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L'externalisation: un mythe ou une stratégie pour les entreprises du Cameroun - l'exemple des banques commerciales

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par Géraldine FOUALEM
Université Catholique d'Afrique Centrale - MBA option Management et Controle de Gestion 2012
  

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CONCLUSION

Somme toute, ce chapitre premier se sera attelé à répondre aux questions « pourquoi externaliser? » et « qu'est-ce que l'externalisation ? ». Il a tour à tour recensé les situations qui ont sous- tendu le choix de IRXWRX(Piff par les top-management d'un bon nombre d'entreprises, justifié la pertinence de la stratégie au moyen des enjeux qu'elle présente, relevé les arguments des théoriciens de la firme sur le sujet, défini le concept même d'externalisation et ressorti la distinction que l'on fait entre cette stratégie et la grande palette de stratégies d'impartition qui lui sont homologues. A présent, nous essayerons de répondre aux questions « comment s'y prendre pour arriver à des résultats satisfaisants? » et nous examinerons quelques illustrations du phénomène.

31

Chapitre II

LA DEMARCHE D'UNE

EXTERNALISATION REUSSIE

« Outsourcing can offer definite Advantages but only if you do it right »39

INTRODUCTION

Les études des tendances de recours à l'externalisation en Europe et en Afrique du nord

affichent des résultats à la limite spectaculaires. Cependant, bien que des théories soient arrivées à légitimer cette stratégie, il apparaît évident qu'il ne suffit pas d'y penser ou d'y recourir automatiquement lorsqu'on est face à certaines situations. La garantie d'un retour d'expérience frappant tient à la réussite de l'implémentation du processus d'externalisation. A cet effet, le plus grand apport littéraire est fort probablement celui de FIMBEL (2002). Ce chercheur a, au terme d'une thèse consacrée à l'identification des facteurs qui ont conduit au succès de quatre-vingt- quatorze (94) externalisations au sein de l'union européenne, proposé une démarche à laquelle plusieurs auteurs se sont greffés en y apportant de plus amples commentaires. Ce dernier fait nous est apparu comme une légitimation de la richesse ou « l'exhaustivité » de l'approche brodée par le spécialiste de l'externalisation, d'oü notre choix de le prendre nous aussi comme point de départ.

Ce chapitre s'attèlera à présenter un modèle (section I), et tout en précisant la notion de succès, il apportera quelques illustrations (Section II) pour étayer cette première partie de notre propos.

39 WARREN, 1996

SECTION I. LA DEMARCHE D'EXTERNALISATION REUSSIE: LE 32

MODELE DE FIMBEL40

Formaliser une démarche qui permette aux entreprises d'arriver à un jugement positif de l'externalisation revient à leur proposer un mode opératoire qui inclut certains éléments essentiels. Organiser une équipe de projet, prendre les engagements managériaux nécessaires, définir leurs besoins, leurs objectifs, les priorités de l'organisation, identifier et choisir l'alternative appropriée, évaluer les risques et bénéfices de cette option, négocier un contrat d'outsourcing, prendre en compte les mécanismes d'administration et contrôle de la relation, du contrat et de la prestation (WARREN, 1996). Pour FIMBEL (2002) cela tient à une démarche en trois (03) phases et dix- sept (17) étapes. Une phase pré- décisionnelle (I), une phase de mise en oeuvre et une phase de fonctionnement- exploitation (II).

I. LA PHASE PRÉ- DÉCISIONNELLE

L'un des arguments avancés par ceux qui considèrent l'externalisation comme une stratégie est le fait que la décision d'outsourcer repose sur un diagnostic stratégique (MANASOVIC, 2010). La phase pré-décisionnelle est probablement la plus importante de trois (03). Elle est celle pendant laquelle on étudie la faisabilité du projet, on émet des objections, etc. (B.). Elle est celle présentée dans l'encadré N°1 du chapitre II (A.)

A. PRESENTATION DE LA PHASE

Dans l'acception de FIMBEL (2002), la phase pré- décisionnelle peut être synthétisée tel que le présente l'encadré N°1 (1.) qui néanmoins doit être assorti des facteurs qui déterminent (2) la phase.

PHASE PRE-DECISIONNELLE ; 6 étapes

MOMENT-CLE n°1

ET.1 : Emergence (subie ou suscitée) des facteurs

initialisant la démarche d'externalisation

5 étapes suivantes :

ET.2 : Explicitation de la volonté d'affronter l'alternative

ET.3 : Etude multidimensionnelle de l'alternative ET.3a- Etude économique

ET.3b- Etude technique

ET.3c- Etude humaine et sociale

ET.3d- Etude organisationnelle

ENCADRE N° 2 : ETAPE DE LA PHASE PREDECISIONNELLE D'UN OUTSOURCING

Source : FIMBEL (2002)

40 Eric FIMBEL est docteur es-sciences de gestion, titulaire de l'H.D.R (Habilitation a Diriger des Recherches), Professeur a Reims Management School, membre du laboratoire de recherche LIPSOR (Laboratoire d'Investigation en Prospective, Stratégie et Organisation) du CNAM, ses travaux de recherches et ses enseignements sont centrés sur les systèmes d'information, la logistique, l'externalisation et les relations inter-entreprises.

