Conclusion
générale
Au terme de ce mémoire, nous avons essayé de
mettre en évidence l'impact de la réglementation prudentielle
internationale sur les stratégies bancaires, tout en étudiant les
répercussions qui en résultent.
Les études théoriques et internationales nous
semblent avoir épousé la logique qui stipule l'existence d'un
impact entre la réglementation prudentielle et la stratégie de la
banque. Cependant, chaque voie de recherche s'est trouvée
caractérisée par des réflexions bien
déterminées qui lui sont spécifiques.
Cet impact caractérisant la réglementation et la
stratégie s'est exprimé par plusieurs façons. Certains
auteurs mentionnent l'influence très importante de la
réglementation sur les orientations stratégique, d'autres
laissent croire que ce n'est que secondairement la réglementation
conditionne la stratégie et dicte son choix. Alors que d'autres auteurs
ont mis l'accent sur le développement de certaines formes d'interaction
entre ces deux variables.
Dans cette alternative, l'ambition de cette recherche
était de déterminer l'impact de la réglementation
prudentielle internationale sur la stratégie bancaire, et de tenter de
préciser les conséquences qui en résultent.
A présent, et après avoir procédé
à différentes investigations, nous avons pu constaté
qu'empiriquement, trois périodes se sont révélées
utiles pour notre analyse. L'hypothèse de notre modèle qui
stipule le fait que la réglementation prudentielle dicte et oriente le
choix stratégique de la banque a été validée
surtout dans la période d'après 1992. Une validation de la
deuxième hypothèse a été observée au cours
de la période d'entre 1986 et 1992, elle mentionne que les normes de
précaution participe partiellement à l'élaboration de la
stratégie. La troisième hypothèse, les normes de prudence
n'ont aucun effet sur l'orientation stratégique, est à son tour
vérifiée pour la période d'avant 1986 vu leur
caractère réduit pour ces années.
Des points de ressemblances et des points de divergences ont
été constatés par rapport à l'étude
théorique et à la pratique internationale. Cette divergence
revient essentiellement, aux spécificités des systèmes
bancaires, et des économies nationales, qui traduisent par suite
l'hétérogénéité des comportements bancaires
des agents économiques.
Cette comparaison a été faite, aussi bien sur
les variables de notre modèle que sur les scénarios
observés traduisant la nature de l'impact.
Le présent tableau illustre, une étude
comparative portant sur nos principaux axes de recherche.
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Les éléments communs
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Les éléments
spécifiques
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Genèse de la réglementation
prudentielle (RP)
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§ Mêmes motifs
réglementaires.
§ La nécessité de promouvoir la
solidité financière
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§ Nature des systèmes bancaires
nationales.
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Les causes d'évolution de la
RP
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§ Libéralisation
financière.
§ Internationalisation des
marchés.
§ Insuffisance et lacunes constatées au
niveau des règles existantes
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§ Les crises et défaillances des
banques.
§ L'implantation des dispositifs
internationaux.
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Les étapes d'évolution de la
réglementation
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§ Les changements remarquables sont tous
constatés dans les années 90.
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§ Vitesse d'évolution varie d'un pays
à un autre.
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Les principales normes
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§ Convergence des ratios de solvabilité
vers le ratio Cooke
§ Importance accorde à
l'adéquation des fonds propres.
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§ La manière de l'application du ratio de
solvabilité : la Tunisie a en premier lieu fixé le taux
minimum à 5 % par exemple.
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Spécificités
stratégiques
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§ Développement des initiatives du
banquier et de la restructuration en fonction de la RP
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§ Les champs laissés à ces deux
éléments diffèrent d'un secteur bancaire à un
autre.
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Causes d'évolution de la
stratégie
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§ L'importance du poids de la RP et les
initiatives du banquier stratège.
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§ Pas de spécificité
remarquable.
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Résultats d'évolution de la
stratégie
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§ Développement de nouvelles
stratégies : banque universelle.
§ Multiplication de la
diversification.
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§ Multiplication des fusions et acquisitions
surtout dans les pays développés.
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- Comparaison : théorie / pratique
internationale / cas tunisien -
Cette étude des différentes
variables du modèle, nous a permis de constater plusieurs
scénarios portant sur l'impact de la réglementation prudentielle
sur la stratégie. Une comparaison de ces scénarios mérite
d'être présentée.
Impact
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Théorie
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Pratique internationale
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Cas tunisien
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Bâle 1(2) impose la
diversification
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+
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+
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+
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Bâle 1(2) oriente vers la
spécialisation
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+
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+
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-
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Bâle 1(2) oriente vers
l'internationalisation
|
+
|
+
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-
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Bâle 1(2) oriente vers les fusions et
acquisitions
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+
|
+
|
-
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+ : vérifié dans ce
contexte.
- : moins vérifié ou même
non vérifié.
En terme de scénarios, une ressemblance
s'est observée entre les études théorique, internationale
et empirique. Cette ressemblance s'illustre dans le fait que l'imposition par
les normes internationales de la diversification est vérifiée
dans les trois contextes.
Des divergences se sont aussi observées sur
quelques scénarios qui portent sur l'impact de ces règles sur les
trois autres stratégies. En fait, la spécialisation,
l'internationalisation et les fusions et acquisitions favorisées par les
normes étudiées sont moins observées dans le contexte
tunisien caractérisé par l'orientation vers le modèle de
la banque universelle (diversification : tout faire).
Quelle que soit la nature des scénarios
présentés, nous sommes arriver à montrer l'existence d'un
impact de la réglementation prudentielle internationale sur la
stratégie de la banque.
En effet, quelque soit Bâle I ou Bâle
II, la réglementation prudentielle internationale oriente les choix
stratégiques des banques en imposant la diversification et favorisant
les autres types de stratégies.
Aussi utile qu'elle puisse être à
certains égards, cette étude de l'impact de la
réglementation prudentielle sur les stratégies bancaires ne
saurait suffire à terme. Sans doute, une analyse plus fine et
basée sur la prise en compte d'un autre axe de réflexion
permettrait de mieux apprécier la pertinence des évolutions
possibles ou probables de cet impact.
En effet, la tendance vers un nouvel accord de
Bâle ou Bâle III et le mouvement croissant des fusions bancaires
auquel nous assistons ces derniers temps et la tendance vers le
développement de la banque universelle pourrait constituer un
élément intéressant pour une nouvelle voie de recherche
permettant ainsi la continuité de notre étude.
Le souci d'accroissement de la taille pour les
banques et l'évolution future de la réglementation prudentielle
internationale vers une reforme possible de l'accord de Bâle II peuvent
se confronter surtout si nous constatons le manque de réglementation
prudentielle pour les géants bancaires qui résultent des fusions.
Il se révèle intéressant
donc, d'étudier l'impact qui peut en résulter de Bâle III
(lorsqu'il est formulé bien sûr) sur les stratégies de
fusions et acquisitions.
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