b) Les réformes économiques de 1965
A partir du milieu des années 1950, des débats
commencèrent à émerger sur le manque d?efficacité
des entreprises. Ces débats conduiront à des réformes dont
une réforme de lentreprise en 1965. Plusieurs
économistes proposaient une plus grande décentralisation des
décisions pour les entreprises, une augmentation de la stimulation de la
production en rapport avec le profit et avec les stimulants matériels.
Parmi ces économistes l?on trouve par exemple, Liberman, Trapeznikov et
Nemtchinov.
La direction autoritaire pour encadrer le plan
économique enserrerait les intérêts généraux
du développement économique. Peu à peu va s?imposer en
URSS une conception nouvelle. Si les contraintes sur les entreprises sont
allégées et si celles-ci sont intéressées par un
jeu convenable de stimulants matériels, à choisir
spontanément dans le cadre du plan les
40 Idem
combinaisons de production les plus efficaces,
l?intérêt des entreprises coïncidera lui-même avec
celui de la collectivité41.
Les propositions de Liberman peuvent se résumer comme
suit. Il faut inciter les entreprises à exécuter le plus
correctement le plan sans contrôle inutile et laisser les entreprises
libres du choix des moyens en ne lui imposant que deux indices
impératifs, la valeur de la production vendue par type principaux de
fabrication (en remplaçant la production brute) et le rapport du profit
aux fonds productifs (indice de rentabilité). La réforme de
l?entreprise sera adoptée à la suite d?une décision prise
par le plénum du Comité Central du PCUS42 le 29
septembre 1965 et sera introduite progressivement à partir de 1966. Les
indices obligatoires (impératifs) seront réduits laissant plus
d?autonomie aux entreprises mais ils resteront supérieurs à ceux
proposés par Liberman.
Le moteur d?activité de l?entreprise devient le profit,
par l?indice de rentabilité. L?esprit de l?entreprise tend à ce
que tous les travailleurs d?une entreprise soient collectivement et
solidairement intéressés à améliorer la performance
de leur unité, car les résultats obtenus retentiront directement
sur leurs gains personnels, par le jeu des primes qui représenteront une
proportion appréciable de leur rémunération. Celles-ci
représentaient 10% en moyenne de leur rémunération selon
les estimations faites avant le lancement de la réforme43.
Cette réforme verra l?application de trois fonds de
stimulation : Un fonds de stimulation matériel pour octroyer des primes
aux travailleurs. Un fonds pour l?amélioration socio culturelle et de
construction de logement et un fonds de développement de la production.
Les résultats de la réforme furent médiocres. Il en est
ressorti que le fonds de stimulation matériel avait peu d?attrait. Le
manque d?offre de biens de consommation ne permettait pas une dépense
effective du revenu. Tout de même en 1975, les primes des ouvriers
représentaient 15,6 % de leurs salaires dont un tiers provenaient du
fonds de stimulation matériel avec des disparités allant de 8
à 35% selon les branches44.
41 LAVIGNE, Marie, Les économies
socialistes soviétiques et européennes, Armand Colin, Paris,
1979. Adam Smith aurait il influencer ces économistes ?
42 Parti Communiste de l?Union Soviétique
43 M. Lavigne, Les économies socialistes
soviétiques et européennes, Op.cit.
44 Idem
Comme le remarquait Marie Lavigne, la stimulation suppose un
niveau de vie amélioré et un accroissement sensible de la
production de biens de consommation. Aussi, aucun mécanisme de
stimulation ne peut fonctionner valablement si les travailleurs n?ont pas la
maîtrise effective du processus de production et de
répartition.
Marie Lavigne distingue deux types de schémas
entièrement différents de la direction des unités
économiques :
- Schéma autoritaire : toutes formes de stimulation
matérielle de l?entreprise en tant que collectif est exclues (seul est
pris en considération l?intérêt individuel des travailleurs
par le jeu des salaires et primes). L?unité économique est un
instrument de l?administration, elle doit obéir à des ordres
transmis par un système hiérarchisé dont elle est le
maillon inférieur. Les fautes des dirigeants de l?entreprise sont punies
par des sanctions personnelles, disciplinaires ; les succès sont
récompensés par des primes individuelles. Les échecs de
gestion sont sanctionnés non par la faillite de l?entreprise mais par la
réorganisation sous les ordres d?un autre directeur.
- Schéma combinant direction centralisée et
autonomie de gestion : Dans l?intérêt méme d?une bonne
exécution du plan, on doit laisser aux unités économiques
plus d?autonomie dans leur gestion. Autonomie et intéressement collectif
vont de pair : si l?entreprise est plus libre, il faut qu?elle ait un but
tangible pour l?ensemble de ses travailleurs et que la réalisation de ce
but coïncide avec la meilleure exécution du plan. Cet objectif sera
la maximisation du profit de l?entreprise. Le profit est ainsi appelé
à jouer un rôle de première importance dans la gestion
économique socialiste.
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