 
 

1. Les principales étapes de la phase

33

 
 
 

· Les étapes N°1 et 2

Le moment clé N°1 ou étape N°1 correspond à la survenance ou l'observance de facteurs suggérant l'outsourcing à l'entreprise. Concrètement, il s'agit d'un constat -généralement fait par le responsable d'un département de l'entreprise- qui exprime un besoin que l'on peut traduire en l'un ou plusieurs des motifs décrits dans le second paragraphe de la section deuxième du chapitre précédent. Le domaine concerné peut être une fonction, une sous- fonction ou tout simplement une opération de l'un des départements suivant : Informatique- Télécommunications, Distribution, Logistique- Transport, Services Généraux, Ressources Humaines, Administration- Finances, Production ou Marketing- Communication (Baromètre ERNST & YOUNG, 2002).

L'externalisation à ce moment n'est encore qu'une possible solution. Le top management l'explore en commençant par la mise sur pied d'un premier comité de direction dont la première tâche consistera à justifier l'idée en vérifiant le besoin auquel l'entreprise fait face et les alternatives dont elle dispose.

· L'étape N°3 et ses facteurs de succ~s

Le comité de direction est ensuite chargé de planifier, contrôler les investigations relatives à la faisabilité du projet. Il suit pas-à-pas, non seulement les études économiques et financières, techniques, sociales et organisationnelles, mais aussi politiques, juridiques entre autres.

2. Les facteurs de succès

Le succès de ces étapes tient essentiellement à deux choses :

· La composition du comité de direction des études.

Le comité de direction doit inclure des membres du comité exécutif de l'entreprise, les responsables de division touchés par une éventuelle opération d'outsourcing, des experts en externalisation indépendants (WARREN, 1996).

· La maitrise de l'environnement de l'entreprise par le comité de direction

La maitrise de l'environnement global et du secteur d'activité de l'entreprise et la compréhension du domaine en cause sont deux (02) compétences clés dont doivent disposer les acteurs de ces études.

B. QUELQUES DETAILS SUR LES ETUDES

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Si le comité de direction peut présenter ses résultats dans une matrice SWOT41, il est en

revanche difficile de concevoir une matrice globale car, on ne peut statuer sur les atouts ou faiblesses des entreprises de manière générale. Ce qui est atout pour un dirigeant devient facilement frein pour un autre. A titre d'illustration, un atout dont peut disposer une entreprise est d'avoir parmi ses ressources Critiques un personnel compétent qu'elle pourrait affecter à la gestion des interfaces entre l'entreprise et le prestataire ou encore à la gestion du changement. Pour l'entreprise qui ne peut miser sur une telle ressource «l'atout» devient faiblesses. Nous nous sommes de fait, limités à quelques obstructions (en termes de risques et de freins) couramment faites à la décision d'externaliser à cette étape du processus.

1. Les tisques

· Les risques financiers

En matière d'outsourcing les risques financiers s'analysent à partir des causes d'un échec ayant impliquant des pertes financières ou des couts d'opportunité. Deux (02) principales causes sont alors souvent citées : la pérennité économique du prestataire et la compétence du prestataire.

Pour illustrer lien entre la pérennité économique et l'outsourcing QUELIN et BARTHELEMY(2001)remarque que : « certains marchés connaissent des vagues de nouveaux entrants attirés par une forte croissance ne peuvent apporter les gages ni de l'ancienneté, ni de l'expérience accumulée ».Autrement dit, il arrive qu'on observe un afflux de prestataires de domaines externalisables sans que cela ne constitue une opportunité car la capacité du prestataire à suivre l'évolution économique de l'entreprise est un critère déterminant. Une offre qui ne peut pas s'adapter à l'extension de l'entreprise induira à moyen ou à long terme des couts de résiliation. Or un problème majeur pendant la phase d'étude tient à la possibilité d'avoir toute l'information nécessaire et fiable pour mener une analyse poussé de la solidité financière du prestataire.

Concernant la compétence du prestataire, elle constitue un problème dans un contexte tel que le Cameroun où quatre-vingt et un pour cent (81%) des entreprises ont moins de dix (10) ans d'fige (RGE- INS, 2009) et donc ne disposent pas d'une certaine expérience.

