2) Echec de la Zafra de 1970 et première «
rectification des erreurs »
a) Remise en cause de la politique appliquée depuis
l'offensive révolutionnaire
L?échec de la zafra de 1970 dont nous venons de parler,
a été le révélateur des dysfonctionnements de
l?économie cubaine et a entraîné la remise en cause des
positions prises depuis 1966 (l?offensive révolutionnaire), en ce qui
concerne la planification en général et la politique de
stimulation à l?égard des travailleurs, et donc du système
de direction économique. Jusqu?en 1975, un travail de réflexion
intense va se mettre en place afin de rendre l?économie plus
efficiente.
Dès 1971, le principe émit par Marx dans le
programme de Gotha « à chacun selon ses capacités, à
chacun selon son travail », principe correspondant à la phase
inférieur du communisme, le socialisme, est réaffirmé
comme principe de base de la rémunération du travail. Il
s?ensuit, et cela dès 1970, une reprise de l?application de normes de
travail et d?une organisation du travail mieux contrôlée dans tous
le pays. En 1972, 3 000 unités économiques étaient
normées, en 1973, 53 000 et en 1975, 69 09186. Les normes de
travail ont pour but, bien sûr, de régler le niveau de salaire des
travailleurs au niveau de la production atteint et à l?augmentation de
la productivité. En 1975, 48% des travailleurs travaillaient en accord
avec des normes de production et 20% avaient leurs salaires liés
à l?accomplissement et au dépassement de ces normes.
Des biens de consommations durables pouvaient être
accordés par les centres de travail (work centers) comme des
biens électroménagers, des biens électroniques ainsi que
des matériaux de construction pour la maison. Ces récompenses
attribuées par un comité élu par les travailleurs par
l?intermédiaire de la CTC étaient basées sur le
mérite (accomplissement ou dépassement du plan, bonne attitude et
discipline au travail...) ainsi que sur les nécessités (taille de
la famille et conditions d?habitation).
Dans le même temps, un nouveau système de
registre économique est mis en place qui réimplante le calcul des
dépenses des unités économiques en termes de valeur. La
86 RODRIGUEZ, José Luis, Estrategia del
desarrollo económico en Cuba, Op.cit.
participation des travailleurs est également remise
à l?ordre du jour à travers une réorganisation des
processus de décisions (conseils techniques dans les entreprises) tout
comme le développement de l?émulation socialiste dans la gestion
économique du pays, à partir des accords adoptés par le
XIII congrès de la GTG de 1973. Le but affiché était ici
de lutter contre la bureaucratie et l?inefficience à travers une plus
grande participation populaire.
Les autorités cubaines se sont donc rendu compte (tout
du moins dans le discours) qu?une étape de transition afin de construire
le socialisme puis le communisme était plus que nécessaire, et
que les mesures de l?offensive révolutionnaire n?étaient pas
adéquates pour un développement soutenu de forces productives.
Egalement, la volonté d?une plus grande participation populaire aux
décisions économiques et organisationnelles et la lutte contre la
bureaucratie allaient de pair avec le développement de la conscience des
masses, et que ceci était important pour l?internationalisation des
objectifs productifs de la part du travailleur individuel afin de
développer le socialisme et donc le bien-être collectif de la
population.
|