§4. Originalité du cas liégeois.
Chaque diocèse possède une organisation propre.
Celui qui réunit nos régions se distingue par l'étendue de
son territoire. Dans les campagnes profondes de la Campine, de Hesbaye, du
Condroz, de Marlagne, de Famenne et des Ardennes, le doyen rural tient, seul,
les rênes de l'administration. Certains conciles occupent une position
très éloignée par rapport à la cité. Les
doyens y sont les uniques représentants d'un évêque
lointain, vu que les archidiacres résident, eux aussi, à
Liège.
Les archidiacres, arrivés plus tardivement au
faîte de leur puissance, n'ont pas réussi à
médiatiser totalement les doyens ruraux. Contrairement à
l'Angleterre, où les deux institutions sont apparues
simultanément et où les archidiacres entrent en lutte contre les
évêques, réduisant ainsi les doyens à un rôle
mineur, les querelles, dans le diocèse de Liège, se situent
plutôt au niveau des doyens et des archidiacres. L'évêque,
en gérant ces disputes, notamment par le biais des statuts synodaux,
tire parti de la situation pour
52. DIERKENS, A., Premières Structures religieuses :
paroisses et chapitres jusqu'au XIIe siècle, dans Namur, le site et les
hommes, de l'époque romaine au XVIIIe siècle, Bruxelles, 1988,
pp. 33-61. DEBLON, A., Ibid., p. 712.
53. DEBLON, A., Ibid., pp. 715-716.
54. NEMERY DE BELLEVAUX, E., l'Ancien Doyenné de
Rochefort, des origines à 1559, dans A.S.A.N., t. 62, Namur, 1982, p.
74. VAN REY, M., Ibid., pp. 766-767. DEBLON, A., Ibid., p. 713.
55. LE BRAS, G., Institutions ecclésiastiques de la
chrétienté médiévale, dans Histoire de l'Eglise des
origines à nos jours, fondée par Fliche, A. et MARTIN, V. et
dirigée par DUROSELLE, J.-B. et JARRY, E., t. 12, 1e partie, Paris,
1959, p. 20.
conforter son autorité que personne, mis à part
le chapitre cathédral, n'ose contester. Certes, les archidiacres et
quelques doyens sont issus de cette institution, mais, à ce moment, ils
se dressent face à l'évêque en tant que chanoines de
Saint-Lambert et non en tant qu'archidiacres ou que doyens. La
caractéristique essentielle du décanat rural liégeois, qui
le distingue de tous les autres, réside dans le caractère
électif de la charge, dont nous reparlerons dans le chapitre suivant.
|