· Les risques de concentration et de contrepartie

Le risque de concentration découle du fait que le nombre des prestataires extérieurs est parfois limité et que le marché est relativement concentré. Cette situation est courante dans le

41Strengt, Weakness, Opportunities, Threatness

35

secteur bancaire notamment s'agissant du transport de fonds ou du traitement des chèques (BOURDEAUX, 2008).

La difficulté -voir l'impossibilité- de trouver dans l'environnement des prestataires compétents à moindre coûts est le moindre des maux, car dans un tel contexte, on est exposé à une forte probabilité de voir le risque de contrepartie se réaliser, c'est-à-dire, de devoir in fine être victime de la défaillance du prestataire. Cette limite du prestataire peut se traduire par : l'inefficacité des résultats produits par l'entreprise- prestataire, l'atteinte aux conditions de confidentialité et sécurité des informations de l'entreprise (AKSISSOU, 2006).

· Le risque technologique

Le risque technologique recouvre l'incertitude à propos de la capacité du prestataire à faire les bons choix technologiques pour offrir le meilleur service, à meilleur coût.

Pour l'informatique, les télécommunications, la logistique et la R&D, le risque technologique également apparaît important dans la mesure où plus le temps s'écoule, et moins il est facilement observable par le client. A terme, l'un des dangers est de se voir imposer une solution propriétaire dont on ne peut facilement se défaire (QUELIN et BARTHELEMY, 2001).

· Le risque de dépendance vis-à-vis du prestataire

TONDEUR et HUYNH (2011) sous- divisent le risque de dépendance en quatre (04) niveaux :

- Le risque de perte de savoir-faire. Il est inhérent au fait que l'entreprise externalisatrice se

défait de ses ressources soit en les transférant soit en les cédant. Elle peut alors perdre sa

capacité à innover, à se métamorphoser (QUELIN et BARTHELEMY, 2001) ;

- Le risque de Perte de contrôle, perte de maîtrise. L'on est en présence de la réalisation du

risque de perte de contrôle lorsque l'entreprise n'est plus à méme d'évaluer la qualité de la

prestation qui lui est servie, mais elle peut encore changer de prestataire ;

- Le risque de dépendance. On a ici passé le risque de perte de contrôle et atteint un stade ou l'externalisation n'est pas transférable ;

- Le risque de hold- up. On parle de hold- up lorsque l'entreprise est dorénavant si dépendante du prestataire qu'elle ne peut faire autrement que comme celui- ci le lui demande.

· Les risques de mouvements sociaux

Les risques de mouvements sociaux sont liés soient aux changements organisationnels subséquents à l'externalisation (démotivation suite à une redéfinition des postes et des fonctions, des tâches, des méthodes de travail ...), soit aux conséquences sociales immédiates de

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l'externalisation (transfert de ressources, licenciements, reclassements parmi ceux qui sont transférés chez le prestataire) (VERA42, 2002).

Pour les surmonter, on recourt généralement dans le premier cas, à des techniques de gestion de changements organisationnels procédant de la communication, la formation des employées... Et dans le second à l'inclusion dans le processus de choix du prestataire de critères relatif aux conditions de travail du prestataire ou à des réflexions quant aux indemnités de licenciements (le GOUVERNEUR, 2002).

2. Les freins

? Les freins psychologiques

Les freins psychologiques font référence soit au manque de volonté ou de maturité intellectuelle des dirigeants d'entreprise, soit à un manque de confiance prononcée aux prestataires à maints égards (compétence, aptitude à garder le « secret professionnel) (AKSISSOU, 2006).

? Le degré de proximité de la fonction avec le coeur de métier

Il s'agit là d'une limite qui ne tient que pour les novices dans l'externalisation. Ceux qui ont une dizaine d'années d'expérience en la matière en effet se livrent de plus en plus à l'outsourcing de domaines relevant du coeur de métier (CHANSON, 2007).

S Le niveau de fiabilité de l'environnement juridique

L'environnement juridique doit être fait d'acteurs capables de statuer en toute impartialité en cas de conflit entre les contractants. De méme le contexte de l'entreprise doit être nanti d'une de la législation du travail souple en matière de mouvement de personnel et qui statue avec précision sur les questions d'échange d'employé.

Si au terme de ces études le premier comité de direction du projet arrive à des constats satisfaisants ou surmontables, il passe le relais à l'organe décisionnel.

II. L'AVENTURE DE L'EXTERNALISATION PROPREMENT DITE

Par aventure de l'externalisation, nous entendons le moment ou le déploiement de la stratégie comme à être effectif au sein de l'entreprise. Elle va donc de la mise en oeuvre de l'outsourcing (A.) à son exploitation (B.).

42 Directeur fondateur de BIPORIS, entreprise intervenant BIPORIS dans la mise en place de Centres de Services Partagés (CSP), de contrats d'externalisation.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard