§ 8. La visite des églises entières et
médianes.
Sous le poids de leurs fonctions, les archidiacres ont peu
à peu concédé aux doyens le droit de visiter, à
leur place, les églises entières et médianes, bien que,
selon J. Paquay, les archidiacres se réservent, en
général, la première visite après leur
nomination.192
L'examen des paroisses s'opère selon un questionnaire
établi. L'archidiacre ou le doyen, son délégué,
commence par définir le type d'église qui fait l'objet de son
enquête.
Il doit savoir s'il s'agit d'une église mère ou
filiale, d'une entière, d'une médiane ou d'une quarte-chapelle et
si elle est incorporée à un autre établissement
(hôpital, château ou couvent). Il s'informe aussi sur le saint
patron de l'église et sur le collateur de celle-ci. Il s'enquiert
ensuite de l'étendue de la paroisse, de ses limites, de ses
dépendances ainsi que du nombre de fidèles. Le troisième
point est généralement consacré aux dîmes et aux
obligations des décimateurs. Il interroge ensuite le titulaire du
bénéfice sur ses absences, ses revenus, les
caractéristiques de son bénéfice, la fabrique
d'église, le marguillier, l'état du cimetière, de
l'église, des cloches, des reliques et de l'ensemble des objets
liturgiques. Il termine l'examen de la paroisse en glanant quelques
informations sur la mense des pauvres, le catéchisme et la
qualité de l'enseignement.193
Quand une église n'est pas desservie par son titulaire,
le doyen doit en informer l'évêque ou son official afin que
celui-ci mène une enquête et sanctionne, éventuelle- ment,
le prêtre absent.194
192. PAQUAY, J., Ibid., p. 67.
193. PAQUAY, J., Ibid., pp. 48-69.
194. AVRIL, J., Ibid., p. 162.
§ 9. La surveillance du clergé.
De nombreux surnoms caricaturent le travail des doyens ruraux.
Les expressions oculus episcopi et speculator episcopi, utilisées aussi
bien à Augsbourg qu'à Tournai, en sont les fleurons.195 Elles
réduisent l'ensemble des fonctions décanales à la seule
mission de surveillance des prêtres.
Dans le diocèse de Liège, tous les titulaires
d'une paroisse doivent faire parvenir annuellement au doyen, entre la
Saint-Jean et la Sainte-Madeleine, la liste des bénéfices de leur
entité, avec, notamment, les charges, les revenus, les noms des
bénéficiers, leurs absences, leur lieu de résidence et les
gens qui ont encouru une peine d'excommuni- cation.196 Un rapport doit
être rédigé aussi, par exemple, à l'encontre des
prêtres qui ne se confessent pas au moins une fois par an.197 Les statuts
du «Gouden concilium» stipulent même que le doyen se doit
d'espionner les prêtres et de les corriger lorsqu'ils commettent des
exactions. Si ceux-ci refusent de se soumettre à ses réprimandes,
il doit les poursuivre en justice. Des sanctions seront prises à leur
encontre aussi longtemps qu'ils resteront insoumis.198
D'autres surnoms, plus élogieux, ont été
attribués aux doyens, comme, par exemple, principes pastorum, pour
souligner leur autorité sur les confratres.199
Les doyens ne peuvent admettre l'arrivée de
prêtres étrangers qu'après avoir examiné la lettre
de recommandation de l'archidiacre qui les a autorisés à
partir.200
195. MALBRENNE, N.J.A., Des doyens et de leurs fonctions, dans
R.C., t. 3, Louvain, 1863, p. 25, notes 1 et 2.
196. Registrum I, f° 78. Registrum II,
f° 48. CEYSSENS, J., Ibid., p. 211.
197. AVRIL, J., Ibid., p. 109.
198. MUNSTERS, A., Ibid., p. 67.
199. MUNSTERS, A., Ibid., p. 67.
200. AVRIL, J., Ibid., pp. 121, 141 et 162.
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