir des données pas très éparses. Toutefois, elle
requiert un important investissement en temps ainsi que des interviewers
qualifiés (AKSISSOU, 2006).
Le cas échéant, nous avons
procédé à des entretiens semi- directifs individuels face-
à- face. Peut- être sied-il de noter que, dans trois (03) cas, les
deux (02) premiers thèmes -et même le sixième- furent
abordés par téléphone. Puis, la conversation allant, nous
avons été invités à un face- à-face. De
même, dans deux (02) cas les questions n'ont pas été
épuisées pendant le face- à- face et les
interviewés nous ont fourni les données supplémentaires
par mails.
Globalement, les face- à- face se sont
déroulés dans un intervalle de vingt- une (21') minutes à
une heure et trente- trois (1h 33') minutes. Dans trois (03) cas cela s'est
fait au bout de deux (02) rendez- vous, la prise de note se faisant au moyen de
papier- stylo et magnétophone (pour les interviewés qui n'avaient
pas d'objection à ce que la communication soit enregistrée).
En annexe nous consignons « le guide d'entretien »
construit à l'aide de « Sphinx plus2 »,
outils d'analyse de cette étude.
II. LE TRAITEMENT DE DONNEES AVEC SPHINX
PLUS2
Nous avons utilisé comme outil d'aide à
l'analyse « le SPHINX » et plus précisément « le
Sphinx plus2 », logiciel assistant le chercheur
pendant les trois (03) principales phases de son travail de terrain (B.). Il
nous semble nécessaire de commencer par justifier le choix de ce
software (A).
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